La première ministre Caroline Cochrane appelle les élus des collectivités des TNO à ne pas ériger de points de contrôle routier pour inspecter les automobilistes qui souhaitent accéder à leurs collectivités.
L’instauration de tels barrages routiers aux portes de collectivités outrepasse l’autorité du GTNO dans le cadre de l’état d’urgence. En effet, seul le gouvernement territorial a le pouvoir d’émettre et de faire appliquer les règles.
« L’état d’urgence d’un territoire surpasse tous les autres états d’urgence sur le territoire, explique Ivan Russel, directeur de la sécurité publique. En ce moment, l’ensemble des directives émises par le GTNO s’applique à toutes les collectivités. Elles n’ont pas le pouvoir d’imposer les leurs. »
« Les collectivités ont peur, mais on ne peut pas prendre de décisions fondées sur la peur. Nous le plaidons clairement à toutes communautés : s’il vous plait, n’installez pas de barrages, ne faites pas de contrôles routiers », a affirmé la première ministre, appelant plutôt les leadeurs à s’assurer que leurs résidents respectent les mesures d’isolement social.
« Je suis inquiète des risques, du potentiel de violence entourant la présence de personnes qui sont seules sur place et qui n’ont pas l’autorité de s’y trouver », a-t-elle indiqué.
On ne compte pas démanteler les installations en place pour l’instant. La première ministre a dit favoriser la discussion avec les chefs des collectivités pour trouver les meilleures solutions afin d’assurer la sécurité des résidents.
Ces déclarations font suite à l’installation d’un barrage routier le 3 avril à Fort Resolution, après qu’une fuite d’information sur Facebook a révélé qu’une personne atteinte du coronavirus se trouvait dans cette collectivité.
La publication, partagée plusieurs centaines de fois, semble être rédigée par le chef de la Première Nation, Louis Balsillie. Il y exprime une colère de ne pas avoir été informé par le gouvernement de la présence de la maladie dans la collectivité. « Comment puis-je assurer la sécurité de ma collectivité si l’on ne m’informe pas », s’énerve le chef.
Protection de la vie privée
L’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Kami Kandola, a réitéré en point de presse, le 4 avril, que toutes informations personnelles entourant les personnes atteintes de la COVID-19 et leur lieu de résidence ne seront pas dévoilées publiquement. « Nous avons deux mandats à la Santé publique : protéger la santé et protéger les droits de la personne », a-t-elle souligné.
« Qu’une personne soit atteinte dans votre communauté, ou non, les règles et recommandations d’isolement social demeurent les mêmes, rappelle l’administratrice. Nous devons être vigilants en tout temps. »
Dre Kandola indique que le fait de divulguer l’identité d’un patient expose cette personne à l’intimidation. L’administratrice en chef indique que si une personne devait être intimidée à la suite d’un diagnostic positif, cela pourrait avoir pour effet de dissuader des personnes potentiellement infectées de se faire dépister par crainte de représailles.
Caroline Cochrane prend le relai
La première ministre annonçait le 7 avril qu’elle prend en charge le ministère des Affaires municipales et communautaires, normalement assuré par la ministre Paulie Chinna, dans le but de coordonner les efforts face à la pandémie. Mme Chinna conserve son poste de ministre responsable du logement et responsable de l’itinérance.
Mme Cochrane a maintenant le pouvoir de faire appliquer la Loi sur la gestion des urgences. « Puisque je suis la première ministre, que mon rôle est de m’occuper du conseil exécutif, de m’assurer que tous les ministères travaillent ensemble, il était logique que la première ministre prenne cette responsabilité », a-t-elle expliqué.
« Je dois également souligner que nous sommes un nouveau gouvernement, en place depuis seulement cinq mois, a-t-elle ajouté. Non seulement les ministres s’occupent de nouveaux portefeuilles, dans un nouveau gouvernement, mais nous devons maintenant faire face à la pandémie COVID-19, et ce, à nos débuts. »
Mme Cochrane a ajouté que, dans le nouveau gouvernement actuel, elle demeure la plus expérimentée, elle qui a déjà occupé le rôle de ministre des Affaires municipales et communautaires sous le gouvernement de Bob McLeod.
Resserrement des règles
Lors d’un second point de presse, le 8 avril, il a été annoncé qu’un « groupe de travail » – c’est-à-dire une sorte de police spéciale de la pandémie – a été mis en place pour mettre en application les arrêtés de la Santé publique. Une trentaine d’agents issus de différents ministères seront nommés à travers le territoire pour faire respecter les règles.
Au moment de mettre sous presse, seules les infractions relatives aux règles d’auto-isolement constituaient une infraction aux arrêtés, mais l’administratrice en chef de la santé publique a indiqué qu’un nouvel arrêté concernant les rassemblements est en préparation. Lorsque cette disposition sera en place, recevoir des invités à la maison pourrait constituer une infraction à la loi punissable par une amende de 10 000 $ ou par six mois d’emprisonnement.
« Si vous désobéissez aux ordonnances de l’administratrice en chef de la santé publique, nous sévirons », a mis en garde la ministre de la Santé et des Services sociaux, Diane Thom.
Le 8 avril, on dénombrait cinq cas avérés de COVID-19 aux TNO, dont une personne ayant guéri de la maladie. 1 294 résultats de tests de dépistage négatifs ont été reçus, alors que 107 Ténois attendaient leurs résultats.