Une partie de l’équipe du projet « Rendez-vous nordiques ». De gauche à droite : Ernesto Pardo (gestionnaire des programmes et formations), Rosie Benning (directrice de la formation et de l’enseignement), Édouard Debeugny (gestionnaire de projets) et Margarita Sánchez Ovando (enseignante de français).
Demander un service de santé en français reste souvent un obstacle aux TNO. Depuis 2023, le Collège nordique – en parallèle de la tourmente des dernières semaines – espère changer ce constat grâce au projet « Rendez-vous nordiques : santé et services sociaux ». En pratique, cela passe par des formations gratuites, un réseau de mentors francophones et un cahier d’apprentissage conçu pour le contexte nordique.
À l’origine du projet, une opportunité présentée par le Réseau santé de la FFT. Rosie Benning, directrice de la formation et de l’enseignement au Collège nordique, rappelle que ce financement de cinq ans (2023-2028) a été obtenu grâce à la Société santé en français, dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028 : Protection – Promotion – Collaboration, soutenu par Santé Canada.
Trois axes structurent le projet : un programme de jumelage, des ateliers de conversation appelés Café de Paris, et la création d’un cahier d’apprentissage spécialisé, adapté au milieu de la santé. « On crée une ressource d’apprentissage de français additionnel pour les professionnels de la santé », précise Rosie Benning. Il s’agit d’une version « santé » du cahier Rendez-vous nordiques publié en 2021, mais cette fois axé sur les interactions dans les soins.
Une personne bien servie en français a plus de chances de recevoir les soins qu’il faut pour guérir.
Apprendre en duo
Le programme de jumelage met en contact des apprenants avec des francophones des TNO. La première édition a permis à dix employés du système de santé de pratiquer le français avec dix mentors entre février et juillet 2025. « Tous les sondés ont estimé avoir progressé, de manière légère à considérable », note Mme Benning.
Le deuxième groupe vient de démarrer avec sept binômes. Cette fois, moins de participants, mais davantage d’heures par paire pour renforcer l’apprentissage. Une idée encouragée par le comité consultatif, composé notamment du Réseau TNO santé et de l’Administration des services de santé et des services sociaux (ASTNO), qui donne un retour terrain essentiel.
Ce mentorat s’adresse à tous les travailleurs du secteur, pas seulement aux médecins. « Ce n’est pas que les professionnels de santé. C’est aussi le personnel administratif ou de support qui travaille dans le domaine, ou même les étudiants et les enseignants en santé », insiste Édouard Debeugny, gestionnaire de projets. Pour lui, il s’agit d’aider tous ceux susceptibles d’avoir un contact avec des patients francophones à interagir efficacement.
Café de Paris, version hôpital
En parallèle, des ateliers de conversation hebdomadaires sont proposés en ligne et au Collège. Les sessions réunissent des participants pour pratiquer le français sur des sujets liés au domaine médical. Les contenus s’adaptent progressivement. La formule est volontairement flexible. M. Debeugny insiste sur le fait que le Café de Paris n’a rien d’un cours contraignant, contrairement à ce que certains pourraient croire. Les ateliers sont indépendants les uns des autres : chacun peut y participer librement, même ponctuellement ou pour une seule partie de la séance.
Au-delà de la langue
Pour le Collège nordique, l’enjeu est bien plus que linguistique. « On sait que les gens qui veulent accéder aux soins en français ont généralement du mal à le trouver ici, malgré les obligations légales », explique Édouard. Et la langue peut jouer un rôle déterminant : « Une personne bien servie en français a plus de chances de recevoir les soins qu’il faut pour guérir », avance Rosie, en s’appuyant sur des études.
Prochaines étapes : la publication du cahier d’apprentissage, prévue d’ici mars, et le lancement d’une nouvelle cohorte de mentorat au printemps. En attendant, l’équipe souhaite aussi élargir son réseau de mentors : « Ce serait intéressant d’avoir plus de mentors qui sont aussi professionnels de la santé », lance Rosie, pour enrichir les échanges et la pertinence du vocabulaire.
Et aux francophones qui lisent ces lignes, les responsables du projet rappellent l’importance de faire circuler l’information auprès de celles et ceux qui pourraient en bénéficier. L’offre active en sera renforcée et, ainsi, plus de personnes pourront bénéficier de servies dans leur langue maternelle.
