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le Jeudi 24 septembre 2009 11:58 | mis à jour le 20 mars 2025 10:37 Politique

Chronique politique fédérale Un régionalisme canadien qui redéfinira peut-être la conduite des Communes

Chronique politique fédérale Un régionalisme canadien qui redéfinira peut-être la conduite des Communes
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Depuis que la droite canadienne s’est unifiée autour du Parti conservateur, aucun gouvernement n’a pu gouverner avec une majorité. Même l’idée d’une quatrième élection générale en cinq ans pour l’automne ou le printemps ne semble pas pousser les électeurs à donner facilement leur confiance à l’un des deux partis politiques capable de récolter une majorité. Cette situation anormale pour un pays réputé pour sa stabilité politique est, selon plusieurs observateurs la conséquence d’un comportement électoral régionalisé.

Les sondages le montrent : advenant une prochaine élection, la situation restera probablement la même puisqu’actuellement, aucun parti politique de la scène fédérale ne réussit à rejoindre une majorité d’électeurs. Tout est régionalisé : Le Parti libéral est le parti de Vancouver, Toronto et Montréal, le parti conservateur est celui du Canada anglais rural et le Bloc est celui des Québécois insatisfaits du grand frère fédéral. Cette configuration régionale empêche ces partis d’affirmer représenter les intérêts des citoyens Ad Mare Usque Ad Mare. Il apparaît qu’ils ne peuvent prétendre qu’à gouverner en situation minoritaire jusqu’au jour ou l’Ouest et le Québec voteront différemment. À ce moment, peut-être reverrons-nous des partis nationaux revendiquer une victoire majoritaire aux soirs d’élections.

Cela dit cette polarité est telle que les analystes politiques prédisent que le Canadiens ne sont pas sorti du bois… L’ère des gouvernements minoritaires n’est pas terminée si on en juge par le fait que les électeurs de l’Ouest semblent vouloir voter encore massivement pour le parti conservateur et que le Bloc semble toujours en mesure d’envoyer une forte députation à Ottawa et cela, malgré une stagnation de l’option souverainiste.

Cette régionalisation qui fragmente le vote et perpétue les gouvernements minoritaires semble exaspérer certains observateurs et stratèges. Du côté conservateur, certains comme le ministre conservateur Steven Fletcher du Manitoba, rêves à modifier la loi fédérale sur le financement des partis politiques de façon à ce que la subvention gouvernementale de 1,95 $ par vote obtenu à l’élection soit abolie. Selon eux, cette idée couperait les vivres au Bloc Québécois et faciliterait une nouvelle ère des gouvernements majoritaires. Toutefois, plusieurs chroniqueurs politiques rappellent que le Reform Party et l’Alliance canadienne ont bénéficié de ce soutien financier du temps qu’ils n’étaient qu’en Alberta.

Une autre idée qui circule est celle qui veut que le Bloc puisse accélérer un changement de dynamique aux Communes. De fait en empêchant une majorité, le Bloc force les Communes à ouvrir un dialogue bienveillant avec les Québécois afin qu’ils adhèrent plus profondément au Canada. Toutefois, il n’est pas dit que les Quebécois quitteront le bateau bloquiste. C’est donc que le cycle des gouvernements minoritaires pourrait se poursuivre forçant ainsi la réflexion des parlementaires à considérer une gouverne par coalition.

De fait, la situation actuelle semble être le premier pas de cette tendance. Actuellement, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper survivra encore avec l’appui des partis d’opposition. Cette situation n’est pas nouvelle puisque le Bloc, le NPD et les libéraux ont tour à tour appuyé le gouvernement. Le prochain pas sera de concevoir une réelle coalition avec alliance formelle entre les partis assurant une majorité et l’intégration de députés de partis adverses au conseil des ministres. Cette manière de faire aurait pour avantage de suivre la tendance régionalisée du Canada et permettrait une stabilisation de nos institutions politiques et de ses orientations.

 

Rappel…

Ce régionalisme polarisé trouve sa source dans la fin des années 1980 et le début des années 1990. Rappelons-nous qu’à cette époque, la Canada échoue lors des Accord du Lac Meech et de Charlottetown. Lucien Bouchard quitte le cabinet Mulroney et fonde le Bloc Québécois voué à défendre les intérêts du Québec. À l’Ouest, Preston Manning polarise les électeurs frustrés par les libéraux de Trudeau et les Progressiste-conservateurs de Mulroney en lançant le Reform Party.