Après onze ans au poste de responsable de la santé publique ténoise, le docteur André Corriveau laisse la place au docteur Cindy Orlaw et migre vers le Sud pour occuper la même position, mais pour le ministère de la Santé de l’Alberta cette fois-ci. Migrer semble le mot juste, alors que dans un premier temps, le Dr. Corriveau fera des allers-retours chaque semaine entre Edmonton et son ancien bureau pour assurer une meilleure transition au sein du ministère ténois. Selon le docteur francophone, les nombres changent, mais les défis restent les mêmes. « Je m’occupais de 43 000 personnes ici, en Alberta ils sont plus de 3,4 millions, les nombres changent, mais je vais m’occuper des mêmes dossiers. Entre autres, les maladies infectieuses, la salubrité alimentaire ou l’eau potable. »
André Corriveau explique que depuis onze ans, il a bien connu les gens avec lesquels il travaille. « Je suis avec la même équipe de travail depuis le début. Je connais tout le monde dans le domaine de la santé. En Alberta, le plus long sera de refaire des contacts. » Le nouveau médecin hygiéniste en chef de cette province estime toutefois faire un saut vers l’inconnu, et que sa décision a été influencée par l’opportunité d’être affilié à l’Université de l’Alberta. « Dans mes nouvelles fonctions, il me sera possible d’intervenir auprès des étudiants. Je considère que pour la dernière décennie de ma carrière, il est justifiable que je puisse partager mes bonnes et mes mauvaises expériences avec la prochaine génération. Rien n’est encore organisé avec la faculté de médecine, mais après quelques mois, je pense pouvoir rencontrer quelques étudiants en formation. »
Expertise nordique
L’expérience du docteur Corriveau est étroitement reliée à l’attrait nordique. Après 25 ans d’expérience, du Nunavik aux TNO, il connaît les enjeux de la santé publique autochtone et pense sincèrement pouvoir appliquer ses connaissances aux premières nations de l’Alberta. Bien sûr il entrevoit que son travail sera plus celui d’un chef d’orchestre dans le ministère provincial alors qu’ici, il s’adonnait volontiers au travail sur le terrain. « Il y a beaucoup plus de ressources humaines là-bas, les équipes sont complètes et je pense plus devoir donner le ton et susciter la motivation des ressources locales. » Ce dernier considère également que son expérience acquise auprès des analyses d’impacts environnementales de projets ténois lui servira de références concrètes en Alberta. Il cite aussi sa compétence dans la constante bataille contre les épidémies. « On n’est jamais arrivé au bout du chemin avec les épidémies. On croit que les choses se sont améliorées, mais finalement les défis sont toujours là. On peut parler de la syphilis, la gonorrhée ou la chlamydia, alors que les infections se propagent plus rapidement aux TNO même si depuis cinq ans les taux augmentent de partout au Canada. » L’ironie de l’histoire pour le docteur, c’est que les sources reconnues des infections transmissibles sexuellement sont habituellement localisées en Alberta.
Témoignages de reconnaissance
Dans le communiqué annonçant la nomination d’un nouveau médecin hygiéniste en chef des TNO, la ministre de la Santé, Sandy Lee a déclaré qu’elle pensait sincèrement que le travail extraordinaire d’André Corriveau a rendu les gens du Nord plus en santé qu’ils ne l’étaient. La successeure de M. Corriveau est Ténoise d’origine inuvialuite. Dr. Cindy Orlaw a étudié 15 ans en santé publique autochtone, elle a affirmé à L’Aquilon qu’elle apportait avec son expérience une perspective unique. « Je suis excitée et un peu anxieuse d’affronter ces défis et cette nouvelle position. Le docteur Corriveau a été un mentor généreux durant ces trois dernières années », a-t-elle confié.
Encore très attaché à son équipe et encore sensible aux témoignages, André Corriveau ne sait pas quand il quittera son bureau de Yellowknife. Il connaît seulement la date de son entrée en fonction en Alberta, le 23 mars prochain.