Le mystère plane toujours quant aux nouvelles permissions auxquelles auront droit les résidents des Territoires du Nord-Ouest, qui devront attendre la fin de la campagne de vaccination pour avoir des réponses.
Thomas Ethier — IJL — Territoires
À quoi pourra-t-on s’attendre, une fois que 75 % des adultes des Territoires du Nord-Ouest seront immunisés ? La question a été posée à plus d’une reprise et sous plusieurs formes au cours des dernières semaines. La réponse de l’administration de la santé publique demeure la même : les prochaines nouvelles arriveront d’ici la fin du mois d’avril, au terme de la campagne de vaccination.
« Je crois que le public veut un plan », a avancé le député de Yellowknife Nord, Rylund Johnson, le 12 mars, lors de la période de questions orales de l’Assemblée législative. Il a alors évoqué un « niveau croissant d’anxiété » dans la population, provoquée par l’incertitude face à l’année à venir et à l’absence de réponse de la part des autorités. Selon lui, un document devrait être fourni rapidement pour « indiquer à quoi pourrait ressembler la prochaine année sous la COVID-19. »
Il y a maintenant plus de neuf mois que le territoire est à la seconde phase de son plan d’assouplissement des règles de santé publique, présenté au printemps 2020 par l’administratrice en chef de la Santé publique, la Dre Kami Kandola. Depuis, certaines permissions ont été accordées au cas par cas, notamment à certaines associations sportives.
Dans les faits, bien qu’il se voulait sujet à changements, ce plan intitulé « Une reprise avisée » serait aujourd’hui désuet. De nouveaux facteurs déterminants se sont imposés depuis sa création, dont la lenteur des campagnes de vaccination ailleurs au Canada et l’apparition de nouveaux variants du virus.
La ministre de la Santé et des Services sociaux, Julie Green, l’a confirmé en période de questions. « Je crois comprendre [que la Dre Kandola] est en train de revoir le plan, qu’elle compte mettre à jour », a-t-elle affirmé, ajoutant toutefois que le tout devrait être rendu public d’ici la fin du mois d’avril.
Depuis la première déclaration d’état d’urgence sanitaire des TNO, le 18 mars 2020, la Dre Kandola dispose d’un pouvoir de décision discrétionnaire sur les questions de santé publique liées à la pandémie. « Ce qui me préoccupe, c’est qu’à chaque question posée à la ministre, l’autonomie de l’administratrice en chef de la santé publique prend le dessus », a indiqué M. Johnson.
Le député a aussi demandé à la ministre Green si elle était en mesure, au moment de reconduire l’état d’urgence sanitaire — responsabilité qui lui incombe toutes les deux semaines —, d’émettre certaines exigences à la Dre Kandola, comme de fournir rapidement une mise à jour du plan d’assouplissement des règles, pour éclairer la population.
La ministre a alors réitéré que, pour les décisions de santé publique relatives à la COVID-19, le gouvernement se fie entièrement à l’expertise de la Dre Kandola, et ne lui impose aucune directive. « Nous lui accordons cette autorité, en lui apportant notre contribution. […] En fin de compte, elle évalue la pandémie, elle émet des arrêtés de santé publique qui affectent des choses comme l’auto-isolement, la fermeture des frontières, etc. Nous devons respecter son autorité puisque dans les faits, ce qu’elle a proposé jusqu’à maintenant s’est avéré très efficace », a répondu Mme Green.
Plus tôt en mars, le député de Nunakput, Jackie Jacobson, a émis ses préoccupations quant aux capacités du gouvernement à prendre des décisions liées à la COVID-19. Il réclamait alors certains accommodements de compassion pour des non-résidents venus assister à un service funéraire.
« Nous sommes des législateurs ; nous pourrions faire des changements. Quand la ministre va-t-elle reprendre le contrôle accordé à la Dre Kandola et commencer à faire ce travail ? », a-t-il lancé. Il suggérait alors, dans certaines situations, de substituer la quarantaine obligatoire de 14 jours à des tests de dépistage rapides.
La ministre a alors expliqué la position de la Santé publique, qui a déterminé qu’en plus des dangers de résultats faussement négatifs, les tests de dépistage rapides ne sont disponibles qu’en quantité limitée et doivent être réservés pour d’éventuelles éclosions dans les collectivités.
Music NWT en pourparlers
Des voix se sont également élevées en mars du côté de la scène culturelle, pour réclamer des changements rapides aux règles sanitaires qui affectent les musiciens. L’organisme Music NWT est présentement en discussion avec la Santé publique dans le but d’obtenir rapidement certains assouplissements aux règles qui limitent actuellement la tenue de concerts.
L’organisme serait-il prêt à attendre, lui aussi, la fin de la campagne de vaccination pour avoir, peut-être, de bonnes nouvelles ? « On aimerait avoir des réponses avant la fin avril, indique la vice-présidente de l’organisme, Jessica Payeur. La situation est très difficile pour les artistes depuis le début de la pandémie. Plusieurs d’entre eux ont dû se trouver d’autres emplois, totalement en dehors de leur domaine, pour payer leurs factures. »
« Nous avons été patients pendant un bon moment, mais nous voulons un retour de la musique dans nos salles de spectacles et, si possible, dans nos bars et restaurants. Le Northen Arts and Cultural Center (NACC) a pu recommencer, mais ce sont, à ma connaissance, les seuls à avoir droit de présenter une série d’évènements sans soumettre de demandes a chaque fois, souligne-t-elle. Les autres salles doivent entreprendre l’ensemble du processus pour chaque évènement, ce qui est très complexe pour les propriétaires ainsi que pour les artistes. »