La FFT demande que des actions soient prises afin que le système de santé aux T.N.-O. offre des services en français, sans que soit nécessaire de modifier la Loi canadienne sur la santé.
« Les soins d’ici sont excellents pour la majorité anglophone », a déclaré le directeur-général de la Fédération Franco-TénOise, Daniel Lamoureux, devant la Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada, qui était de passage à Yellowknife la semaine dernière. Ajoutant que les Territoires du Nord-Ouest font face aux mêmes problèmes de recrutement et de rétention de personnel que les autres provinces, Daniel Lamoureux a fait face à un Commissaire Roy Romanow dubitatif.
L’absence de recommandations concernant la Loi canadienne sur la santé dans le mémoire de la FFT a soulevé des questions chez le commissaire. « Est-ce que les problèmes sont à cause des termes de la Loi ou à cause de l’interprétation de la Loi ? » a-t-il demandé, faisant référence aux propositions de modifications qui ont été déposées par d’autres groupes de défense des droits linguistiques, telle la Fédération des communautés francophones et acadiennes.
L’organisme national, qui représente les droits des francophones hors Québec, a déposé son mémoire le mois dernier à la Commission, demandant clairement à ce que la dualité linguistique soit reconnue dans la Loi canadienne sur la santé. S’appuyant sur le cas de l’hôpital Montfort, qui est dorénavant assuré de sa survie depuis le jugement de la Cour d’appel de l’Ontario, en février dernier, la présidente de S.O.S. Montfort, Gisèle Lalonde, a exprimé par voie de communiqué que cette demande a pour but « d’éviter de mener des batailles semblables à celles de Montfort dans chacune des régions du pays pour obtenir des services adéquats. »
La bataille juridique du seul hôpital universitaire francophone de l’Ontario a duré cinq années, au cours desquelles l’institution a été menacée de sérieuses coupures dans la prestation de ses services par le gouvernement Harris. Le jugement de la Cour d’appel de l’Ontario a démontré que la démarche du gouvernement ontarien allait à l’encontre de la Charte des droits et libertés et du droit qu’ont les minorités francophones d’obtenir des soins dans leur langue.
Le commissaire Romanow a tenu à remercier la FFT pour son mémoire, qui contient des recommandations précises. « Ce sont des recommandations très importantes car elles sont spécifiques et très claires. Elles pourraient s’appliquer ailleurs que dans le Nord. »
Le mémoire de la FFT propose la production d’un répertoire des omnipraticiens opérant aux T.N.-O. et s’exprimant en français et la mise sur pied d’un service téléphonique et d’un site Web axés sur l’information et la consultation. Le document suggère également l’ouverture d’une clinique multidisciplinaire bilingue dans le futur centre communautaire de Yellowknife et exprime le besoin de deux spécialistes itinérants, un infirmier et un travailleur social, qui pourraient se rendre tous les mois dans les communautés de Fort Smith, de Hay River, d’Inuvik et de Yellowknife. D’après le mémoire, la mise en place de ces mesures repose sur une étroite collaboration entre les gouvernements et la communauté.
L’organisme ténois a présenté une série d’arguments qui vont « d’une loi fédérale discriminatoire qui soustrait aux francophones du Nord des droits linguistiques dont bénéficie l’ensemble des Canadiens » à l’absence de service en français qui favorise l’assimilation. Le mémoire soulève la possibilité qu’une erreur de diagnostic pourrait être causé par un médecin ne s’exprimant pas dans la même langue que son patient.
La FFT estime que la Loi canadienne sur la santé n’a pas besoin de modifications. « Nous pensons que la Loi en soi est correcte. Il suffit juste qu’elle soit appliquée et qu’on tienne compte de la primauté de la Loi sur les langues officielles sur toutes les autres lois », a déclaré Daniel Lamoureux, défendant son rapport.
La Loi canadienne de la santé prévoit que tous les Canadiens et Canadiennes puissent avoir accès à un système de santé intégral, universel, géré par des fonds publics, accessible et permettant le transfert des soins d’une province à l’autre. Le débat entourant le financement des soins de santé a atteint son acuité avec le projet du gouvernement albertain, qui veut autoriser la présence de services privés, ce qui pourrait ouvrir la porte à un système de santé à deux vitesses. Ce dossier est l’un des principaux leitmotivs des organismes qui ont présenté leur mémoire à la Commission au cours des derniers mois.