Le gouvernement ténois juge que l’ouverture du pont en 2011 est improbable, mais pas impossible.
Le ministre des Transports des Territoires du Nord-Ouest s’est levé à l’Assemblée législative, le 13 mai dernier, pour annoncer que le pont de Deh Cho faisait face à un autre retard. Se lavant un peu les mains de ce contretemps, le ministre Michael McLeod a simplement mentionné que s’il y a avait des coûts associés à ce délai dans la construction, ils étaient entièrement portés à la responsabilité de l’entrepreneur principal, Ruskin Construction.
Ce sont les structures d’acier permettant de compléter la moitié sud du pont qui ne sont pas arrivées à temps pour que le raccord entre les parties nord et sud soit chose faite avant la débâcle du fleuve Mackenzie. Les piliers temporaires nécessaires à la lente avancée de la structure à travers le fleuve n’étant pas à l’épreuve du stress des glaces dérivantes, l’entrepreneur a décidé, dès la mi-avril, de suspendre la progression de la structure. Lorsque les glaces provenant du Grand lac des Esclaves auront coulé sous ce demi-pont, les piliers pourront être remis en place afin de compléter la structure vers la fin de l’été 2011.
Ce délai serait moins dérangeant si les conditions extérieures propices au coulage du béton, c’est-à-dire une température de cinq degrés Celsius, étaient garanties durant les automnes ténois. La réalité est qu’au mois d’octobre, il faudrait que ces cinq degrés Celsius soient atteints artificiellement afin d’assurer une prise optimale du béton nécessaire pour scinder les centaines de segments du tablier sur lequel reposera la route. Au ministère, on imagine déjà un pont enveloppé à la Christo, pour permettre de chauffer l’aire de construction. Une alternative « artistique » qui s’élèverait à plusieurs millions de dollars.
Préférant rassembler toutes les conditions favorables pour construire un des ponts soutenus les plus septentrionaux du monde, le directeur du projet du ministère des Transports, Kevin McLeod, est déjà persuadé que ce n’est pas l’option qui sera choisie. Le directeur, qui veille en priorité à la qualité de ses projets, affirme qu’il aime mieux attendre la belle saison 2012 pour couler le béton plutôt que de faire un travail qu’il devra refaire dans un an ou deux. « Dans cinq ans, quand les gens regarderont ce pont et qu’ils décortiqueront les décisions que je prends actuellement, je veux être sûr de les satisfaire. Dans 75 ans, ils pourront encore dire quel formidable pont nous avons. »
Pour ce qui est de la cause de tout ce retard, le ministère des Transports se refuse tout commentaire quant aux excuses fournies par l’entrepreneur, mentionnant que ce dilemme doit se régler entre Ruskin et son fournisseur de structures d’acier situé au Québec. « Nous ne sommes pas tenus d’accepter les explications que l’entrepreneur nous fournit. C’était son rôle de finir la structure avant la débâcle. Maintenant, s’est à lui de trouver le responsable de ce délai s’il ne veut pas en payer les frais », dit M. Mcleod en se pinçant les lèvres alors qu’il insinue que c’est un cas qui pourrait finir devant les tribunaux.