Fin mars, le Canada sera l’hôte d’une conférence internationale des États circumpolaires, mais les peuples du Nord ne sont pas sur la liste des invités. L’Islande, la Finlande et la Suède ont également été écartées des pourparlers.
Alors qu’il est coutume de tenir les discussions qui ont trait à la propriété de l’Arctique au sein du Conseil de l’Arctique, qui regroupe les huit États circumpolaires ainsi que des délégués des communautés inuites et des Premières nations, le gouvernement conservateur a choisi de s’en tenir à ce qu’il désigne comme les « États côtiers » de l’Arctique. Les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, de la Russie, du Danemark et de la Norvège ont rendez-vous à Chelsea au Québec le 29 mars, pour une rencontre présidée par le ministre canadien Lawrence Cannon.
L’ambassadrice de l’Islande au Canada, Sigridur Anna Thordardottir, estime que le Canada crée ici un dangereux précédent diplomatique.
« Nous tenons à conserver le principe des huit États arctiques », affirme la diplomate en entrevue avec CIVR Radio Taïga.
Elle craint que le Canada ne cherche à former une nouvelle table de discussion pour aborder la question de la souveraineté dans l’Arctique où son petit pays insulaire serait exclu.
« L’Islande est une île, affirme l’ambassadrice. En tant qu’État côtier et que peuple pêcheur, nous avons un intérêt certain dans l’océan Arctique. Nous voulons être à la table de négociations quand des enjeux qui concernent nos intérêts sont discutés. »
L’Islande, note-t-elle, est signataire de la Convention de la mer des Nations Unies qui sert d’étalon de référence quand vient le temps de déterminer qui possède quoi dans l’océan Arctique.
« Nous avons envoyé des lettres de protestation à chacun des pays qui seront à la rencontre [de Chelsea], poursuit Mme Thodardottir. […] Nous espérons une réponse, mais il semble que la décision ait déjà été arrêtée. »
Les organisations qui représentent les intérêts des peuples autochtones du Nord aussi sont choquées par la manœuvre. L’Inuit Tapiriit Kanatami qui représente les Inuits du Nunavut et du Nord du Québec a vivement protesté. «Il est inconcevable que le gouvernement du Canada envisage de tenir une conférence pour discuter du développement économique et de la protection environnementale de l’Arctique sans faire appel à la participation des Inuits qui devront vivre avec les conséquences de nouvelles politiques. Cela sent le paternalisme», a déclaré leur président par intérim Pita Aatami.
Outre cette organisation , si le Canada avait choisi de tenir sa conférence sous l’égide du Conseil de l’Arctique, il aurait également dû envoyer des faire-part à la Conférence circumpolaire inuite, le Saami Council, et l’Association des minorités autochtones du Nord, de la Sibérie et des régions extrême-orientales de la Fédération de Russie.
Le Conseil Arctique est d’ailleurs une initiative canadienne. Il a été fondé en 1996, à Ottawa. À leur entrée au gouvernement, il y a quatre ans, une des premières initiatives nordiques des Conservateurs avait été de supprimer le poste d’ambassadeur du monde circumpolaire, un poste diplomatique créé en même temps que le Conseil de l’Arctique