le Samedi 7 juin 2025
le Jeudi 28 avril 2011 19:40 Politique

Élections fédérales Quatre candidats au micro de Radio Taïga

Élections fédérales Quatre candidats au micro de Radio Taïga
00:00 00:00

Invités dans les studios de la radio francophone à Yellowknife, quatre candidats ont répondu aux questions de leur hôte. Seule Bonnie Dawson, de Hay River, a refusé de prendre part à cette entrevue individuelle, même par truchement du téléphone.


Dennis Bevington du Nouveau Parti démocratique

Avec quatre élections fédérales en dessous de la cravate, Dennis Bevington est le plus expérimenté des cinq candidats ténois de l’élection 2011. Après avoir manqué par 53 voix le siège d’Ottawa en 2004, le candidat néo-démocrate a remporté les deux dernières élections, devant le Parti libéral en 2006, puis devant le Parti conservateur en 2008.
« Je recherche un troisième mandat. Je me sens très à l’aise avec cela. Mon expérience au Parlement m’incite à me sentir très confiant quand au leadership et à la confiance que les Ténois ont besoin à Ottawa. Et cela, peu importe qui est au pouvoir, que ce soit une coalition, une majorité ou une minorité, je peux vous assurer que mon travail est de représenter les résidents du Nord au Parlement », présente M. Bevington, tout en suggérant que les Canadiens comprennent de plus en plus pourquoi le gouvernement a été renversé par une motion de censure qui le déclarait coupable d’outrage au Parlement. « Alors j’espère que quand je serai de retour à Ottawa, nous aurons l’occasion de reconnaître que n’importe quel gouvernement doit avoir le soutien de la majorité des membres du Parlement élus dans chaque circonscription. Si nous nous retrouvons dans une situation similaire, où aucune majorité n’est prononcée, j’espère que l’on réussira à mettre en place un gouvernement plus stable et qui remplira mieux les attentes des Canadiens. »

Pour le candidat néo-démocrate, un gouvernement majoritaire formé par le leadership conservateur actuel serait la recette idéale pour des problèmes non atténués au Canada, et vraisemblablement le pire scénario envisageable.
Lors d’un autre mandat, Dennis Bevington veut trouver des réponses pour ses électeurs en ce qui a trait à l’énergie et aux changements climatiques. « Pour moi, c’est un enjeu qui m’a mené à la Chambre des communes, car j’ai reconnu qu’à travers les Territoires, nous avons d’énormes coûts énergétiques et que nous devons avancer vers des systèmes plus adéquats. J’ai promu cela pour le Nord et pour le reste du pays, car c’est également une façon de construire une nation plus forte et plus prospère. Et c’est encore une priorité pour moi, même si cela a été très dur face aux conservateurs qui ne soutiennent que les compagnies gazières et pétrolières. »

S’il dit vouloir travailler pour concrétiser la plateforme de son parti, Dennis Bevington se permet quelques promesses sur des sujets qui lui semblent essentiels. « J’ai poussé pour le développement des infrastructures, pour des manières d’augmenter notre déduction fiscale et pour la promotion d’un sage développement dans la vallée du Mackenzie. En fait, je vais continuer de travailler pour rendre la vie plus abordable aux Ténois, de me battre pour garder les services gouvernementaux présents, et je travaillerai au rythme des résidents du Nord sur des dossiers tels que le transfert des responsabilités. »

Joe Handley, du Parti libéral
Actif en politique territoriale pendant huit ans, où il a notamment été premier ministre des TNO, Joe Handley est devenu le candidat libéral de la circonscription Western Arctique peu après les élections de 2008.

« Les TNO ont un potentiel remarquable, c’est juste dommage de voir des dossiers importants rester sur les tablettes. Je cite par exemple l’accord de Kelowna que j’ai signé en tant que premier ministre avec Paul Martin. Tout l’argent que nous avons investi dans les arts s’est asséché depuis les dernières années et les organismes qui viennent en aide aux victimes des pensionnats indiens sont sous-financés. Je veux obtenir ce qui est bon pour les résidents du Nord. » S’il est difficile pour lui de choisir un accomplissement qu’il fera une fois élu, il partage qu’il s’attaquera à conclure les revendications territoriales et les négociations des gouvernements autonomes, car le candidat affirme que les TNO ont besoin de cela pour développer une économie forte et attirer des gens au Nord.

« Dans le passé, les gens se demandaient qu’elle différence pourraient-ils faire en allant voter, mais cette fois-ci, je vois une attitude différente. J’ai vu des jeunes avec des pancartes affichant leur désir de voter. Alors je pense que l’on va observer plus d’intérêt cette année. De plus, en ayant l’appui des chefs autochtones qui incitent les gens à voter, je pense que nous verrons également le vote autochtone s’exprimer. »

Pour ce candidat qui est associé à la réalisation du coûteux pont de Deh Cho actuellement en construction, un homme politique a nécessairement des cicatrices, ou des erreurs qui pèsent sur lui alors qu’il prend des décisions qui ne peuvent plaire à tout le monde. « Nous aurions dû construire ce pont il y a 50 ans. Mais maintenant, c’est le temps de le faire et il sera payé par l’industrie. Le droit de péage sera compensé par ce que nous payons maintenant pour le transport aérien des marchandises. De plus, le niveau de l’eau ne cesse de diminuer et dans quelques années, nous serons contents de ne plus utiliser de traversier. »

