Ramener les diplômés, attirer les immigrants et les fly in/fly out
Le gouvernement fédéral finance les territoires en fonction de leur population. Pour augmenter cette source de revenus, le ministre des Finances des TNO, Michael Miltenberger, propose de hausser la population des Territoires de 2000 personnes en cinq ans.
La population des TNO a diminué de 83 personnes (0,2 %) entre juillet 2012 et juillet 2013, selon le Bureau de la statistique des TNO, cité dans le discours du budget 2014-2015. 178 personnes auraient immigré aux TNO et, pour ce qui est des migrations interprovinciales, 2 847 personnes en sont parties, soit 743 de plus que le nombre de personnes s’y étant installées.
En bref, un bilan négatif. Or, souligne le député de Range Lake, Daryl Dolynny, une bonne façon d’augmenter les revenus territoriaux est la Formule de financement des territoires (FFT). « Chaque nouvel arrivant, affirme-t-il, amène près de 30 000 $ par année au gouvernement. Nous devons avoir une stratégie de croissance de la population. »
À défaut d’avoir une stratégie complètement élaborée, le ministre des Finances Michael Miltenberger a à tout le moins identifié les secteurs à améliorer et quelques éléments de solutions, qui tiennent soit de la rétention de la population, soit de la croissance de l’immigration. Le budget alloué est de 22,6M$; la somme peut sembler modeste, mais le ministre a souligné qu’atteindre sa cible démographique n’était pas tant une question de budget que de planification.
Étudiants, travailleurs
En conférence de presse le 6 février, Michael Miltenberger a dit que moins de 20 % des étudiants revenaient travailler aux TNO après leurs études, ce que Daryl Dolonny qualifie de véritable fuite des cerveaux. Selon lui, le programme d’aide financière pour les étudiants des TNO est plutôt bon, mais des modifications pourraient lui être apportées pour les inciter à revenir. « Il y a un certain nombre d’étudiants qui aimeraient revenir aux TNO, souligne la députée de Frame Lake, Wendy Bisaro, mais ils ont de la misère à se faire engager. Il y a assurément quelque chose à changer dans le mode de recrutement. »
Pour aider à pourvoir les postes vacants et pour retenir les travailleurs, le gouvernement investira 22,6M$ échelonné sur trois ans pour le logement dans les petites collectivités. On anticipe créer 100 logements à louer la première année, et jusqu’à 69 logements supplémentaires ensuite, au moyen de partenariats avec les collectivités ou des promoteurs privés.
En ce qui a trait à l’immigration, Michael Miltenberger a notamment identifié le programme des candidats comme nécessitant des améliorations. « Dans les autres provinces, on n’hésite pas à s’impliquer au plus haut niveau. En Saskatchewan, par exemple, le premier ministre a participé lui-même à une foire de recrutement en Irlande. » Dans L’Aquilon du 8 novembre 2013, plusieurs personnes s’étaient plaintes du peu de personnel de ce programme aux TNO et de leur manque de formation. « Simplemement pour être candidat, observe Nicolas Carrière, coordonnateur du Centre d’accueil francophone d’immigration aux TNO, le délai de traitement peut aller jusqu’à six mois. C’est relativement long. Et le programme territorial engage du personnel à forfait. C’est difficile pour les organismes travaillant sur le terrain d’établir un lien de confiance. »
Le secteur minier
L’analyse de la démographie territoriale n’aurait pas été complète si on avait fait l’économie de la navette aérienne (fly in/fly out), ces mineurs qui retournent chez eux après leur travail dans les mines ténoises. Selon Daryl Dolynny, ils constituent plus de 25 % de la force de travail territoriale. « Nous discutons présentement avec les gens de l’industrie pour trouver une solution, précise Michael Miltenberger, parce que c’est un problème là aussi. Il y a des milliers de personnes qui travaillent ici mais vivent ailleurs; certains sont ici depuis des années mais n’ont jamais mis les pieds aux TNO hors de la mine. Certaines mines ont plus de succès à attirer les gens aux TNO, notamment des travailleurs d’expérience, grâce à des incitatifs. Nous voulons comprendre comment elles font. » Michael Miltenberger a ajouté qu’un crédit d’impôt fédéral sur les transports d’une province à l’autre pour le travail complexifie la recherche de solution.
L’augmentation de la population territoriale semble faire l’unanimité. Il faudra voir les outils qui seront développés pour atteindre cet objectif. « Ça fait longtemps qu’on parle d’augmenter la population, remarque Wendy Bisaro, mais c’est nouveau qu’on le fasse dans le cadre d’un budget. J’aime bien l’idée, mais je porterai un jugement quand je verrai les résultats. » Nicolas Carrière est content que le ministre ait en quelque sorte officialisé la problématique. Quant au député de Range Lake, il soutient que le coût de la vie au TNO, dont le logement abordable, est l’obstacle majeur à la croissance démographique. « Ça restera difficile tant que nous n’aurons pas réglé ce problème, souligne Daryl Dolynny. »