La première réponse du gouvernement au rapport du comité sur la révision de la Loi sur les langues officielles semble aller vers une bonne direction, elle se dirige résolument vers de nombreuses consultations.
Le gouvernement ténois est d’accord avec de nombreuses recommandations soulignées par le comité de révision de la Loi sur les langues officielles, qui, de l’avis de tous, se concentre abondamment sur la revitalisation et la promotion des neuf langues officielles autochtones présentent aux TNO, et qui mentionne à l’occasion les besoins d’améliorer l’offre de services en français. Le ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation (ECF), Jackson Lafferty n’a pas perdu de temps à l’ouverture de la quatrième session de la 16e l’Assemblée législative. Le jeudi 15 octobre, il a déposé la réponse de son ministère devant ses collègues parlementaires. Cette réponse dresse le portrait d’un calendrier qui peut se résumer ainsi : plusieurs consultations dans les prochains mois avec les différentes communautés linguistiques des Territoires; tenu au mois de mars 2010 d’un symposium sur les langues autochtones des TNO à Yellowknife; dépôt à l’automne suivant d’un plan stratégique traduisant le respect des différences et des buts de chaque communauté linguistique; propositions d’amendements éventuels à la Loi sur les langues officielles avant la fin de cette Assemblée législative en octobre 2011.
« Nous voulons reconnaître au mieux les différentes circonstances des communautés linguistiques soutient Dan Daniels, le sous-ministre d’ECF. Il reste énormément de travail à accomplir, car comme nous l’avons souligné dans notre réponse au comité, c’est un processus compliqué. Nous nous penchons sur une approche à long terme qui nécessitera quelques années avant d’être mise en œuvre. »
Une chose est sûre pour le sous-ministre, cette approche sera « le reflet de différents besoins ciblés » pour dix langues officielles autres que l’anglais.
Langues autochtones
Vince Sanderson est le gestionnaire de la langue cri au programme de langue cri des TNO. Il est heureux de la mobilisation qui s’effectue autour des langues autochtones. « Tout ce qui peut faire avancer nos efforts vers la revitalisation de notre langue, nous le prendrons. Bien sûr nous avons déjà participé à de nombreuses réunions de consultation où nous avons déjà exprimé nos besoins. Mais c’est une question de tout faire pour que ça marche », explique celui qui a déjà accepté de rencontrer une nouvelle fois les fonctionnaires d’ECF. Il prétend aussi que le symposium sur les langues au mois de mars prochain représente une bonne occasion de mieux comprendre la réalité des langues aux TNO et de rendre le travail plus tangible encore.
« Ce que nous voulons prioritairement, ce sont des fonds pour réellement améliorer le système d’apprentissage de notre langue. En ce moment, on peut aller en Alberta pour recevoir un diplôme de langue cri. Aux TNO, les gens peuvent l’apprendre en classe, mais ils n’auront aucun document attestant leurs aptitudes », considère ce Métis qui évalue la langue cri comme n’étant pas la langue officielle avec la situation la plus critique ni la plus avantageuse.
Durant son allocution devant l’Assemblée législative, le ministre Lafferty a assuré qu’une révision de l’Accord de coopération Canada-Territoires pour les langues autochtones est entreprise.
Langue française
Pour la Fédération franco-ténoise, qui est reconnue comme l’intermédiaire direct entre la francophonie et le gouvernement ténois, le temps des consultations est échu. « Cela fait neuf ans que nous présentons clairement nos commentaires au gouvernement via notre cause juridique. Je pense que nous sommes d’accord qu’il est temps de faire avancer la machine maintenant », réitère Léo-Paul Provencher le directeur général de la FFT.
M. Provencher accueille la réponse préliminaire du ministère plutôt favorablement. Il la juge pourtant pauvre en déclarations fortes qui marqueraient clairement la marche à suivre. « Il y a beaucoup de commentaires intéressants, d’avenues soulevées qui ont leur importance, mais à part plusieurs reconnaissances des déclarations du comité de révision il manque un peu de chair autour de l’os », image-t-il.
Pour les francophones, grâce au jugement de la cour d’appel territoriale de 2008, le processus de mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles est en route. Dan Daniels affirme que le gouvernement doit suivre le verdict et que le ministère travaille en bonne collaboration avec la FFT à cette fin. « Nous accumulerons toutes les pièces de nos différents travaux pour finalement les mettre en commun dans notre plan stratégique. Que se soit pour les langues autochtones ou pour le français, la révision de la Loi sur les langues officielles sera un travail de collaboration. »
Comité de coopération
Le sous-ministre de l’ECF estime qu’il est encore possible que le comité de coopération se réunisse pour une première fois avant la fin du mois de novembre. Il mentionne que l’assemblée générale annuelle de la FFT se tiendra les 28 et 29 novembre à Hay River, et qu’il serait bien que la FFT puisse rapporter à ses membres les progrès dans ce dossier.
Le directeur de la FFT indique que la liste de ce comité n’est pas encore prête à être divulguée, mais assure que les experts qui donneront leurs commentaires au conseil d’administration de la FFT sont déjà prêts à se mettre au travail.
Des deux côtés, il est clair que c’est le financement de ce comité de coopération qui est le frein majeur au développement de cette concertation pour l’élaboration du plan mise en œuvre de la loi. Dès ce samedi, néanmoins, trois sous-ministres sont censés rencontrer le CA de la FFT. Selon Léo-Paul Provencher, ce seront les sous-ministres de l’Éducation, Culture et Formation , de la Santé et des Ressources humaines. Le directeur général de la FFT espère bien que Dan Daniels règle le cas du financement du comité lors de cette rencontre.