Le gouvernement fédéral a déposé la semaine dernière son budget, suscitant des réactions de la part du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et des députés fédéraux du Nord.
Le budget présenté par le gouvernement Conservateur a visé à réduire grandement sa dette et ainsi, 5,2 milliards de dollars seront économisés par des coupures importantes qu’ont décidé les Conservateurs.
Dans ces coupures, il y a plusieurs décisions qui pourraient toucher le Nord et ses citoyens.
Selon le député fédéral de Western Arctic, Dennis Bevington, le budget soumis par le gouvernement fédéral est tout à fait à l’image du Parti Conservateur : plus d’argent pour les entreprises et mois d’argent pour les services.
« C’est un budget en apparence idéale », estime le député néo-démocrate, « mais qui en fait échoue à taxer ceux qui ont les moyens de payer et coupent dans les services. »
La ministre de la Santé et députée du Nunavut, Leona Aglukkaq, préfère plutôt voir le côté stimulant pour l’emploi engendré par le budget.
« C’est un bon budget à mon avis », croit la députée du Nunavut. « Ce budget est une continuité de nos actions économiques. Maintenant, ce budget met l’accent sur le fait de continuer à s’accorder avec l’économie canadienne, créer des emplois et accroître le Canada. »
Sécurité de la vieillesse
Parmi les points importants de ce nouveau budget, le gouvernement a adopté de passer, en 2023, l’âge de sécurité de retraite à 67 ans plutôt que 65 ans.
Cette décision pourrait avoir un impact sur les gens des Territoires du Nord-Ouest, notamment ceux à plus faibles revenus.
On sait entre autres que les chasseurs et les trappeurs font du travail saisonnier et sont souvent obligés de travailler jusqu’à la limite de l’âge de la retraite et le fait de travailler jusqu’à 67 ans pourrait compliquer les choses.
« Absolument ! Cela rend la situation difficile pour les gens à faibles revenus, ce sont eux qui vont souffrir le plus du changement de 65 à 67 ans », déplore Dennis Bevington. « Et nous en avons beaucoup de gens dans cette situation aux Territoires du Nord-Ouest, comme ceux dans les petites communautés. »
Le ministre des Finances des Territoires du Nord-Ouest, Michael Miltenberger, reste tout de même calme face à cette décision, notant qu’elle ne prendra pas effet avant 10 ans.
« L’impact sera dans 10 ans, donc ça va permettre aux gens de se préparer », croit Michael Miltenberger. « C’est une décision du gouvernement fédéral qui va toucher les gens qui ont 54 ans et plus. Il y a des discussions qui sont faites avec les gouvernements des provinces et des territoires pour faire un accord et des arrangements pour ceux qui vont être laissés de côté. Il n’y a pas encore eu de détails, il y a des discussions qui vont venir. Cependant j’écoutais hier soir, au Téléjournal, la Fédération des Aînés et il y a une grande insatisfaction et c’est clair qu’il va y avoir encore beaucoup de discussions sur le sujet. »
Affaires autochtones
Alors que 2% des dépenses attribuées aux Affaires autochtones seront coupées, plusieurs fonds seront tout de même investis pour les autochtones, dont 275 millions pour des programmes éducatifs et pour rénover et construire de nouvelles écoles dans les réserves.
330 millions sur deux ans seront aussi attribués dans l’infrastructure sur les réserves, notamment pour la qualité de l’eau des Premières Nations.
Michael Miltenberger aurait aimé qu’il y ait des fonds qui soient accordés pour les autochtones en-dehors des réserves, mais il est conscient que les enjeux sont différents aux Territoires du Nord-Ouest par rapport au reste du pays.
« Ici c’est complètement différent » croit le ministre des Finances ténois, « et les accords que nous avons avec le gouvernement fédéral, c’est pour l’ensemble de la population autochtone et non-autochtone donc c’est une grande différence avec les fonctions données aux réserves au sud des Territoires du Nord-Ouest. »
Dennis Bevington admet qu’il y a de bons points à ces investissements pour les autochtones en général mais y voit quand même un problème.
« Si l’on regarde avec attention, on réalise que oui ce sont de bons points », affirme le député de Western Arctic, « mais en moyenne, le budget alloué aux Affaires autochtones et au développement du Nord est coupé de 250 millions. Donc si l’on change de programme et que l’on investit 500 millions, d’où est-ce que cet argent vient ? Il provient d’autres programmes existants. Donc ce que l’on remarque, c’est que des programmes des Affaires autochtones et du développement du Nord seront coupés de plus que 250 millions. »
Leona Aglukkaq n’est pas du même avis, estimant plutôt que le développement du Nord sera stimulé par ce nouveau budget Conservateur.
« Je peux dire que le budget qui a été présenté est un budget sur les emplois, sur le développement du Nord et le développement économique », croit la ministre de la Santé. « Le budget pour le Nord, selon moi, est bon. Plusieurs points vont pour le Nord et vont être bénéfiques pour les gens du Nord. »
À titre d’exemples, Leona Aglukkaq nomme le transfert de juridiction pour continuer à faire croître la région, ainsi que la limite de la dette pour le gouvernement des territoires, quelque chose sur lequel le gouvernement fédéral travaille depuis longtemps.
« L’augmentation du plafond de la dette pour les gouvernements des trois territoires sera important pour leurs projets et leurs programmes », ajoute la ministre. « Ils vont devoir prendre des décisions stratégiques sur les projets qu’ils veulent financer et aller de l’avant avec ceux-ci. »
Est-ce que CBC North sera épargné ?
De nouveau, le Parti Conservateur a décidé de s’attaquer à la chaine nationale de télévision et de radio Radio-Canada et son homologue anglais CBC.
Durant les trois prochaines années, la chaine publique verra son budget réduit de 10 % pour un total de 115 millions de dollars.
Dès cette année, Radio-Canada touchera 28 millions de moins et l’an prochain s’ajouteront 42 millions supplémentaires.
C’est quelque chose qui inquiète beaucoup Dennis Bevington puisqu’il espère que CBC North, qui couvre les Territoires du Nord-Ouest, sera épargné.
« Je suis très inquiet pour notre CBC North », avoue-t-il, « parce que je crois que ce sont les stations régionales qui vont recevoir les coups les plus durs plutôt que ses bureaux nationaux. »
Michael Miltenberger affirme quant à lui qu’il regardera avec attention ce qui fera l’objet de coupures chez la chaine de télévision nationale.
« CBC et le service qu’ils offrent sont le réseau du Nord », fait valoir le ministre ténois. « Ils sont dans chacun des communautés et c’est eux que tout le monde regarde et écoute à chaque jour, peu importe où l’on se trouve. Donc nous allons devoir observer ce qui va se passer. Il y a déjà eu une érosion des services de CBC durant les années et cette fois, nous allons de nouveau devoir nous assurer que les services du Nord ne seront pas affectés négativement. »
Dennis Bevington aurait aussi aimé qu’il y ait de l’argent investi dans l’énergie renouvelable.
« Ce que je n’ai pas vu était de l’investissement dans l’énergie renouvelable, une chose qui est vraiment importante en ce moment. Dans le Nord, le coût de l’essence nous fait très mal et ce partout dans le nord canadien, dans des centaines de communautés donc pas seulement aux Territoires du Nord-Ouest. Le fait qu’ils n’investissent pas dans l’énergie renouvelable est simplement extrêmement mauvais. Je crois que c’est le pire budget pour l’environnement que j’aie vu au Canada. »