Règle générale, l’offre de services de santé en français aux TNO n’existe presque pas et, lorsqu’elle existe, l’offre est aléatoire.
C’est ce qui ressort d’une étude publiée récemment et rédigée par la firme de consultants Mirabilé pour le compte du Réseau TNO santé en français, un organisme associé à la Fédération Franco-Ténoise.
Selon les résultats d’un sondage mené auprès de 168 adultes franco-ténois de Fort Smith, de Hay River, de Yellowknife et d’Inuvik en mars 2005, 59 % des francophones ne se sont jamais fait offrir des services de santé en français aux TNO, une personne sur cinq (21 %) a reçu « quelques fois » des services en français et 13 % affirme avoir « toujours » été servis dans leur langue.
La grande majorité d’entre eux (68 %) ne demande jamais le service en français, 18 % le demande quelques fois et 8 % le demande toujours. Le rapport note à cet effet que « les francophones qui ne reçoivent pas de services en français la première fois qu’ils le demandent ont tendance à ne plus demander le services en français par la suite. »
Par ailleurs, 87 % des répondants du sondage affirment connaître bien ou très bien la langue anglaise et 50 % ne préfèrent pas nécessairement être servis en français, dont 19 % qui affirment préférer être servis en anglais. Néanmoins, 56 % des répondants estiment qu’il est important ou très important d’obtenir des soins de santé en français et 26 % juge que cela est moyennement important. Selon Thérèse Boutin qui a préparé cette étude sur les besoins des Franco-Ténois en santé, ce que cela démontre c’est que les francophones auraient intérêt à demander plus souvent les services en français s’ils souhaitent que le ministère de la Santé leur en offre. « Les gouvernements se disent “si on est pour dépenser tous ces millions-là pour des services en français, il faut que les gens les utilisent” », explique la consultante.
« Les francophones devraient rentabiliser les services existants », renchérit le coordonnateur du Réseau TNO santé en français, Jean de Dieu Tuyishime. « Il faut qu’ils demandent les services. »
Des besoins différents
Toujours selon cette étude, les besoins des francophones sont différents de ceux des autres Ténois et aussi de ceux des autres francophones en milieu minoritaire.
En général, les Franco-Ténois sont des citoyens plus jeunes, plus éduqués et moins nombreux à être en chômage que les autres résidents des TNO. Ils se distinguent aussi des francophones minoritaires du Sud par le fait qu’ils sont plus jeunes et qu’ils sont plus nombreux à avoir de jeunes enfants.
Leurs besoins en termes de soins de santé reflètent ces différences. Ainsi, les Franco-ténois recherchent généralement davantage les services préventifs que les services curatifs. Ils sont friands d’information en santé, particulièrement sur les questions de puériculture et de nutrition. Ils sont également nombreux à demander des services dans les écoles.
Cela étant dit, ils ont quand même besoin de services curatifs et de professionnels de la santé. « Il y a un manque flagrant de médecins de famille », note Jean de Dieu Tuyishime qui ajoute que cela est également vrai pour les soins en anglais ou dans toute autre langue.
Des outils
Pour faciliter l’accès des francophones des TNO aux soins de santé, en plus de remettre ledit rapport aux autorités concernées du ministère de la Santé, le Réseau TNO santé en français propose d’offrir de nouveaux outils.
C’est dans cette optique que le réseau a commencé à créer des centres de ressources dans les grandes communautés où les francophones peuvent trouver de l’information en français sur divers sujets liés aux questions de santé. À Yellowknife, le centre de ressources est déjà ouvert. Il se trouve dans la bibliothèque de l’école Allain St-Cyr.
Le Réseau a aussi pour projet d’élaborer un répertoire des ressources et des professionnels de santé en français des TNO. Une demande a été faite en ce sens auprès du gouvernement des TNO, mais le projet a été refusé, car il contrevenait apparemment aux normes de protection de la vie privée.
Jean de Dieu Tuyishime compte présenter un nouveau projet qui permettrait aux francophones d’identifier les ressources existantes sans entraver la vie privée des professionnels de santé. « On espère qu’on va trouver un compromis », tranche-t-il.