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le Vendredi 16 août 2013 19:43 | mis à jour le 20 mars 2025 10:39 Politique

Décisions du CRTC? Diversifier les voix à l’écran

Décisions du CRTC? Diversifier les voix à l’écran
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Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a annoncé une série de décisions concernant la distribution obligatoire au service de télévision de base numérique, le 8 août dernier.

Depuis les quatre dernières années, le CRTC a accumulé vingt-deux demandes de la part de différents services canadiens qui désiraient se renouveler, offrir un nouveau service ou obtenir une première ordonnance de distribution. Parmi ces dernières, neuf ont reçu l’heureuse nouvelle de l’approbation de leur demande. Dans son communiqué sur ces récentes décisions, Jean-Pierre Blais, président du CRTC, affirme qu’elles répondent aux besoins des Canadiens : « Les Canadiens de partout au pays auront accès à de la programmation qui répond à un besoin réel et exceptionnel, mais qui ne pourrait pas être disponible partout sans notre intervention. » AMI TV offrira ainsi une programmation télévisuelle française, adaptée aux citoyens canadiens atteints de cécité totale ou partielle. Nouveau TV5 sera sur les ondes dès 2014 avec la chaîne UNIS qui s’adressera à la francophonie canadienne. ARTV devra être offert par tous les distributeurs, dans un forfait discrétionnaire. Enfin, les résidents des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut pourront visionner les débats des deux Assemblées législatives, en français ou en anglais, à partir de leur abonnement télévisuel par satellite. La Chaîne d’affaires publiques par câble (CPAC) a aussi reçu l’approbation afin de renouveler son ordonnance de distribution obligatoire, de même que le Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN).

La perplexité d’un refus
Le refus d’approuver la demande de distribution obligatoire de la chaîne ACCENTS et l’approbation du Nouveau TV5 a certainement semé le doute en Guy Matte, directeur général de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures (FCDC) et président de la chaîne ACCENTS qui devra mettre un terme à son expérience en raison de cette décision. « C’était une tristesse et une déception. Je crois que c’est une décision qui va à l’encontre des intérêts des communautés de langues officielles en situation minoritaire, particulièrement les francophones », souligne M. Matte, qui ne croit pas que la décision du CRTC puisse réellement contribuer à augmenter la visibilité des communautés francophones sur le paysage télévisuel. Selon M. Matte, la chaîne ACCENTS promettait davantage de productions régionales, en plus d’offrir des occasions de formation et d’emploi partout dans les communautés francophones et acadiennes du pays. Il s’avouait perplexe quant à la capacité de TV5 d’en offrir autant grâce à la chaîne UNIS, partie intégrante du Nouveau TV5. « C’est maintenant aux communautés de décider et de voir comment tenir les pieds de TV5 au feu pour s’assurer qu’au moins le minimum qui leur a été promis sera respecté. »
Pour Suzanne Gouin, directrice générale de TV5, interrogée sur ce qu’elle pensait de la possibilité d’une coexistence entre les deux chaînes, il ne relevait tout simplement pas à TV5 d’évaluer cette décision. Elle rappelle que le mandat de TV5 est de refléter la francophonie internationale et canadienne : « Pour véritablement concentrer nos énergies sur un produit et maximiser la production francophone au Canada. » Le Nouveau TV5 présentera la chaîne UNIS, « une fenêtre de découverte » sur la francophonie canadienne, dont le contenu généraliste offrira six fois plus de contenu canadien que ce qu’offre actuellement TV5. Selon Mme Gouin, ses employés sont présentement à travailler sur un plan d’action afin de rallier toute la francophonie canadienne sur une même chaîne et de la représenter. Si le modus operandi n’est pas encore tout à fait établi, Mme Gouin assurait la création d’un comité consultatif, tel que prescrit par le CRTC. Dans son audience devant le CRTC, en avril dernier, TV5 promettait aussi l’ouverture de trois bureaux régionaux (Colombie-Britannique, Prairies et Atlantique). En entrevue, elle a assuré qu’il y aurait « un pourcentage extrêmement élevé de contenu canadien » sur la nouvelle chaîne. « Véritablement, ça va être une chaîne qui leur ressemble, poursuit-elle. [Ce sera] un lien de communication entre les francophones du pays. »
Selon Guillaume Castonguay, agent aux relations médias et porte-parole de M. Blais, les deux décisions n’étaient pas reliées entre elles. M. Castonguay a affirmé que les deux services ont été évalués selon leur propre valeur par rapport aux critères du CRTC : « Il n’y a pas eu nécessairement de choix entre un service ou l’autre. » Il ajoute que les deux services auraient très bien pu recevoir une approbation, s’ils avaient tous deux rempli les critères dont la barre avait été placée particulièrement haute pour cet exercice, selon le communiqué émis par le CRTC.

Parmi les autres projets refusés, mentionnons All Points Bulletin, Canadian Punjabi Network, Described Video Guide, Dolobox TV, EqualiTV, Fusion, Maximum Television Canada, Starlight : The Canadian Movie Channel, Sun News Network, La télévision des ressources naturelles et Vision TV.