Le premier budget du gouvernement Harper majoritaire est un document similaire à celui proposé en mars 2011.
Le ministre des Finances du Canada a déposé le lundi 6 juin un budget similaire à celui présenté à la Chambre des communes en mars dernier, alors que le gouvernement Harper était encore minoritaire. Jim Flaherty a annoncé un exercice financier 2011-2012 déficitaire qui se chiffre à 32,3 milliards de dollars, soit 2,7 milliards de plus que ce qui avait été projeté auparavant.
Toutefois, l’emphase du budget a été dirigée vers l’ajout de deux mesures par rapport au budget de mars, soit une provision de 2,2 milliards de dollars à l’appui d’une entente d’harmonisation de la taxe de vente entre le Canada et le Québec et l’annonce de l’élimination graduelle des allocations trimestrielles aux partis politiques. Des mesures qu’avait soulevées le Parti conservateur durant sa campagne électorale.
Le ministre Flaherty a aussi tenu à réaffirmer son intention d’atteindre l’équilibre budgétaire. Une projection qu’il veut concrétiser dès l’exercice financier 2014-2015. Ce faisant, le gouvernement se targue de préserver l’avantage financier du Canada. Comme il est écrit dans les documents du budget 2011, le « Fonds monétaire international s’attend à ce que le Canada soit l’un des deux seuls pays du Groupe des sept (G-7) à rétablir l’équilibre budgétaire d’ici 2016 et considère que ses perspectives financières comptent parmi les meilleures des pays du G-20 ».
C’est à force de coupures au sein de l’appareil d’état que le gouvernement fédéral espère dégager des économies annuelles de 4 milliards de dollars. Dans son discours du 6 juin, le ministre s’est gardé d’identifier précisément les programmes gouvernementaux visés, mais a affirmé que c’est à l’issue d’un examen stratégique et fonctionnel orchestré par le ministre du Trésor, Tony Clement, que les Canadiens sauront comment le gouvernement assurera « une utilisation optimale de l’argent des contribuables ».
Un impact différé
Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, juge que le budget 2011 du gouvernement harper était un budget d’élection et que c’est après son adoption que les mauvaises nouvelles surgiront. « C’est une série de restrictions qui va avoir lieu à travers le pays et qui surviendra l’an prochain », avance le député néo-démocrate. Si Dennis Bevington assure que ce budget sera adopté et que les partis de l’opposition ne peuvent pas faire grand-chose pour l’exercice 2011-2012, il dit que l’opposition officielle mettra, au cours de l’année, beaucoup d’énergie « à essayer de convaincre le gouvernement qu’il doit se déplacer vers des politiques plus durables, qui mèneront les Canadiens vers un meilleur futur ».
Concernant le Nord, c’est l’appui fédéral à la construction de routes dans le Nord qui retient l’attention des politiciens ténois. Le ministre des Finances des Territoires du Nord-Ouest, Michael Miltenberger a annoncé que les 150 millions de dollars pour la construction d’une route toutes saisons entre Inuvik et Tuktoyaktuk était bénéfique pour le développement des Territoires. Toutefois, il est clair que les deux paliers de gouvernement ne voient pas cet investissement de la même perspective. Dans le budget fédéral, Ottawa estime compléter le dernier segment de la route Dempster permettant d’établir un lien routier entre les trois océans alors que dans un communiqué que le gouvernement ténois a émis le 8 juin, ce financement quinquennal de 30 millions de dollars par an est un pas en avant vers l’avancement de la construction de la route de la vallée du Mackenzie.
Par ailleurs, le ministre Miltenberger, qui est aussi le ministre de l’Environnement, a reconnu en conférence de presse qu’aucune initiative ne pouvait vraiment être attribuée à la protection de l’environnement. « Je pense que la prolongation d’un an du programme écoÉNERGIE Rénovation – Maisons est la seule chose qui peut être mis sur cette liste », estime Micheal Miltenberger, ajoutant que le gouvernement fédéral avait ses propres priorités.
Une vision que le député Bevington approuve : « le gouvernement est un non-partant sur la question de l’environnement. Ce gouvernement a refusé de prendre l’environnement au sérieux ». Il appuie ses dires en notant que le budget 2011 propose d’affecter 8 millions sur deux ans pour favoriser le déploiement de technologies d’énergie propre dans les collectivités autochtones et celles du Nord, afin de réduire leur dépendance à l’égard des sources d’énergie non renouvelable. « C’est tout simplement ridicule, s’indigne M. Bevington. Le gouvernement ténois a dirigé 20 millions de dollars par années depuis trois ans vers les énergies propres, et maintenant, nous voyons le gouvernement fédéral mettre 8 millions de dollars sur la table pour couvrir les trois territoires et l’ensemble des collectivités autochtones à travers le pays. C’est un montant tout simplement insuffisant. »