Les trois premiers ministres Floyd Roland (TNO), Dennis Fentie (Yukon) et Paul Okalik (Nunavut) se sont alignés sur le gouvernement conservateur de Harper par leur rejet en bloc de la taxe sur les émissions de CO2 proposée par le Parti libéral du Canada. « Nous rejetons à l’unanimité la taxe sur le carbone », a martelé M. Fentie au cours d’une conférence de presse conjointe des trois hommes d’État, samedi dernier. Cette situation surprend peu le représentant de la Western Arctic Liberal Association, Dave Monroe : « Il y a sans aucun doute un biais pro-conservateur : le premier ministre du Nunavut se présentera peut-être pour eux aux prochaines élections, Roland est pas mal à droite et le premier ministre du Yukon est un conservateur », a lâché M. Munroe.
La réunion du triumvirat a en outre été l’occasion d’échanger et de préparer une stratégie pour le Nord à propos d’enjeux tels la diminution de la dépendance aux combustibles fossiles et la mise en place d’investissements stratégiques. Les trois parties on souligné le rôle important que devront jouer les énergies renouvelables pour réduire la pollution causée par les combustibles.
Alors que le Yukon a investi 15 millions de dollars dans des projets hydroélectriques cette année seulement et que le Nunavut a « investi des millions dans des études », a soutenu M. Okalik, les plus populeux Territoires du Nord-Ouest ont limité leurs investissements à deux millions dans le budget adopté il y a deux semaines. C’est une diminution des fonds accordés à l’Agence de gestion de l’énergie, dont le budget de fonctionnement a subi une diminution de 11,9% par rapport à 2007-2008.
Le fédéral bouc émissaire
Le coût de la vie qui fracasse des records représente une préoccupation centrale pour les trois gouvernements territoriaux. Selon ceux-ci, il est grand temps que le fédéral cesse de percevoir des taxes aux TNO pour les produits pétroliers destinés au chauffage des chaumières. Pour l’instant, les citoyens du Nord profitent tous de subventions territoriales pour maintenir les produits pétroliers à un prix acceptable.
La crise du logement a aussi figuré parmi les sujets abordés, mais les trois territoires n’ont pas proposé d’initiative commune et ont opté pour une stratégie de lobbyisme auprès du fédéral pour qu’il poursuive ses subventions au-delà de 2038, date à laquelle prendrait fin sa contribution au parc de logements sociaux.
Les premiers ministres ont reconnu que leurs relations avec Ottawa seraient meilleures que pendant le règne libéral. Dennis Fentie, du Yukon, n’avait rien à redire aux politiques de ce gouvernement qui a « reconnu l’importance du Nord du Canada ». Floyd Roland, des TNO, a de son côté soulevé des inquiétudes eu égard aux programmes fédéraux qui se termineront d’ici peu, mais a reconnu qu’il y avait eu de plutôt bonnes discussions avec le gouvernement national. Seul le premier ministre du Nunavut a noté au passage le manque de direction des conservateurs dans le dossier des pêches et plus particulièrement de la souveraineté canadienne en ce qui a trait à ses eaux territoriales, peu encadrée dans la région au nord du Nunavut.