le Lundi 21 avril 2025
le Vendredi 22 janvier 1999 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Le roi du burger Inuvik

Le roi du burger Inuvik
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Venu s’installer à Inuvik en 1979, Denis Savoie a fait tous les métiers. Après avoir travaillé au Mackenzie Hotel, il décide d’ouvrir un Bed and Breakfast. Aujourd’hui, il est le fier propriétaire du restaurant ToGo’s. Ses années passées ici lui en ont appris beaucoup sur la vie en communauté, l’amitié et le dur labeur.

Arrivée à brûle-pourpoint dans son restaurant et gelée après une longue marche dans la petite ville d’Inuvik, je demande s’il serait possible de parler à monsieur Denis Savoie.

« Speaking… », me répond-t-il, l’air pressé.

« M’accorderiez-vous un peu de votre temps? », lui dis-je, un peu intimidée.

« Prends-toi un café, je reviens! »

Ouf! Je l’ai eu!

Un peu inconfortable de se confier, comme ça, à l’improviste, à une pure étrangère, il s’asseoit devant moi et commence à me raconter son histoire.

Originaire de Tracadie, au Nouveau-Brunswick, son petit accent acadien ajoute une touche de coquetterie à son récit.

Parti des Maritimes pour se chercher du travail, c’est un peu le hasard qui l’a mené jusqu’à Inuvik.

D’abord employé au Mackenzie Hotel, il devient par la suite propriétaire d’un Bed and Breakfast. Mais c’est avec son restaurant ToGo’s, ouvert il y a neuf ans, que Denis Savoie a fait sa renommée.

« Je suis le premier a avoir introduit la poutine à Inuvik. Ma recette est un peu différente de celle du Québec, mais elle est aussi bonne! », ajoute-t-il le sourire en coin.

Non seulement sa poutine fait l’envie de tous les restaurateurs de la rue Mackenzie, mais ses hamburgers au caribou et au boeuf muské ont reçu une mention d’honneur dans le Reader Digest du mois de janvier 1993.

« Les reporters étaient venus pour le « Sunrise festival ». Lorsqu’ils sont venus manger un hamburger, ils n’en revenaient pas comme il était bon.

Alors, ils ont pris une photo de moi devant mon restaurant (…) C’est ma mère, quelques mois plus tard, qui m’a téléphoné pour me dire que ma photo était sur la page couverture du Reader Digest », explique-t-il en toute modestie.

À propos de la vie…

Monsieur Savoie avoue préférer les longues nuits froides de l’hiver.

« J’aime mieux l’hiver. L’été il fait trop chaud, il y a trop de moustiques et il faut mettre du carton dans nos fenêtres pour arriver à dormir parce qu’il fait trop clair! »

Mis à part les grands froids et les longues heures de noirceur, l’hiver lui permet de s’impliquer dans une panoplie d’activités.

Entraîneur de l’équipe de ballon-balais et fanatique de la motoneige, de la chasse et de la pêche, notre expert-restaurateur n’a pas le temps de s’ennuyer.

« Ce que j’aime le plus, c’est partir en motoneige et me promener de chalet en chalet pour visiter mes amis. Je pourrais me promener, comme ça, pendant 30 jours, sans arriver à visiter tout le monde. »

Conséquences de l’éloignement de la famille ou, tout simplement, des autres communautés, les amis et la vie de groupe occupent une place d’importance dans les petits villages de l’Arctique. Cet aspect du quotidien plaît bien à monsieur Savoie. Par contre, d’autres réalités un peu moins roses de la vie nordique affectent parfois son moral.

« Parfois, je trouve difficile d’être isolé et d’être en constant contact avec des gens qui ont des problèmes d’alcool(…) Il n’y a pas beaucoup de femmes aussi. Il y a à peu près une femme pour dix gars… », ajoute-t-il en riant.

Néanmoins, malgré les nombreux petits bonheurs que le Nord aura pu lui apporter, M. Savoie compte bien retourner vivre au Nouveau-Brunswick d’ici cinq ans.

« Je vais tout vendre et retourner à Tracadie pour y ouvrir une résidence pour personnes âgées. »

Entre temps, le Nord continuera à le remplir d’une richesse inestimable dont il sera le seul à connaître l’ampleur.