Le Parlement jeunesse siège avec un gouvernement 100 % féminin.
Alors qu’on réfléchit aux meilleures solutions pour augmenter la représentation féminine à l’Assemblée législative, seulement trois hommes faisaient partie des élus lors du Parlement jeunesse qui a eu lieu à Yellowknife le 9 mai dernier. Et aucun d’entre eux n’était membre du Cabinet.
Ce ratio hommes/femmes reflète simplement les inscriptions à l’activité, de dire la gestionnaire des affaires publiques et des communications de l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, Danielle Mager.
Le signe d’une future Assemblée législative mieux équilibrée ? À voir. D’ici là, certaines choses, elles, ne changent pas, à savoir le fait de voter en bloc au gouvernement.
En effet, lors de l’activité, qui a pour but de « sensibiliser les jeunes du Nord au gouvernement de consensus, en mettant l’accent sur les activités de l’Assemblée législative […] », le Cabinet a unanimement voté contre une motion émanant de Stella Smyslo voulant que chaque école secondaire des TNO soit pourvue d’un conseiller psychologique pour faire face au problème croissant de santé mentale chez les jeunes.
Liberté de conscience
Le Cabinet a-t-il voté en bloc par esprit de corps ou parce que chaque membre était véritablement contre la motion ?
La réponse de Crystal Kisakye ne manque pas de charme, et celle qui la formule a clairement un avenir en politique. Elle y songe d’ailleurs.
« Nous devons faire les deux », dit-elle.
Selon elle, les membres du Cabinet doivent confronter leurs propres idées à l’analyse de leurs collègues afin de les améliorer.
« Au départ, explique quant à elle Cassidy Lennie-Ipana, certaines personnes dans le Cabinet étaient d’accord avec la motion, mais ensuite, il y avait des détails problématiques et le financement était aussi un problème. […] S’ils avaient reformulé la motion, je l’aurais appuyée. »
Stella Smyslo exprime un dilemme apparemment insoluble : « Des gens de différentes régions élisent des personnes pour représenter leur perspective. La tension de voter en groupe enlève un peu cette perspective. Je comprends que le Cabinet vote en bloc, mais je crois que c’est vital que les députés expriment leur propre opinion. »
Projection
La simulation parlementaire, assez élaborée et comportant l’assistance de quelques députés, a permis aux étudiants d’appréhender les pressions auxquelles ceux-ci ont à faire face et, en dernière analyse, de voir cette machine de l’intérieur.
« Je comprends comment c’est difficile d’avoir une réputation complètement positive en tant que politicien, observe Stella Smyslo, à cause des choix incroyablement difficiles qu’il faut faire tous les jours. […] Il y a toutes ces causes incroyables, mais il n’y a simplement pas assez d’argent pour tout faire. C’est fou comment il faut tout prioriser. […] Il y a beaucoup de réalités et de situations que je n’avais jamais considérées avant de joindre ce programme. »
Émilie Gaudreault, de l’école Allain St-Cyr, a été désignée comme ministre de la Santé et des Services sociaux.
De son propre chef, elle a décidé de faire ses interventions en français et en anglais. Elle proposé un projet de loi proposant la création d’un comité sur les avantages financiers et environnementaux de développer un parc d’éoliennes.
Si Émilie a aimé l’expérience, elle n’anticipe pas d’en faire une carrière, la vie publique ne semblant pas lui seoir.
« À l’Assemblée, dit-elle, c’était plus stressant, parce que tu peux voir la caméra de l’autre côté de la salle, et tu sais que d’autres personnes écoutent, et que ce ne sont pas les gens dans la salle. Ça ajoute plus de pression. »
Consensus
Abigail McDonald a aussi trouvé stressante la session parlementaire. L’étudiante bilingue de Sir John Franklin a par contre eu beaucoup de plaisir.
« J’ai rencontré beaucoup de personnes très gentilles, et je me suis fait beaucoup d’amis », dit celle qui a joué le rôle du premier ministre, étant donné qu’elle représentait la circonscription de Bob McLeod, Yellowknife Sud.
Et le gouvernement de consensus ?
« Je pense que ça fonctionne bien pour les Territoires du Nord-Ouest, analyse la première ministre d’un jour, mais à Ottawa, ça devrait rester comme c’est là. »
Il s’agissait de la 17 édition du Parlement Jeunesse. Les 19 étudiants ont été choisis sur 22 candidatures par un comité composé de membres de l’équipe du bureau du Greffe et du bureau du Président de l’Assemblée.