La ligne Info-Soins des TNO n’est plus en service.
Jetez tous les aimants bleus qui parsèment votre réfrigérateur : le numéro de téléphone de la ligne Info-Soins TNO n’est plus en service depuis le 1er octobre 2010. Si vous persistez à appeler ce service qui vous permettait d’obtenir les conseils d’une infirmière à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, un message bilingue vous suggérera de raccrocher et de rejoindre le service d’ambulance ou le centre de santé de votre collectivité. Le ministère de la Santé et des Services sociaux explique sa décision de couper cette ligne téléphonique en mentionnant que l’objectif principal de ce service n’a pas été atteint.
« Le but de cette ligne Info-Soins était d’augmenter l’accès à l’information sur la santé pour les gens des petites collectivités, avance Scott Robertson l’infirmier en chef des TNO. Les résidents des collectivités éloignées n’utilisaient simplement pas ce service. Il était essentiellement utilisé par les gens de Yellowknife. »
Les appels provenant de Yellowknife ont constitué 63,9 % des 33 628 appels que la ligne Info-Soins a reçus depuis sa mise en fonction en 2004. 24,1 % des appels proviennent des trois autres plus grandes administrations des services de santé et des services sociaux des TNO soit Hay River (12,1 %), Inuvik (7,1 %) et Fort Smith (4,9 %). Lorsque l’on regarde le nombre d’appel effectué dans le Sahtu (approx. 1312), la région Tlicho (approx. 1211) et le Deh Cho (approx. 942), il est aisé de comprendre que ce sont les plus grands centres ténois qui ont le plus utilisé cette ligne 24 heures durant ses six années d’existence.
Scott Robertson se défend de dire que tous ces appels provenant de Yellowknife sont une mauvaise chose, mais rappelle que de mieux informer les communautés urbaines n’était pas l’objectif original du ministère. Avec cette cible manquée se rajoute le coût d’opération de cette ligne 1-888. « Il nous coûtait au dessus d’un demi-million de dollars par année pour opérer ce service. Nous ne pouvions simplement plus faire fonctionner l’analyse de rentabilisation de ce service », admet l’infirmier en chef.
Selon ce représentant du ministère, chaque appel téléphonique était accompagné d’une facture de plus de 80 dollars et mentionne que le facteur financier a été un des éléments pris en considération pour cesser ce service. « Malgré tous nos efforts pour promouvoir ce service, nous n’avons pas vu une augmentation réelle de l’utilisation de la ligne Info-Soins. Alors, ce n’est pas forcément que nous perdions de l’argent qui été pris en compte, mais plus le fait que nous ne récoltions pas ce que nous voulions pour notre argent, l’argent des contribuables. »
98,7 % anglophone
Seulement 1 pour cent de toutes les demandes de renseignements effectuées depuis 2004 se sont faites en français. Le service de traduction offert sur la ligne Info-Soins ne comptabilise qu’un ou deux appels par année pour des langues autochtones ou asiatiques. Malgré ces chiffres, le coordonnateur du Réseau TNO Santé en Français estime que la discontinuation de la ligne Info-Soins est une grande perte pour la population francophone. « C’était un service de santé de première ligne accessible dans leur langue. Les francophones pouvaient commencer à comprendre leur problème de santé et mieux évaluer la situation » indique Jean de Dieu Tuyishime qui explique que de nombreux francophones sont plus à l’aise de discuter ou d’expliquer leur état de santé dans leur langue maternelle, un phénomène accentué par le stress et l’urgence de certaines situations. « C’était le seul point de contact francophone accessible 24 heures sur 24! », martèle-t-il.
Alors que le gouvernement ténois présente les alternatives désormais mises en place pour informer la population, il énumère que du matériel a été publié dans les deux langues afin de savoir s’il est nécessaire d’aller voir un docteur immédiatement, que de l’information et des liens sont disponibles dans les deux langues sur le site Internet du ministère de la Santé, qu’à Yellowknife les heures d’ouverture de la clinique de premiers soins ont été étendues, et finalement qu’une ligne téléphonique antipoison unilingue anglophone sera disponible prochainement.
Jean de Dieu Tuyishime persiste que ces alternatives ne pourront pas remplacer la ligne Info-Soins pour les besoins des francophones, car il sait que le matériel écrit n’est pas bien affiché, et que l’Internet n’est pas aussi accessible que le téléphone. « Je pensais vraiment que ce service était là pour durer! » conclu-t-il déçu.