L’Association médicale canadienne (AMC), organisation représentant les 52 000 médecins du Canada, a choisi Yellowknife, la semaine dernière, pour annoncer la création d’un comité national sur la santé des Autochtones. Ce comité a pour mandat, avec une vision à long terme, de mettre sur pied une stratégie visant à améliorer la santé des peuples autochtones du Canada.
Pour Stanley Vollant, chirurgien montagnais natif de Betsiamites, réserve innue près de Baie-Comeau, au Québec, les chiffres ne mentent pas. « Le taux de suicide chez les Autochtones est de six à sept fois plus élevé que dans la population blanche, le taux d’obésité est de trois à quatre fois plus élevé, les maladies cardiaques sont passée de la 4e à la 1ère< span lang=EN-US style='color:windowtext'> cause de mortalité et 70 pour cent de la population autochtone fume », de lancer d’un trait celui qui assume la présidence de ce comité et qui est président de l’Association médicale du Québec.
Le problème d’obésité amène aussi des problèmes de diabète, causés, selon le Dr Vollant, par un changement de style de vie au cours des dernières décennies. Si bien, qu’alors que l’espérance de vie d’un Canadien blanc est de 78 ans, celle d’un Autochtone n’est que de 68 ans. « La situation est encore moins bonne pour les communautés au Nord », d’ajouter le Dr Vollant.
« Le comité devra éviter de tomber dans le piège d’imposer une solution pour tout le monde. Les populations autochtones ne sont pas toutes pareilles », de faire valoir le Dr Vollant qui est vu comme un modèle de réussite dans sa communauté. « Nous devrons trouver des programmes novateurs qui respecteront la culture et les traditions des principaux intéressés en fonction de leur réalité et éviter de leur parachuter des solutions du sud », ajoute-t-il.
Le nouveau comité qui a pour mandat de revoir les recommandations émises par l’AMC, en 1993, à la suite de la Commission royale sur les peuples autochtones, aura aussi à collaborer avec d’autres organismes ayant les mêmes intérêts comme l’Organisation nationale de la santé autochtone. Déjà, une lettre d’intention est parvenue à cet organisme. Le secteur de la santé des Inuits et des Premières nations de Santé Canada sera aussi appelé à collaborer.
M. Vollant voit déjà certaines stratégies pointer à l’horizon, premièrement en ce qui a trait aux effectifs professionnels. « Il faudra convaincre et former des professionnels autochtones et favoriser leur accès aux études supérieures, sensibiliser les médecins du Sud aux problèmes du Nord pour mieux les préparer et faciliter leur entraînement avant qu’ils viennent dans le Nord. Ici, on soigne de tout, alors que dans le Sud, on finit souvent par se spécialiser. Ici, un généraliste peut même être appelé à pratiquer une césarienne », d’expliquer le Dr Vollant.
Le médecin croit que la possibilité de liens avec les organisations représentant les infirmières pourrait être explorée. « On ne veut pas s’immiscer, mais il y a aussi des liens à faire. On ne doit absolument pas s’imposer », de mentionner celui qui voudrait créer des liens avec les écoles afin de faire de la prévention en matière de santé et de convaincre des Autochtones de se diriger vers des études supérieures.
M. Vollant croit que l’un des grands défis du projet national sera d’assurer la viabilité du programme. « Les gouvernements ont souvent une vision à court terme, définie sur quatre ans. On veut dépasser ça et mettre sur pied un programme durable et viable », de lancer celui qui veut explorer « tout ce qui se fait déjà en milieu autochtone. On pourrait y trouver des outils pour d’autres praticiens qui sont en milieu autochtone et les adapter à leur réalité », d’expliquer le chirurgien.