le Mardi 22 avril 2025
le Jeudi 1 mars 2012 13:10 | mis à jour le 20 mars 2025 10:38 Santé

Santé Pas assez d’éducation sexuelle dans le Nord?

Santé Pas assez d’éducation sexuelle dans le Nord?
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La populaire sexologue de 81 ans, Sue Johanson, a récemment affirmé que l’éducation sexuelle dans le Nord laissait à désirer. Y a-t-il vraiment de quoi s’alarmer?

Animant une conférence à l’Université de Calgary, il y a quelques semaines, la sexologue Sue Johanson a mentionné que l’éducation sexuelle dans le Nord était très peu avancée. Jean de Dieu Tuyishime, qui travaille comme coordonnateur pour Santé TNO et qui est appelé à faire plusieurs formations dans les écoles, n’est pas de cet avis. « Le sujet de la sexualité était très tabou au départ, mais je crois que présentement, c’est de plus en plus ouvert. On en parle davantage dans les écoles, à la maison. L’éducation sexuelle est mieux qu’hier et j’espère qu’elle sera mieux demain qu’aujourd’hui », défend-il.
Se basant sur ses expériences personnelles, Sue Johanson fait plutôt référence aux collectivités autochtones lorsqu’elle parle du Nord. « La collectivité et la culture font que les adultes ne sont pas à l’aise pour parler de sexualité. Il n’y a pas ou très peu de communication à ce sujet entre les parents et les enfants », avoue la sexologue.

Éduquer les plus jeunes

Mme Johanson a enseigné un peu partout au Canada et a également animé des émissions de radio et de télévision sur la sexualité et elle est s’entend sur une chose : il faut éduquer les enfants le plus tôt possible quant à la sexualité. « Je leur enseigne qu’être sexuel, c’est normal, naturel, que c’est une activité humaine », ajoute-t-elle.
Même discours du côté de M. Tuyishime, qui comprend cependant qu’il faut adapter les éléments d’enseignement et les sujets selon la clientèle. « On doit aller par échelon. Par exemple, avec les 8e et 9e année, on va plus en profondeur avec les relations, les bonnes décisions à prendre, les méthodes contraceptives, mais aussi comment se sortir d’une relation violente et éviter l’influence et la pression sociale », précise-t-il.
Le coordonnateur de Santé TNO croit que le plus tôt les jeunes sont exposés aux questions sexuelles, le mieux ils sont préparés lorsqu’ils font face à certaines situations.

Bien qu’on tente de présenter hâtivement la sexualité aux jeunes, il faut également remonter à la source de cette ignorance; les parents. L’éducation sexuelle qu’a reçue ou non le parent influencera la façon dont il traitera de la sexualité avec ses enfants. C’est pourquoi les deux intervenants en santé sexuelle s’entendent pour dire qu’il faut d’abord informer les parents.
« J’ai travaillé à la baie James et la première semaine, j’ai fait comprendre aux adultes l’importance de l’éducation sexuelle et je ne voulais pas endoctriner leurs enfants », raconte Sue Johanson.

 

La culture et la religion

Outre la parenté, la culture et la religion sont des facteurs importants dans l’ouverture à la sexualité chez les jeunes. Ces aspects peuvent grandement influencer l’alimentation des tabous sexuels dans une collectivité.
Du côté de l’Association des écoles catholiques de Yellowknife, les cours d’éducation sexuelle, qui débutent dès la 4e année, sont orientés vers la puberté, le respect de son corps, la prise de décision. « Le sujet de la contraception va dans le sens de l’Église catholique. La meilleure prévention reste l’abstinence », mentionne Claudia Parker, surintendante de l’Association des écoles catholiques de Yellowknife.
Pour Sue Johanson, il reste toutefois plus facile de s’entretenir de sexualité avec des gens issus de milieux religieux qu’avec ceux issus de milieux autochtones. « J’ai parlé de sexualité avec des enfants autochtones et tout de suite, ils regardaient par terre, ils étaient embarrassés, inconfortables avec le sujet. Personne ne leur avait parlé comme cela avant », raconte la sexologue.
« La culture, la religion, l’environnement sont des facteurs d’ignorance sexuelle », renchérit Jean de Dieu Tuyishime. Cette ignorance pourrait expliquer, selon lui, ce taux élevé de personnes atteintes d’infections transmissibles sexuellement (ITS) dans le Nord.

En ce sens, un important projet (Tlicho Healing Wind Project), a été mis en place en 2007, dans plusieurs collectivités autochtones pour rencontrer les gens et discuter des infections transmissibles sexuellement. Plus de 1000 maisons ont été visitées, à Gameti, Behchoko, Wekweeti, Whati et Yellowknife. Des Autochtones de 9 à 94 ans ont été informés sur les pratiques sexuelles sécuritaires à adopter.