Noeline Villebrun fait campagne dans sa cuisine. Elle est reliée au reste du monde avec un ordinateur, un modem et une ligne de téléphone. Elle estime qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un bureau qui a pignon sur rue pour livrer son message. « Beaucoup de gens viennent me voir chez moi, je trouve cela positif qu’ils puissent voir comment je vis. Qu’y a-t-il de plus accueillant qu’une maison? » De plus, elle explique que la majeure partie de ses membres vivent en dessous du seuil de la pauvreté, elle ne veut pas demander de l’argent qui serait nécessaire pour acheter de la nourriture ou pour s’assurer un refuge. Alors, il n’est pas important pour son parti d’avoir les plus belles pancartes et les plus beaux pamphlets, mais plutôt de sensibiliser les gens et de bâtir une plateforme électorale pour les éduquer.
« Lorsque j’ai décidé de participer à cette élection au nom du First Peoples National Party of Canada (FPNC), j’ai aimé le concept des enseignements. Notre vision se base sur les sept enseignements d’intégrité, d’honnêteté, d’honneur, de sagesse, etc. Ce sont ces valeurs que nous nous efforçons de transmettre à nos familles. Ce sont elles qui nous permettent de vivre une bonne vie remplie de bons choix. » Mme Villebrun est persuadée qu’avec elle, les enjeux des individus ne seront pas perdus dans le jeu des partis et réfère au cas où le dernier député libéral aurait voté contre le mandat du peuple pour suivre son parti.
Sur la question du développement, Noeline Villebrun rétorque qu’elle n’est pas contre un Nord plus développé. « Si les gens comprennent et sont informés en plus d’être consultés, je pense que le développement peut prendre place. Nous pourrions nous développer et avancer respectueusement sur les enjeux qui concernent tous les résidents du Nord. Les Dénés n’ont jamais été contre le développement, mais ils voulaient s’assurer que le développement n’endommagerait pas la terre ni le peuple, mais apporterait plutôt un bénéfice. Dans le passé, des projets majeurs de développement ont laissé des cicatrices au Nord. Nous pouvons apprendre des erreurs passées et aider les collectivités à aller de l’avant respectueusement et valablement avec des compagnies qui honoreront les valeurs, les traditions et les intentions et les enseignements spirituels du peuple », dit-elle.
Mme Villebrun a travaillé sur la Loi sur les droits de la personne des TNO et s’est battue pour obtenir de meilleures conditions d’emploi pour les Autochtones alors qu’elle était chef de la Nation dénée. « Dans le passé, les gens ont dit que j’étais une combattante, une pionnière et une non-conformiste. Je prends cela comme un honneur maintenant », opine-t-elle. Elle ressent de la fierté alors que plusieurs personnes autochtones ou non lui demandent conseils lorsqu’ils ont des problèmes reliés à leur travail.
Pour illustrer le fait que l’on est aussi bon que l’information qui nous est présentée, elle prend pour exemple le fait qu’à travers le Canada on lui ait dit que la façon dont elle présentait l‘information rendait les choses plus faciles à comprendre et pouvait éclairer puis changer l’avis des gens sur certains sujets. « C’est ce qui nous manque beaucoup dans nos vies ici dans la région du Denendeh. Pour différentes raisons dans le passé, nous n’avons pas été connectés avec le reste du monde. Maintenant avec la technologie nous pouvons nous renseigner sur comment nous nous plaçons dans le monde d’aujourd’hui. Noeline Villebrun croit qu’il faut se tenir debout pour ces idées, et pense que si elle le fait pour améliorer le sort des gens, elle fait la bonne chose. Candidate pour la première fois dans une élection fédérale, Mme Villebrun ne perçoit pas l’arrivée de nouveaux élus comme une raison pour laisser tomber les enjeux qui sont chers aux citoyens. « Les besoins des gens ne devraient pas être basés sur les partis politiques. Une seule voix et nécessaire pour élever l’esprit de plusieurs. Je veux être cette voix, car je n’ai pas besoin de cinquante élus derrière moi au Parlement pour faire passer les besoins du peuple à l’avant-scène», termine-t-elle.
