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le Jeudi 28 mars 2019 17:10 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Santé

Toxicomanie Passer du deuil à l’engagement

Toxicomanie Passer du deuil à l’engagement
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Moms stops the harm propose des façons d’accompagner les toxicomanes.

L’engagement peut être une façon de guérir de la mort d’un être cher. C’est un des messages qu’a transmis une des fondatrices de Moms stop the harm (MSTH), Petra Schulz, à une vingtaine de personnes réunies à la maison des jeunes Side Door le 22 mars dernier.

Le fils de Mme Schulz, Danny, est mort en 2014 d’une surdose de fentanyl, alors qu’il croyait consommer de l’OxyContin, un puissant opioïde. Il avait 25 ans.

Il disait que les opioïdes lui permettaient d’être qui il était, a dit Mme Schulz lors de sa présentation. « Il luttait fort contre sa dépendance et disait se sentir coupable », a-t-elle ajouté.

Mais la femme d’Edmonton n’a pas tant parlé de son fils et de la douleur de le perdre. Elle s’est davantage exprimée sur le message de MSTH, un groupe fondé en 2016 dont la plupart des membres sont en Colombie-Britannique et en Alberta, mais qui a néanmoins une présence à l’échelle nationale et qui devrait proposer des ressources en français à l’automne.

Accompagnement
MSTH, ce sont des parents qui, comme Petra Schulz, ont perdu un être cher à cause d’une surdose et qui se soutiennent et partagent une même approche dans l’accompagnement des personnes ayant une accoutumance.

« L’utilisation de substances n’est pas un choix », a souligné Petra Schulz, dont le groupe milite en faveur de la décriminalisation de possession de substances illicites.

« […] La guerre à la drogue a été un échec malgré les milliards dépensés. Il y a plus de drogues. »

Au Canada, la crise des opiacés a particulièrement fait des ravages dans l’Ouest. Selon un texte de l’Agence France-Presse publié en septembre 2018, les opiacés auraient causé 8000 morts au Canada depuis deux ans, et la Colombie-Britannique poursuit une quarantaine d’entreprises pharmaceutiques commercialisant des antidouleurs contenant des opiacés.

Mme Schulz s’insurge contre la mauvaise information fournie sur la consommation d’OxyContin.

Selon le groupe, la stratégie première est d’augmenter l’éducation sur la prévention et sur les effets des drogues, afin que les jeunes puissent faire les meilleurs choix possible.

Le dépistage des signes avant-coureurs d’une surdose et les possibilités d’intervention font partie de cette éducation. Petra Schulz propose aux gens de porter sur eux une trousse de naloxone, un médicament qui peut temporairement inverser les effets d’une surdose d’opiacés.

Rétablissement
Petra Schulz a souligné le rôle du langage dans la réduction du stigmate.

« N’appelez pas quelqu’un un drogué, a proposé Mme Schulz. Utilisez des mots neutres. »

Elle a aussi incité l’auditoire à redéfinir la notion de rétablissement. MSTH souligne le progrès qu’il y a à passer d’une drogue achetée dans la rue à un substitut plus contrôlé et sécuritaire comme la méthadone ou le suboxone.

La cinéaste France Benoit s’est brièvement exprimée au Side Door. Son mari, Doug Ritchie a été foudroyé par un cancer du pancréas en 2015.

« Il faut se donner le temps de passer à travers toutes les émotions, a suggéré Mme Benoit, mais raconter nous aide à passer à travers. J’avais besoin de parler. »

Toujours en compagnie de Mme Schulz, France Benoit devait s’exprimer plus longuement en soirée, au Baker Centre.

Cette rencontre était présentée par Northern conversation, animé notamment par Michael Gannon et Ozgur Oner. Fondé il y a environ un an, ce groupe propose des rencontres sur un modèle plus interactif que celui des conférences, invitant l’assistance à intervenir au moment qu’elle juge propice.

Après cette rencontre sur le thème du deuil et de la guérison, une autre aura lieu le 3 avril sur le cancer du sein.
Plus tard dans l’année, les dossiers médicaux, l’abus des ainés et le lien entre alzheimer et nutrition seront abordés.