Le budget fédéral 2010 se concentre sur trois actions dans le Nord.
Le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, a soumis le jeudi 4 mars, un budget qui frôle les 50 milliards de dollars de déficit pour l’année 2010-2011. Alors qu’il planifie un retour à l’équilibre budgétaire après le budget 2014-2015, le gouvernement du Canada veut conclure la mise en œuvre des mesures de stimulation économique, freiner l’augmentation des dépenses de programmes gouvernementaux, et finalement examiner les dépenses administratives du gouvernement. Ces trois actions articulent essentiellement l’attention que le budget fédéral porte au Nord, cette année : bâtir la station de recherche de l’Extrême Arctique canadien, geler la masse salariale de la fonction publique et réformer le système réglementaire présent aux TNO.
Fonction publique
Le budget 2010 propose de restreindre les dépenses de l’État et de dégager 17,6 milliards de dollars en cinq ans. Sans trop donner de détails sur son plan d’action, le ministre Flaherty a néanmoins présenté des mesures qui toucheront divers ministères fédéraux. « À compter de cette année, nous allons geler le total des dépenses pour les salaires des employés du gouvernement, l’administration de l’État et les frais généraux. Nous allons geler le budget d’ensemble des cabinets des ministres », a-t-il déclaré en Chambre des communes. Les conséquences pour les travailleurs de la fonction publique se traduiront grossièrement par une réduction de la masse salariale.
Aux TNO, le vice-président exécutif régional de l’Alliance de la fonction publique, Jean-François Des Lauriers, estime que ce sont près de 400 employés qui travaillent dans différents ministères et agences fédérales. « Dans le cadre de nos conventions collectives signées en 2008, nous nous sommes entendus avec le gouvernement sur une augmentation salariale de 1,5 %. Cependant, [le gouvernement] vient de déclarer que ces montants devront provenir des fonds d’opération des ministères. Donc, les gestionnaires devront trouver ces montants à même les fonds alloués pour les services et l’opération des ministères. Ce qui nous inquiète, c’est de voir des coupures de poste et une compression au niveau des prestations de services », indique le syndicaliste. Déjà, il dit appréhender les futures négociations des conventions collectives alors que les ententes actuelles prennent fin à l’été 2011.
Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, s’inquiète quant à lui des répercussions environnementales que vont infliger ces coupures au sein de la fonction publique. « Les ministères de l’Environnement du Canada et des Ressources naturelles du Canada subiront de larges coupures. Ces ministères contrôlent et effectuent d’importantes recherches sur les conditions nordiques, et même si nous ne connaissons pas la nature de ces compressions, il est certain que cela va réduire notre capacité à faire face aux changements climatiques, au développement des ressources naturelles ici dans le Nord », rétorque-t-il.
Le régime de réglementation
Ce sont 11 millions de dollars qui seront alloués sur deux ans à la réforme du régime règlementaire. En conférence de presse adressée aux médias nordiques, le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Chuck Strahl, a prétendu que le régime actuel était trop compliqué, qu’il est nécessaire de mettre en place un système permettant l’accélération des examens sur les projets d’exploitation des ressources naturelles dans le Nord et de voir ceux qui recevront une autorisation se concrétiser plus rapidement. Selon Dennis Bevington, il n’est pas nécessaire de modifier la législation en place pour effectuer une amélioration inévitable de ce processus réglementaire. Pour lui, il faut mettre en application les plans d’aménagement du territoire, tout comme le rapport McCrank le recommandait au ministre il y a maintenant deux ans. « Sans ce travail effectué sur les plans d’aménagement, chaque projet doit être examiné en l’absence d’un plan régional, et c’est cela qui cause des problèmes. »
Bâtir
Le gouvernement alimentera également la seconde année du plan d’action du Canada, qui se concentre sur les projets d’infrastructures aux TNO. Dans le discours du budget, il a été mentionné que le gouvernement passera à la prochaine étape de la conception de la station de recherche, alors qu’il n’est pas encore décidé où elle sera construite. Ce sont 18 millions de dollars sur cinq ans qui seront alloués à cette phase de développement. Le ministre Strahl a avoué que les candidatures des trois collectivités du Nunavut qui restaient en lice pour accueillir ce centre de recherche, soit Cambridge Bay, Pond Inlet et Resolute, étaient de valeur égale. « À ce point-ci, les trois collectivités sont bonnes, elles ont fait de bonnes présentations. Néanmoins, nous devrons faire un choix, et ce choix sera annoncé bientôt, je l’espère, car certains travaux préliminaires doivent être effectués cet été sur le site de construction qui sera choisi. »