Vina Wolf, une jeune maman d’origine métisse, a pris la décision d’offrir un cadeau à sa petite fille Billy Jane : apprendre le français.
Sa mère est d’origine cri et francophone. Quant à l’arbre généalogique de son père, il contient quelques branches chipewyans et francophones. Née de cet heureux mélange, Vina Wolf affiche fièrement ses origines métisses.
Originaire de Fort Smith, elle a grandit dans un univers anglophone et ce n’est qu’à l’université qu’elle s’est initiée à l’apprentissage du français.
«Mes grands-parents parlaient très bien le français mais malheureusement, l’usage de cette langue s’est perdu il y a deux générations. Par contre, encore aujourd’hui, si tu t’adresses à un aîné en français, il y a de fortes chances qu’il te réponde aussi en français», ajoute Mme Wolf.
Quant au cri, bien qu’elle pouvait le baragouiner lorsqu’elle était enfant, elle a cessé de le parler, tout comme les autres membres de sa génération.
«Je ne peux plus parler le cri, toutefois, je peux encore tisser et coudre selon les méthodes traditionnelles», indique-t-elle.
Mère resplendissante et pleine de vie, elle déploie temps et énergie pour transmettre à sa fille une ouverture sur le monde par l’apprentissage de différentes langues (français, cri, anglais) et de quelques pratiques traditionnelles.
«Je crois que l’expression d’une culture passe d’abord et avant tout par le langage. Il permet, entre autres, d’exprimer des choses qui sont propres à une culture. Le français, par exemple, facilite l’expression de nos sentiments. C’est bien pour ma petite fille, parce qu’un enfant a justement besoin de tendresse et d’affection», explique-t-elle.
Étant donné la capacité d’apprentissage plus accrue des jeunes enfants, Vina Wolf tient à ce que sa fille s’initie au français alors qu’elle est encore toute petite.
«En apprenant jeune, les choses viennent naturellement car on imite tout ce que l’on voit et entend», explique-t-elle.
Une langue, une nation
On sent davantage la fragilité d’une langue lorsqu’on se trouve en situation minoritaire. Pour conserver sa langue, il faut l’entretenir et l’aimer. Dans sa lutte pour défendre le français, le Québec aurait aidé, selon Mme Wolf, à renforcir l’idée qu’une langue forte est essentielle à une identité culturelle forte.
«La cause du Québec a sans aucun doute donné de l’importance aux langues», souligne-t-elle.
Le Canada est une terre promise, où des gens de cultures différentes sont venus s’installer parce qu’ils savaient qu’ils pouvaient y vivre côte-à-côte tout en étant respectés.
«On dit du Canada qu’il est un pays tolérant. Mais je trouve qu’au-delà de la tolérance, il y a l’acceptation», renchérit Mme Wolf.
Non seulement vivante et enjouée, Vina Wolf est aussi optimiste. Elle entrevoit un avenir prometteur pour les Premières nations qui sont, selon elle, au début de leur renaissance. «Les autochtones se réintéres-sent à leurs racines.
Ils sont à un tournant de leur histoire qui les mènera, selon moi, vers un avenir meilleur», termine-t-elle.