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le Vendredi 11 février 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Santé

Toubib or not toubib ? Pénurie de médecins

Toubib or not toubib ? Pénurie de médecins
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Le ministère de la Santé et des Services sociaux et l’Association médicale des T.N.-O. ont entamé des discussions au cours des dernières semaines, afin de faire face à la pénurie de médecins dans la région.

Les rencontres entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et l’Association médicale visent à trouver des solutions pour contrer l’exode des spécialistes et assurer une relève à long terme. La sous-ministre de la Santé, Penny Ballantyne, avance l’idée d’embaucher les docteurs à contrat tout en leur donnant la possibilité de pratiquer leur profession selon le mode fonctionnement actuel, soit la rémunération à l’acte. Pour le moment, les discussions en sont au stade préliminaire.

Le but visé par cette série de rencontres entre le GTNO et les professionnels de la santé est d’assurer un meilleur service à la population. « Avant, une personne pouvait téléphoner à la clinique le matin et obtenir un rendez-vous l’après-midi. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », déplore la sous-ministre. Actuellement, il y a un docteur (toutes spécialités confondues) pour 1000 habitants dans les T.N.-O. alors que la moyenne nationale se situe à environ un médecin pour 550 habitants.

L’une des principales difficultés qui surviennent lors du recrutement de personnel médical réside dans les dures conditions de travail offertes aux praticiens. « Le nombre de médecins est insuffisant et ceux et celles qui travaillent dans la profession sont débordés. Certains travaillent en moyenne 60 et 70 heures par semaine. Dans ces conditions, le recrutement s’avère une tâche difficile », souligne Mme Ballantyne. « Il faudrait instaurer une semaine de travail plus courte et offrir des avantages salariaux aux médecins », ajoute-t-elle. En 1996, la région de Yellowknife comptait 14 médecins alors qu’une étude évaluait à 26 le nombre requis pour desservir ce bassin de population.

« Il y a de moins de moins de médecins de famille dans les T.N.-O. », regrette le Dr David King, président de l’Association médicale des T.N.-O. Ce dernier a travaillé à Fort Smith en 1982-1983 et a choisi de revenir vers le Grand Nord pour s’établir à Yellowknife où il réside depuis 4 ans. Son retour est imputable non pas aux conditions de travail qui prévalent dans le Grand Nord, mais plutôt aux bons souvenirs qu’il a gardés de sa première expérience. « J’aime le Nord, par contre la charge de travail est très lourde », affirme le Dr King, qui travaille entre 55 et 60 heures par semaine.

« Pour les jeunes médecins aspirant à une vie de famille, la semaine de 35 ou 45 heures est une priorité », croit Dr King. « On devrait non seulement recruter des médecins mais aussi leurs familles », poursuit-il. Parmi les propositions soulevées pour attirer la relève, le président de l’Association médicale suggère le travail salarié, un plan de retraite détaillé et des vacances payées.

Pour d’autres professionnels de la santé, le travail salarié n’est pas forcément la solution.

« Le système à honoraires a ses avantages. Si je ne travaille pas fort, je ne mérite pas beaucoup de sous. Si je travaille comme un diable dans l’eau bénite, j’en mérite beaucoup », s’exclame le Dr Isabelle Samson. « La flexibilité de cette profession libérale qu’est la médecine doit se refléter dans la pratique quotidienne. Toutefois, aux T.N.-O., le paiement à l’acte n’est pas compétitif. À l’heure actuelle, la clinique récolte un certain pourcentage sur chacune des activités hospitalières du médecin rémunéré à l’acte. Le montant perçu correspond à 30 ou 40 % du montant total versé au médecin pour une activité hospitalière définie. Les sommes amassées permettent d’assumer les frais de bureau et de roulement de la clinique. À cela s’ajoutent bien sûr les impôts », souligne le Dr Samson.

Les frais de bureau sont répartis sur le nombre de médecins exerçant leur profession dans une même clinique. « Si l’on embauche davantage de médecins, la clinique sera moins coûteuse à opérer et la charge de travail moins lourde pour le personnel médical en place », propose le Dr Samson.

« Il faut aussi reconnaître le travail en régions éloignées et ses implications : les coûts d’opération sont plus élevés. Également, certaines personnes ont de la famille dans l’Est, mais le prix des billets d’avion est dispendieux. Offrir aux travailleurs des réductions de prix sur le transport aérien pourrait éventuellement faciliter le recrutement », soutient-elle.

Présentement, il incombe aux cliniques privées et au GTNO d’effectuer la recherche de personnel ; une charge de travail supplémentaire. Une docteur de Calgary, qui a travaillé 17 ans à Hay River, a été engagée à temps partiel par le gouvernement afin de s’assurer du recrutement de nouveau personnel. C’est une façon d’attirer des professionnels. Une autre solution envisagée par le Dr King concerne l’embauche de jeunes finissants en médecine. « On pourrait mettre en place un programme de bourses visant à encourager la venue de nouvelles recrues. Les bourses, qui serviraient à payer les frais universitaires pourraient être financées via les divers programmes gouvernementaux. Les étudiants devraient par la suite s’engager à venir travailler dans le Grand Nord », soutient Dr King.