La poussière soulevée après le dépôt du rapport Romanow n’est pas encore retombée que les collectivités du Nord expriment déjà leur joie.
« Notre voix a enfin été entendue », s’est exclamé le vice-président exécutif régional pour la région du Nord de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Jean-François Des Lauriers, quelques minutes après la fin de la présentation du rapport Romanow, le 28 novembre dernier. Des représentants de divers groupes de défenses des citoyens se sont rassemblés ce matin-là pour entendre ce que le commissaire Roy Romanow avait à dire. L’unanimité était palpable. Les derniers mots de la présentation ont reçu des applaudissements.
Malgré le débat qui fait rage présentement au sein des provinces sur le contenu du rapport, les collectivités du Nord trouvent leur compte dans ce document qui présente 47 recommandations. Les mémoires déposés en mai dernier demandaient plus d’investissements en régions rurales. Le commissaire a pris bonne note de ces demandes et a proposé la création du Fond d’accès des collectivités rurales et éloignées. Ce Fonds recevra 1,5 milliard de dollars sur deux ans, pigé à même un fond provisoire de 9 milliards de dollars qui sera débloqué pour les deux prochaines années afin de colmater les brèches dans cinq secteurs critiques de la santé.
« Nous sommes une région économiquement défavorisée, à cause de notre petite population éparpillée un peu partout dans des petites communautés », a indiqué Jean-François Des Lauriers, qui affirme ne pas avoir ressenti autant de joie depuis l’adoption de la Loi sur les soins médicaux, en 1968. Ça va nous prendre un peu de temps avant de vraiment comprendre tous les aspects du rapport, mais en général, M. Romanow a remis les pendules à l’heure. »
Le rapport Romanow fait clairement mention de la difficulté d’offrir des services de soins de santé dans les régions rurales. Tant l’éloignement des collectivités des centres de traitement que les problèmes de recrutement et de maintien en poste des spécialistes défavorisent une partie de la population canadienne. Le Fonds servira, entre autres, à répondre aux besoins en matière de recrutement de professionnels et à étendre de plus en plus l’utilisation de la télésanté, un système déjà utilisé aux Territoires du Nord-Ouest. Cette initiative s’ajoute à la proposition de création d’une agence de ressources humaines en santé, initiative qui plait beaucoup à l’Association des infirmiers et des infirmières des T.N.-O. « Nous sommes heureux que Romanow ait reconnu l’importance du problème des ressources humaines et le besoin de fonds supplémentaires pour faire augmenter le nombre de professionnels, a indiqué la présidente de l’Association, Sylvia Stard. Nous pourrons faire la promotion de la santé plutôt que gérer des problèmes en aval. »
Les recommandations touchant la santé des Autochtones ont également réjoui les intervenants. Le rapport suggère que tous les fonds alloués à la prestation de programmes et services aux Autochtones soient consolidés, pour améliorer l’accès aux services. Le commissaire recommande la création de partenariats régionaux et communautaires qui veilleraient à la bonne utilisation du budget. Le système de santé au pays devrait également adapter ses programmes aux réalités culturelles, sociales, économiques et politiques des différents groupes autochtones. « Les initiatives en matière de santé des Autochtones augurent de bonnes choses », a mentionné la présidente du Conseil sur la condition de la femme, Barbara Saunders.
Le rapport recommande l’injection d’argent neuf dans le système de santé, soit 3,5 milliards en 2003-2004, 5 milliards en 2004-2005 et 6,5 milliards pour les années subséquentes. Le fonds provisionnel de 9 milliards, outre le secteur des soins en régions rurales, sera investi dans le secteur des soins à domicile, les services de diagnostiques, les soins de santé de première ligne et dans la couverture des coûts élevés de médicaments. L’ancien premier ministre néo-démocrate de la Saskatchewan a rejeté toute intervention du privé dans le secteur de la santé. « Ce rapport démontre la fibre de ce que l’on est, en tant que Canadien et Canadienne », a révélé le vice-président de la région du Nord de l’AFPC. « La justice, l’égalité, l’équité entre les gens. Nous sommes un peuple qui prend soin les uns des autres. S’il y a une place où nous pouvons démontrer que nous prenons soin les uns des autres, c’est dans le système de santé. »