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le Jeudi 29 octobre 2015 11:57 | mis à jour le 20 mars 2025 10:39 Politique

La francophonie canadienne durant l’ère Harper Communication rompue

La francophonie canadienne durant l’ère Harper Communication rompue
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OTTAWA – Au lendemain de l’élection fédérale du 19 octobre dernier, élection qui a couronné le Parti libéral de Justin Trudeau, bien peu d’organismes au sein de la francophonie canadienne ont pleuré la défaite de Stephen Harper et ses troupes.

Néanmoins, ces mêmes organismes se sont tout de même gardé une petite gêne dans leurs déclarations, car même s’il n’est pas nécessaire d’être un fin observateur sur le plan politique pour constater que l’ensemble de la francophonie canadienne penche traditionnellement du côté des libéraux, on souhaite éviter de froisser les mauvaises personnes. En effet, bien qu’un gouvernement libéral majoritaire soit maintenant en poste à Ottawa, les députés et sénateurs d’allégeance conservatrice qui restent pourraient constituer de précieux alliés.

Malgré tout, le retour des libéraux au pouvoir, après presque une décennie d’absence, signifie la fin de l’ère Harper à Ottawa, une période qui n’aura pas été de tout repos pour la francophonie canadienne.

Ces 10 dernières années auront surtout été marquées par un manque de communication entre les communautés francophones et le gouvernement fédéral, un gouvernement à qui l’on a reproché à maintes reprises d’agir sans consulter les communautés au préalable.

D’ailleurs, quand est venu le temps de commenter le résultat des élections du 19 octobre, la plupart des organismes francophones ont exprimé le souhait d’établir un dialogue constructif avec le nouveau gouvernement.

« L’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement signale une approche renouvelée en matière d’appui à la francophonie et aux langues officielles », a prudemment commenté la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Le président de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), Jean Johnson, s’est mouillé davantage, qualifiant « d’excellente nouvelle » l’élection de Justin Trudeau et des libéraux. « Nous avons besoin d’une nouvelle approche en matière de la Loi sur les langues officielles », a-t-il dit.

L’héritage de Harper

Durant ses trois mandats à la tête du pays, Stephen Harper ne se sera pas fait une tonne d’amis au sein de la francophonie canadienne. Son gouvernement a pris des décisions qui ont été décriées publiquement et même contestées devant les tribunaux, mais était-il vraiment le monstre francophobe que certains ont tenté de dépeindre? Retour sur son bilan en matière d’appui aux communautés francophones.

Dès sa première année au pouvoir, en 2006, il pose quelques gestes significatifs.

Tout d’abord, il nomme l’auteur et journaliste Graham Fraser au poste de commissaire aux langues officielles. Celui-ci succédera à la Franco-Ontarienne Dyane Adam et verra son mandat renouvelé en 2013.

Puis, peu de temps après la nomination initiale de 2006, le gouvernement conservateur s’assurera que le nouveau commissaire ne manque pas de travail en abolissant le Programme de contestation judiciaire (PCJ), sur lequel dépendaient les communautés de langue officielle en situation minoritaire pour faire reconnaître leurs droits devant les tribunaux. La FCFA et le commissaire aux langues officielles tenteront en vain de convaincre les conservateurs de revenir sur leur décision, apportant le dossier jusqu’en Cour fédérale.

Pendant que la question du PCJ retient l’attention, les communautés commencent à s’inquiéter de la suite qu’entend donner le gouvernement conservateur au Plan d’action pour les langues officielles, également appelé le Plan Dion. Les organismes porte-parole disent ne pas être suffisamment consultées en vue du renouvellement du plan quinquennal qui doit arriver à échéance en 2008. La ministre Josée Verner finira par dévoiler la Feuille de route pour la dualité linguistique.

Au cours de leur deuxième mandat, de l’automne 2008 au printemps 2011, les troupes de Stephen Harper soulèveront l’ire de la francophonie canadienne à quelques reprises encore.

On se souvient entre autres du refus des conservateurs d’endosser le projet de loi du député néo-démocrate Yvon Godin, qui aurait fait en sorte que le bilinguisme devienne un critère de sélection pour les juges siégeant à la Cour suprême du Canada. Des changements importants ont aussi été apportés au recensement, un outil qui permettait de dresser un portrait démographique plutôt juste de la population francophone vivant à l’extérieur du Québec.

Enfin, le dernier mandat aura été celui des rondes de compressions à Radio-Canada et du financement parfois tardif et souvent jugé insuffisant des organismes visant à représenter et à défendre les intérêts des minorités linguistiques.

Difficile de prédire si les libéraux afficheront un bilan plus reluisant dans quatre ans. Chose certaine cependant, les organismes porte-parole souhaitent trouver une oreille plus attentive et sensible à leurs besoins auprès du nouveau gouvernement.