À la fin de la troisième session de la 16e Assemblée législative, qui se poursuivra le 4 février 2009, plusieurs députés et membres réguliers ténois ont exprimé leur frustration concernant les pratiques du gouvernement territorial et particulièrement face aux piètres informations fournies dans des dossiers aussi importants qu’une route liant les collectivités le long du fleuve Mackenzie au reste du réseau routier canadien.
Les députés Ramsay et Abernethy ne remettent pas en cause la nécessité d’améliorer les infrastructures nordiques, mais désirent obtenir plus d’informations même si au bout du compte ce ne sont que les sept membres du Conseil exécutif qui décideront de signer ou non une éventuelle entente de partage des coûts avec le fédéral. Comme l’a souligné Floyd Roland à L’Aquilon, le devoir de chaque ministre des Territoires est uniquement de demander l’approbation du cabinet ministériel avant de signer quelconque entente liant le GTNO. « Il faut regarder à la fonction et au rôle que nous jouons, a-t-il dit. Si un ministre travaille sur un accord avec le gouvernement fédéral, il y a d’abord de nombreuses négociations puis plus on se rapproche d’une entente, il est tenu de présenter l’entente à signer à la table du cabinet ministériel en justifiant pourquoi le GTNO devrait s’engager ou pas. Le Conseil exécutif discute alors les pour et les contre du contrat et c’est alors que nous informons les autres membres de l’Assemblée. Si l’entente était controversée, nous nous tournerions également vers les membres réguliers pour leur exposer pourquoi nous signerions cette entente ou non. » Dans les faits, ce n’est que la tradition et le désir de transparence qui tient un ministre à consulter ses homologues, car seules certaines ententes nécessitent l’entérinement d’ordre législatif. Aux TNO, on peut prendre pour exemple les accords relevant des revendications territoriales qui doivent recevoir le consentement de l’Assemblée, ainsi que celui des deux autres ordres de gouvernement, soit autochtone et fédéral.
Un autre pont
Suite aux questions en chambre concernant la proposition d’un milliard de dollars présentée par le premier ministre ténois à Stephen Harper, Floyd Roland avait assuré fournir plus de détails à ses collègues de l’Assemblée après les élections fédérales du 14 octobre. « Nous n’avons eu aucune réponse à nos questions, a déclaré David Ramsay. C’est peut-être qu’en ces temps de crises, le projet soit un peu difficile à vendre. » Lors de l’entrevue, le député de Kam Lake a plusieurs fois comparé ce manque de consultation à la signature d’un accord de concession pour le pont du Deh Cho tombée juste avant les dernières élections territoriales en 2007. « Il n’y a pas eu de consultation, le gouvernement a signé sur une proposition datant de quatre ans plus tôt. Dans le cas de la route de la vallée du Mackenzie, je pense que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral de pourvoir au développement des réseaux routiers. Il ne faut pas que cet enjeu se concrétise sur un accord chétif », a-t-il poursuivi.
Interrogé sur cette proposition, le premier ministre Roland assure qu’il voulait dresser la table des négociations pour savoir si le gouvernement territorial était intéressé à s’y asseoir. « Avec cette proposition, nous avons ouvert les discussions autour d’une idée de partenariat sur notre plan d’infrastructure et d’investissement dans le Nord. Je n’ai pas d’autres détails à fournir autre que la lettre du premier ministre Harper déclarant que oui, nous aurons de plus amples discussions à ce sujet. »
De l’avis de Glen Abernerthy, les décisions qui peuvent changer autant le paysage économique ou la dynamique des Territoires devraient recevoir l’avis de tous les membres de l’Assemblée. « Nous n’avons jamais eu de session sans surprise, je m’attends à découvrir plusieurs choses en février prochain », a déclaré le député de Great Slave. En réponse à cette attente, le premier ministre a relaté qu’il n’entrevoyait pas surprendre les autres députés, mais considérait que si une opportunité pour faire avancer les choses pour le Nord se présentait, il était de son devoir de chercher des partenaires pour faire en sorte que les projets se concrétisent au bénéfice des gens du Nord.