Les organisations francophones des TNO s’inquiètent de leur avenir financier à la suite de plusieurs refus à des demandes de financement faites auprès de Patrimoine canadien totalisant un montant de presque 100 000 $.
Plusieurs organisations francophones des Territoires du Nord-Ouest ont reçu un appel cette semaine les informant de la décision de Patrimoine canadien de refuser leur demande de financement pour des projets sous l’accord de collaboration entre le ministère du Patrimoine canadien et le réseau associatif francophone des Territoire du Nord-Ouest. Selon les modalités de cet accord, une enveloppe de 576 000 $ est distribuée chaque année entre les membres du réseau associatif. Du montant total, 80 % doit couvrir des dépenses en lien avec la programmation régulière des organisations, les dernier 20 % sont répartis selon des demandes de financement pour des projets qui diffèrent chaque année. La majorité des projets présentés pour l’année fiscale 2011-2012 ont été refusés, malgré le fait qu’ils aient passé le processus de sélection habituelle, explique Léo-Paul Provencher, directeur général intérimaire de la Fédération franco-ténoise (FFT).
« Les projets sont écrits par les différents membres associatifs au cours des mois de septembre et octobre. Ils sont ensuite déposés à la table des propositions qui comprend des membres des communautés francophones de Yellowknife, de Hay River, de Fort Smith et du delta du Mackenzie. Le comité est appuyé par des représentants du gouvernement territorial et de Patrimoine canadien. Le comité rédige ensuite un rapport et émet des recommandations. Les demandes de projet sont ensuite envoyées au ministère de Patrimoine canadien en plus d’être présentées devant l’AGA de la FFT, par souci de transparence. »
M. Provencher explique que c’est la première fois qu’il voit des projets ayant passé toutes ces étapes se faire refuser par le ministère. Il ajoute que les demandes de financement pour ces mêmes projets qui ont été soumises par le biais du même processus au gouvernement des TNO, sous le programme de développement culturel et communautaire, ont été acceptées. « Nous nous demandons pourquoi le gouvernement fédéral est allé contre le processus qui est en place depuis des années pour la distribution des fonds réservés aux organisations francophones. »
Le ministère de Patrimoine canadien n’a pas donné suite aux appels de L’Aquilon. Il est donc impossible de savoir pour l’instant si les 100 000 $ de financement de projets, qui devaient être alloués aux organismes francophones en vertu de l’entente, sont coupés ou s’ils seront réinvestis dans d’autres projets. En conférence de presse, le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Peter Van Loan, a réitéré la position du gouvernement selon laquelle le financement aux organismes devrait répondre à la notion de « value for money ». « Les organismes ne devraient pas ressentir que du financement leur est dû, souligne M. Van Loan. Ce n’est pas parce qu’un organisme a reçu du financement dans le passé qu’il va en recevoir dans le futur. » Interrogé sur les raisons pour lesquelles le ministère de Patrimoine canadien n’a pas suivi les recommandations de la table des propositions et de l’AGA de la FFT, M. Van Loan a simplement répondu qu’il appartient au bureau du ministre de prendre des décisions quant à la façon dont sont gérés les fonds publics afin de maximiser leurs impacts.
Réaction
Pour l’instant, les organismes franco-ténois devront trouver d’autres formes de financement s’ils comptent mener à terme leurs projets de développement pour l’année. La directrice générale de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY), Marie Coderre, explique que cette situation met en péril la stabilité économique de son organisation. « Il s’agit d’une forme de financement récurrente, donc si ce financement est coupé, cela fragilise notre association. » L’AFCY s’est vue refuser une demande de financement de 22 000 $ pour un projet intitulé La culture sous la loupe.
Le projet de communication de l’Association franco-culturelle de Hay River (AFCHR) s’est aussi vu refuser une aide financière d’une valeur de 12 000 $. « Il va falloir revoir nos priorités et déterminer comment arriver à nos mêmes buts sans ce financement, » explique Catherine Boulanger, agente de développement pour l’AFCHR.
La deuxième partie du projet de communication entamé l’an dernier par la FFT perd un financement de 50 000 $. Ce projet avait été ciblé par la communauté comme étant une priorité afin de faire avancer la communauté ténoise, soutient Léo-Paul Provencher. Parmi les organismes, L’Aquilon et l’Association des parents ayants droit de Yellowknife se sont aussi fait refuser des projets de développement. Seule l’Association des francophones du delta du Mackenzie s’est vue remettre un montant de 9000 $ pour l’organisation d’un événement culturel.