« Une victoire est une victoire et je la prends » – Michael McLeod
Le libéral Michael McLeod a réussi à se faire réélire lundi dernier lors du scrutin fédéral : celui qui représente les Territoires du Nord-Ouest depuis 2015 siègera à la Chambre des communes du Canada pour un troisième mandat. Mais cette victoire a été bien plus serrée que les précédentes.
L’équipe de la campagne de Michael McLeod avait donné rendez-vous aux médias à l’hôtel Stanton Suites lundi à 20 h 30. Les journalistes, une dizaine, étaient plus nombreux que ses membres. Restrictions COVID obligent. Ambiance ? Pas du tout festive et tout le monde a passé la soirée rivée à un ordinateur ou à un téléphone à attendre le dépouillement des bureaux de scrutin.
« Ç’a été une longue journée, mais une nuit excitante, a dit l’élu, lorsqu’il a enfin pris la parole, peu après minuit, visiblement fatigué. C’était une course serrée et je suis content du résultat, même si j’aurais aimé avoir plus de votes en ma faveur. »
L’avance de Michael McLeod sur son plus proche rival ne se compte plus en milliers, mais en centaines. Il a remporté les élections de 2015 avec 48,3 % du vote (3389 bulletins de plus que le NPD en 2e position), puis celle de 2019 avec 39,7 % du vote (2310 votes de plus que les conservateurs en 2e position). Cette fois-ci, il a récolté 38,2 % des votes avec seulement 829 bulletins de plus que Kelvin Kotchilea du Nouveau Parti démocratique (NPD).
« Quand on entre dans une élection, on veut gagner. Si on gagne avec une grosse avance, c’est bien ! », a-t-il dit, en augmentant l’accent sur le dernier mot. « Si c’est avec un petit nombre, ça demeure bien », a-t-il continué, avec un « bien » qui sonne plus modeste.
Le taux de participation des électeurs a, lui aussi, chuté : d’un peu plus de 63 % en 2015 (moyenne nationale de 68 %), à près de 54 % en 2019 (moyenne nationale de 67 %), à seulement environ 47 % (moyenne nationale de 61 % alors qu’il reste des votes par la poste à dépouiller).
La pandémie et l’éclosion actuelle aux TNO peuvent surement être pointées du doigt pour expliquer le faible taux de participation.
Cette élection a d’ailleurs été « très différente et très difficile », a ajouté le politicien aguerri. « Il n’y a rien pour remplacer les rencontres en personne, cogner à la porte des gens et leur parler », a-t-il dit. Celui qui faisait campagne pour sa 14e élection à vie n’a pas, entre autres, pu visiter des collectivités où il avait été invité à cause de l’éclosion aux TNO.
Questionné sur le peu de voix le séparant du NPD, il a répondu que « plusieurs partisans ont pris pour acquis » qu’il gagnerait avec une « marge importante » sur ses rivaux. « Un grand nombre de personnes m’ont téléphoné pour me dire : “On sait que tu vas réussir. Tu n’as pas besoin qu’on aille voter, on va plutôt aller chasser l’original !” », a-t-il dit, avant d’ajouter que Kelvin Kotchilea a aussi « travaillé fort et fait une bonne job » durant sa campagne électorale.
Il a d’ailleurs profité de sa tribune pour remercier les autres candidats en énumérant leur nom : Jane Groenewegen, Kelvin Kotchilea, Roland Laufer et « la dame de Thunder Bay », a-t-il affirmé en riant, déclenchant des esclaffements dans la salle. La candidate conservatrice, Lea Mollison, a en effet été parachutée par son parti alors qu’elle n’a jamais mis les pieds aux Territoires du Nord-Ouest. Celle-ci a brillé par son absence durant la campagne. « Ça a permis des discussions intéressantes ! », a-t-il lancé, sourire en coin.
Michael McLeod a par contre déploré que Kelvin Kotchilea n’ait pas pris les devants pour reconnaitre sa défaite le soir même. « On a attendu en vain une réaction et ce n’était pas agréable », a-t-il dit.
Ce scrutin de plus de 600 millions $, le plus cher de l’histoire du Canada, a donné un gouvernement minoritaire similaire à celui en place avant la dissolution du Parlement. Au moment de mettre sous presse, le parti libéral avait 158 députés en tête ou élus (des résultats se font toujours attendre en raison du dépouillement du vote postal). Justin Trudeau a ainsi raté son pari de remporter un gouvernement majoritaire pour avoir les coudées franches.
Questionné à savoir si ces élections, menées en pleine quatrième vague de COVID-19, valaient la peine, Michael McLeod a répondu que l’histoire montre que n’importe quel gouvernement minoritaire « tente d’améliorer sa situation » après quelque deux ans au pouvoir.
Justin Trudeau, très critiqué pour avoir déclenché ces élections, a par ailleurs fait une sorte de mea culpa lundi soir : « Je vous ai entendus : ça ne vous tente plus qu’on parle de politique et d’élections. Vous voulez qu’on se concentre sur le travail qu’on a à faire pour vous. »
Michael McLeod s’est dit, lundi, « impatient » de se remettre au travail. « Certaines choses commencent à être très urgentes. On doit sortir de la COVID, rétablir l’économie, lutter contre les changements climatiques et avancer sur les enjeux autochtones », a-t-il affirmé, en reconnaissant que son parti devra travailler avec les autres.
Et celui qui s’était dit « déçu » en novembre 2019 de ne pas avoir été choisi comme ministre fera-t-il son entrée au cabinet ? « Je suis prêt et j’espère toujours être nommé ministre, a-t-il répondu. Mais ce n’est pas la fin du monde si je ne le suis pas. Ce n’est pas la raison principale de mon engagement. Je suis dans la course d’abord pour être un membre du Parlement. Ne pas avoir de portefeuille ministériel, ça me permet aussi de me concentrer entièrement sur les Territoires du Nord-Ouest. »
Il a dit vouloir s’attaquer en priorité aux « pénuries sur plusieurs fronts » que l’éclosion de COVID-19 aux TNO a mis de l’avant, que ce soit au niveau des établissements de santé ou du personnel médical.