Joe Handley estime lui aussi que Dennis Bevington sera le candidat le plus difficile à battre. « Je ne vois pas de soutien massif pour les conservateurs dans les collectivités, ni en ville. Je vois qu’à la fin, je serai élu contrairement à Dennis Bevington, contrairement à Sandy Lee. »

Sandy Lee du Parti conservateur
Résidente de Yellowknife depuis 33 ans, Sandy Lee était depuis trois ans et demi, la ministre de la Santé et des Services sociaux du gouvernement ténois, alors qu’elle siégeait à l’Assemblée législative depuis 12 ans comme députée de Range Lake. « J’ai décidé de plonger en politique fédérale, car je me suis rendue compte que pour continuer d’assurer nos services, nous devions réussir à augmenter nos revenus. Cela est possible grâce au partenariat avec le gouvernement fédéral, et en encourageant l’investissement économique », explique Mme Lee, qui dit avoir été reconnue comme une personne n’ayant pas peur de se tenir debout et qui est capable de défendre les priorités de ses électeurs. « Nous n’avons qu’un seul membre du parlement et nous devons faire entendre cette voix à Ottawa. Nous sommes un territoire, et non une province. Le gouvernement fédéral joue un grand rôle dans notre développement social et économique et je pense que l’on peut avancer plus rapidement en ayant une voix forte à Ottawa. »

Sandy Lee témoigne que la candidate Leonna Aglukkaq, au Nunavut, représente un emblème de leadership pour les territoires et que son rôle au sein du cabinet fédéral est le meilleur exemple de la différence que peut apporter un membre du parlement pour les résidents du Nord.

« Depuis des décennies, cela a été le rêve et le but des Ténois d’accomplir leur propre gouvernance. En ce moment, le gouvernement fédéral a le contrôle sur nos terres, nos eaux et nos ressources. Alors si nous avons réussi à développer nos terres, nous n’en avons tiré que peu d’avantages. Je pense que nos leaders ont la responsabilité de s’asseoir à la table et de conclure un accord de dévolution pour les bienfaits de tous les résidents du Nord », assure Sandy Lee, qui trouve important que l’entente de principe actuelle aille de l’avant avec tous les partis concernés et se dit prête à travailler avec les chefs autochtones pour continuer de la faire avancer.

« Je me positionne contre le député sortant, Dennis Bevington. Je cours pour lui prendre son siège. Ma course est contre le député du NPD. Pour être passée par là, je sais que lorsque l’on veut être réélu, tous ceux qui cherchent à se faire élire veulent prendre notre place. C’est ce qui se passe ici, et ce n’est pas à moi de dire ci nous allons observer une course à deux ou trois, car il y a cinq candidats pour cette élection fédérale. »

Eli Purchase du Parti vert

Pour la première fois de sa vie lors d’une élection autre qu’universitaire, Eli Purchase a décidé d’être candidat. Il a voulu représenter le Parti vert, car il a voté vert à la dernière élection et était impressionné par la plateforme de ce parti. De plus, l’ancien candidat l’a approché et lui a demandé de prendre la relève aux TNO.

 « Si la plupart des gens, quand ils pensent au Parti vert, pensent à sauver l’environnement et à vivre avec la nature sans utiliser d’électricité, c’est bien. Je soutiens les gens qui vivent hors des sentiers battus. Mais pour beaucoup de citoyens, voter vert peut être aussi simple que d’éteindre la lumière derrière soi quand on quitte la pièce. Nous vivons aux Territoires du Nord-Ouest. La vie dans le Nord coûte cher, alors vous faites tout ce qu’il y a en votre pouvoir pour diminuer votre consommation d’énergie. »

Eli Purchase avance que la plateforme du Parti vert, Vision verte, est un document très détaillé qui se penche sur les politiques économiques et propose d’évoluer, dans les prochaines années, vers la fabrication des technologies vertes et vers des emplois qui favorisent cette production utile au reste du monde. « C’est un regard sur le Canada que nous voulons pour 2020. »

« Je pense que cette élection sera celle de notre percée, pas seulement aux Territoires du Nord-Ouest, mais aussi ailleurs au Canada. Elizabeth May, notre chef, est en bonne position dans sa circonscription et je pense qu’elle sera élue, car les électeurs ne nous perçoivent pas comme le cheval d’une seule course, mais bien comme un parti responsable avec des idées concrètes qui ne vont pas nous plonger dans le rouge pour les quarante prochaines années. »

Le candidat vert considère Dennis Bevington comme l’homme à battre dans cette élection étant donné qu’il est le candidat sortant et mène une forte campagne. Il estime toutefois avoir une plateforme qui résonne bien avec les résidents du Nord. « À Ottawa, je vais user mes souliers pour rejoindre les autres députés et obtenir les avantages recherchés pour les Ténois », dit le candidat, en ajoutant que les priorités des partis politiques passeront après celles des TNO. S’il est élu, il travaillera prioritairement à réduire le coût de la vie au nord du 60e parallèle.