En 2006, 20 % des résidents des Territoires du Nord-Ouest âgés de 15 ans et plus ont consommé de la marijuana ou du hachisch au moins une fois dans l’année, ce qui en fait la substance illicite la plus consommée au territoire.
C’est ce qui ressort de l’Enquête sur la toxicomanie aux TNO, dont certaines données préliminaires ont été publiées la semaine dernière par le Bureau de la statistique des TNO. L’enquête consistait en un sondage, téléphonique ou en personne, effectuée auprès d’un millier de ménages répartis proportionnellement dans toutes les régions du territoire.
La proportion de Ténois ayant consommé de la marijuana est restée à peu près inchangée par rapport aux résultats de la dernière enquête similaire, effectuée en 2004. Cependant, le nombre d’usagers demeure particulièrement élevé comparé à la moyenne canadienne. Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, guère plus de 12 % des Canadiens auraient fumé du pot au cours des 12 derniers mois. On fume plus de marijuana aux TNO que dans chacune des provinces canadiennes. Dans la province la plus poteuse au pays, la Colombie-Britannique, la proportion de fumeurs est de 18 %.
Les Ténois sont plus nombreux (26 %) que les Ténoises (13 %) à consommer du cannabis. De même, davantage d’autochtones (27 %) que d’allochtones (13 %) ont inhalé l’âcre fumée au moins une fois en 2006.
Le cannabis est une drogue de jeunes. Quelque 35 % des 15 à 24 ans ont tiré sur joint en 2006 et 22 % des 25 à 39 ans. En revanche, moins de 2 % des Ténois de 60 ans et plus ont fumé.
De façon générale, on constate que les individus les moins biens rémunérés et ceux dont la scolarité est la plus sommaire sont les plus à risque de consommer du cannabis. Ainsi, 35 % des personnes de 15 ans et plus n’ayant pas complété leurs études secondaires rapportent avoir consommé de la marijuana, contre 5 % des diplômés universitaires. Chez les individus dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 $, une personne sur trois fume du pot, alors que la proportion baisse à une sur dix chez ceux dont le revenu annuel dépasse 60 000 $.
Les deux tiers des répondants de ce sondage ont affirmé avoir fumé de la marijuana au moins une fois dans leur vie.
Les chiffres dévoilés la semaine dernière ne comprenaient pas de statistiques sur l’usage d’autres drogues illicites que le cannabis. À ce sujet, il faut se rapporter à l’enquête de 2004 qui faisait état d’un phénomène plutôt marginal. Cette année-là, 2,7 % des Ténois avaient tâté de la cocaïne (ou du crack), du speed, de l’héroïne, de l’ecstasy ou des hallucinogènes. De ces drogues, la cocaïne et le crack étaient les plus répandues.
L’alcool : un truc d’hommes Blancs
Mais c’est l’alcool qui demeure le psychotrope le plus fréquemment consommé. Les trois quarts des Ténois (77 %) prennent un verre. Contrairement à un préjugé répandu, les allochtones sont plus nombreux que les autochtones à consommer de l’alcool. Alors que 86 % des « Blancs » affirment prendre un verre de temps à autre, tout juste 69 % des autochtones les imitent. On retrouve également davantage d’anciens buveurs chez les autochtones (24 %) que chez les allochtones (10 %).
Les non-Autochtones boivent aussi plus fréquemment que les Autochtones. Tout juste 20 % des buveurs autochtones affirment consommer de l’alcool plus d’une fois par semaine, alors que cette proportion grimpe à 35 % chez les allochtones. Dans l’ensemble, un buveur sur deux boit moins d’une fois par semaine.
Cependant, les autochtones sont plus nombreux à boire en grande quantité. En fait, un buveur autochtone sur deux affirme prendre cinq consommations ou plus à la fois, alors que chez les non autochtones un buveur sur quatre seulement avalera une telle quantité. Dans la population territoriale globale, ces gros buveurs représentent 36 % des consommateurs d’alcool.
On constate enfin que les femmes sont moins nombreuses à boire que les hommes, qu’elles boivent typiquement de plus petites quantités d’alcool et que la fréquence de leurs consommations est plus espacée que celles des hommes.
Recul du tabagisme
La consommation de tabac demeure élevée au territoire, mais on note une nette amélioration, surtout chez les jeunes.
Aux TNO en 2006, 41 % de la population fumait la cigarette. C’est plus du double de la moyenne du Canada, où le tabagisme touche 18 % de la population. Le nombre de fumeurs aux TNO est néanmoins en baisse. En 2002, 45 % des Ténois fumaient.
Bonne nouvelle : de moins en moins de jeunes fument. Alors qu’en 2002, 59 % des 15 à 24 ans fumaient, quatre ans plus tard, ils ne sont plus que 45 %. Ce qui en fait quand même le groupe d’âge qui compte le plus grand nombre de fumeurs. Chez les femmes, la proportion de fumeuses est passée de 44 % en 2002 à 37 % en 2006. Les hommes sont moins rapides à écraser. En 2002, 46 % d’entre eux fumaient ; en 2006, c’est 44 %.
Le nombre de fumeurs autochtones par rapport aux allochtones demeure cependant disproportionné. Environ deux fois plus d’autochtones que de non autochtones fument.
Signalons enfin que la fin d’une dépendance peut en cacher une autre. Alors que le tabagisme régresse, on constate une montée impressionnante du jeu. Le tiers (35 %) des répondants ont affirmé dépenser plus de 20 $ par semaine dans les jeux de hasard, dix ans plus tôt, seulement 22 % des Ténois pariaient autant. Les femmes qui, en 1996, n’étaient que 20 % à dépenser plus de 20 $ par semaine dans le jeu sont désormais aussi nombreuses que les hommes à le faire.