Le Parti libéral obtient l’appui des premières nations des Territoires.
Michael Ignatieff avance au travers d’une foule réunie lors d’un barbecue organisé en son honneur dans le parc bordant le lac Frame, en plein cœur de Yellowknife. Le chef du Parti libéral serre des mains, salue des enfants, signe « Iggy » sur un chandail de Hockey, et fait une accolade. Cette accolade, il la donne spontanément alors qu’un Autochtone lui glisse un mot de bienvenue en anglais : « Cette terre est la mienne, cette terre est la vôtre », pour faire référence à une chanson de Bruce Springsteen, et Michael Ignatieff de répliquer « c’est une gentille chose à dire! Merci! »
Présents durant ce rallye politique public, plusieurs chefs de bande dénés sont vêtus de leur veste en peau d’orignal si représentative de la culture ténoise. Leur chef national, Bill Erasmus, marche aux côtés du chef libéral alors que ce dernier retourne vers son autobus. En entrevue, le chef de la Nation dénée explique qu’il est très heureux d’avoir pu passer du temps avec le candidat.
« Je pense que ce que les [Autochtones] ont vu depuis les quatre à cinq dernières années les dérange vraiment. Ils ne sont pas contents de la façon dont les conservateurs ont géré les enjeux qui les touchent. Ils veulent aller voter et être entendus cette fois-ci », transmet le chef Erasmus. Il précise que son organisation encourage les gens à voter, à se renseigner sur les enjeux et à connaître ce que les candidats disent ainsi que le contenu de leur plateforme électorale. « Normalement, [la Nation dénée] ne se range pas officiellement derrière un candidat en particulier. Nous communiquons à nos membres que nous ne sommes pas heureux avec les conservateurs. C’est une toute autre perspective avec les libéraux. » Pourtant, dans un communiqué de presse envoyé la journée même de la visite de M. Ignatieff en sol ténois, il est stipulé que « les chefs dénés présents [lors d’une rencontre avec le chef libéral], se sont entendus et recommandent d’effectuer un vote groupé pour le candidat libéral, Joe Handley ».
L’un de ces chefs, Alphonz Nitsiza de Whati, explique que dans le passé, les gens de sa communauté ont toujours voté pour le Parti libéral lors d’élections fédérales, car il était présent durant les négociations qui ont abouti au gouvernement tlicho. Questionné à savoir s’il pensait que les Autochtones allaient se rendre au bureau de vote le 2 mai, le chef a répondu que « généralement, les gens en ont marre des élections, mais cette fois-ci, il y a vraiment d’importantes questions en jeu comme les caribous, la dévolution… Nous pensons qu’en tant que gouvernement tlicho, nous n’avons pas été respectés comme gouvernement légitime ».
Le chef Nitsiza pense que les gens iront voter pour un « homme qu’ils connaissent depuis plusieurs années et qui est du bon parti ».
Durant un forum organisé à Yellowknife par la chambre de commerce des Territoires du Nord-Ouest, un Autochtone qui s’est présenté comme étant un ancien chef des Dénés Yellowknives a tenu à déclarer qu’il était vraiment en désaccord avec le vote massif stimulé par la Nation dénée. « Je désapprouve le communiqué de presse de la Nation dénée et je pense que les communautés devraient avoir leur droit de parole quant au membre du parlement qu’elles veulent voir à Ottawa », a déclaré l’individu que L’Aquilon à identifié comme étant Richard Edjericon. Ce dernier, qui a également protesté que les jours de dictature devaient s’arrêter, ne figurait pas sur la liste des invités de l’Assemblée générale annuelle de la chambre de commerce. Richard Edjericon est connu aux TNO pour avoir été le candidat conservateur des élections fédérales de 2006.
En réponse à cette déclaration, le candidat du Parti vert s’est indigné de la pratique du vote groupé. « Dans toutes les collectivités, dans toutes les écoles où je fais des discours, je demande à ce que les électeurs se renseignent sur tous les candidats et sur ce qu’ils disent qu’ils feront pour vous, et de voter pour celui qui sert le mieux leurs intérêts », de déclarer Eli Purchase.
Joe Handley a argumenté que cette décision n’était pas la sienne, mais bien celle des chefs autochtones et qu’il se réjouissait qu’ils l’aient choisi lui.
Dennis Bevington, qui représente le Nouveau Parti démocratique pour une cinquième élection consécutive, a fait savoir qu’il discutait individuellement avec les gens à travers le territoire, et qu’il obtenait du soutien de partout. « J’ai eu peu d’appui durant ma carrière, pourquoi ? Parce que je ne le recherche pas vraiment. Pour moi, le soutien que je peux avoir est celui d’un individu qui dit, oui, je peux avoir confiance en ce gars-là. », a-t-il rétorqué.
La candidate conservatrice a quant à elle répondu que les gens des petites collectivités voulaient la même chose que les gens des villes. « Ils veulent le développement économique, ils veulent de l’emploi, de meilleurs habitations, pouvoir prendre soins de leurs aînés, voir leurs jeunes obtenir de bons emplois stables, ils veulent juste être autonomes », énumère-t-elle, concluant que le développement économique permet aux gouvernements et aux collectivités de se pencher sur les enjeux sociaux.