L’histoire que je vais vous raconter est la plus extraordinaire que j’ai vécue jusqu’à présent. Elle a commencé à Yellowknife il y a près de 2 ans. En effet, c’est dans la capitale que l’on m’a annoncé la venue de mon premier enfant. Comme bien des femmes, je me doutais bien de la nouvelle avant la tombée du diagnostic médical.
Depuis que je suis toute petite fille, j’avais une idée de ce que serait la naissance de mes enfants. Idée farfelue pour certains, pour d’autres innovatrice. À aucun moment je n’ai douté et comme par magie, tout est arrivé comme prévu.
La plus fabuleuse révélation est presque passée sous mon nez. Heureusement que mon copain était moins absorbé que moi pour pouvoir observer mon nouvel environnement. Il m’a fait remarquer que juste au-dessus de mon nouveau lieu de travail se trouvait une clinique de sage-femme. Le nom, Child Earth Resources, m’interpella dès le début et je me promis de prendre quelques minutes pour aller y chercher de l’information. Je rencontrai donc pour la première fois la sage-femme Lesley Paulette en juillet 1999.
Notre première rencontre servit à m’informer des possibilités qu’elle offrait. Au T.N-O., lorsque nous sommes enceinte, les choix sont plutôt limités. Les femmes des petites communautés doivent aller accoucher soit à Yellowknife, soit à Inuvik, dépendamment de la proximité de ces établissements. Les autres hôpitaux ne possèdent pas les installations requises pour des accouchements sécuritaires. Les femmes sont donc transférées vers ces grands centres. Dans le cas d’un premier accouchement, l’ordonnance médicale consiste à se rendre au centre hospitalier deux semaines avant la date prévue de la naissance.
La philosophie proposée par Lesley Paulette m’a tout de suite intéressée. Elle supporte les femmes dans leurs prises de décision afin qu’elles fassent des choix éclairés pour elles-mêmes et leur bébé. Elle s’engage à donner des soins continus, ce qui inclus les soins prénataux, l’accouchement et un accompagnement durant les six premières semaines de vie de l’enfant. Elle approuve et encourage un accouchement naturel, persuadée qu’il est sécuritaire et bénéfique. Finalement, elle perçoit la naissance non pas comme un évènement médical, mais bien comme une profonde expérience dans la vie d’une femme, de son bébé et de la famille toute entière.
Avec mon partenaire, l’accompagnement de Lesley et le respect de mes convictions profondes, j’ai fait le choix de donner naissance à mon enfant à la maison, entourée des gens avec qui je voulais partager cet événement. J’ai même pu accoucher dans l’eau. Nous avions bien étudié la question, pesé le pour et le contre. Mais la confiance que j’ai en la vie était telle que je désirais que cette naissance se déroule comme je l’avais si souvent rêvé.
Samuel, 8 lbs et 11oz., est né à la maison, le 11 février 2000. Comme des milliards de femmes, la naissance s’est déroulée sans aucun problème. Si l’expérience était à refaire, je n’hésiterais pas un instant. C’est un choix personnel certes, mais qui est fait en fonction des possibilités offertes. Les femmes des T.N.-O. ont maintenant l’occasion de vivre cette expérience soit de façon conventionnelle, soit de façon traditionnelle. C’est important de pouvoir faire ce choix, de pouvoir prendre des décisions éclairées et d’aller au bout de nos convictions. Très bientôt, une troisième option s’offrira à nous, puisqu’un centre communautaire des naissances verra le jour dans les environs de Fort Smith. Ne manquez pas mon prochain article « Vivre à Fort Smith », concernant cette innovatrice aventure qu’est le Nik’e Niya Community Birthing Centre.