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le Jeudi 6 février 2014 12:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:39 Francophonie

Langues officielles Le mécontentement et l’espoir

Langues officielles Le mécontentement et l’espoir
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Les francophones doivent eux aussi faire de l’offre active
 

Du mécontentement envers les services offerts et un certain espoir d’améliorations : ces sentiments étaient prédominants lors de la séance de consultation et d’informations tenues par le Secrétariat aux affaires francophones et la Fédération franco-ténoise (FFT), le 1er février.
Entre 40 et 50 personnes ont participé à la rencontre animée par Roxane Poulin, de Tait Communications, au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles. La séance avait pour objectifs d’informer les francophones sur leurs droits et sur le plan de mise en place de services étendus. Les priorités pour ce dernier sont identifiées grâce aux consultations, dont la dernière aura lieu le 8 février à Hay River.
Après la mise en contexte et les présentations d’usage, les participants, en sous-groupes, étaient invités à commenter l’offre active du gouvernement, c’est-à-dire la manifestation, l’expression que des services sont disponibles en français. Certaines personnes ont noté qu’il serait souhaitable que les employés bilingues du gouvernement soient identifiés ou encore qu’il ne suffit pas de parler français, mais qu’il faut connaître la terminologie appropriée. D’autres ont déploré l’absence occasionnelle de sites Internet gouvernementaux en français, sinon le décalage entre l’information dans cette langue et celle en anglais. Idem pour les formulaires. « Je n’ai jamais vu un formulaire où il était écrit : "préférez-vous recevoir votre documentation en français ou en anglais?", a relevé George Lessard, qui a par ailleurs affirmé que certains employés du GTNO prétendent que leur ministère n’est pas obligé de donner des services en français. » Mauvaise foi, ou ignorance? Il a aussi été dit qu’une campagne d’information sur les services en français ne serait pas inutile.

Priorités
Dans un second temps, Roxane Poulin a demandé à l’assistance d’identifier, à l’intérieur des différents ministères du gouvernement territorial, les services à franciser en priorité, selon une échelle à trois niveaux : les deux prochaines années, de 2016 à 2018 ou à l’avenir. Les résultats de cette consultation seront ajoutés à ceux des autres; le gouvernement s’en servira pour établir une proposition de plan stratégique, qui sera débattue par un comité paritaire.
À la liste proposée des ministères et de leurs services, l’assistance a demandé des ajouts, la curatelle par exemple, et encore un huissier, le soutien au revenu et la promotion et le recrutement de personnel bilingue. Mathieu Gagnon a quant à lui déploré l’absence absolue de services d’éducation spécialisés en français, ce qui fausse l’évaluation des enfants. « C’est quelque chose d’essentiel, a-t-il dit, recevant des applaudissements nourris. » « Pour moi, l’accent dans les priorités doit être mis là où nous sommes le plus vulnérables, a indiqué Alexandre Larouche, un des participants à la consultation. C’est la santé, mais aussi les normes de l’emploi, la régie du logement, le greffe et l’aide juridique. » La plupart des gens ont trouvé facile d’identifier leurs priorités. Ça n’aurait peut-être pas été le cas si on avait ajouté à la liste des ministères les dizaines d’agences et organismes affiliés au GTNO. Certains se sont d’ailleurs plaints de leur absence.

Vigilance
La série de consultations donnera-t-elle des résultats concrets? L’Aquilon a posé la question à huit des personnes dans l’assistance. Elles ont pour la plupart répondu oui, mais avec un optimisme très prudent. Pour un, Jacques-Benoît Roberge croit que les choses s’amélioreront. « Une des façons de le vérifier, a-t-il précisé, sera par l’augmentation du nombre d’employés bilingues au fil des ans. »
« J’ai espoir que certaines propositions seront mises en place, de dire Marie-Ève Duperré, résumant la perception de plusieurs personnes. C’est à tout le monde d’être vigilant. » Martine Gauvin a quant à elle souligné que c’était un gros défi et que pour avoir des résultats, les francophones tout autant que le gouvernement devront changer leur culture.
Des propos analogues à ceux tenus par le président de la FFT, Léo-Paul Provencher, pour qui la mise en application du Plan stratégique sur les communications et les services en français ne passe pas que par le gouvernement, mais aussi par la participation des francophones. « L’écoute active, a-t-il dit, il faut la faire nous-mêmes. » Il a mentionné que les francophones seraient régulièrement consultés sur l’évaluation des résultats dans les quatre prochaines années. « Va falloir participer. Et ça va se passer différemment si vous demandez les choses différemment qu’avant. Il y en a plusieurs qui sont ici depuis longtemps et ont switché du français à l’anglais parce qu’ils voulaient du service plus rapidement. Il y a des choses à changer chez nous. »
Lors de la consultation, plusieurs se sont interrogés sur le processus de plainte pour les manquements aux obligations gouvernementales; nombre d’eux ignoraient que c’est le rôle de la commissaire aux langues officielles de les recevoir. Cette dernière, Snookie Catholique, était absente de la consultation. « Elle a manqué une belle occasion de se faire connaître, a commenté Léo-Paul Provencher. » Quoi qu’il en soit, selon Gilles Amyot, les plaintes devraient être administrées par Services TNO et comptabilisées en lien avec les ministères fautifs. « Autrement, a-t-il dit, j’ai l’impression que ça ne donne rien de se plaindre. »
Léo-Paul Provencher s’est dit satisfait de la qualité des interventions, mais un peu déçu du nombre de personnes ayant assisté à la consultation. Néanmoins croit-il, grâce à la publicité et la promotion, le rayonnement de la cause a dépassé le cadre de cette dernière. Enfin, il a observé qu’il y avait de l’ignorance sur le plan stratégique et sur la nature de l’offre active.