« 275-ALLÔ » et « 275-ADOS », dans la grille-horaire de la radio de Radio-Canada, c’est L’ÉMISSION jeunesse. La formule est simple. Tous les jours, l’animatrice pose une question sur laquelle les jeunes se prononcent en appelant – vous l’avez déjà deviné – 275 etc, etc, etc. Si les lignes ouvertes ne vous inspirent pas règle générale, considérez tout de même deux excellentes raisons de syntoniser l’émission. D’abord les deux versions de « 275 » (ALLÔ pour les plus jeunes, ADOS pour les, sans commentaire) donnent la parole aux jeunes. Mine de rien, ce n’est pas souvent dans notre société pressée et obnubilée par l’efficacité que l’on laisse les jeunes vraiment s’exprimer. Même ceux parmi nous qui souhaitent sincèrement les comprendre ne sont pas toujours prêts à les entendre.
Autre atout de taille pour « 275 » : son animatrice. Dominique Payette est une journaliste qui a beaucoup de métier. Il y a plus de quinze ans, elle travaillait à l’émission « Présent » et se faisait remarquer alors pour son intégrité. Du monde des affaires publiques, elle est passée à la ligne ouverte – ce que certains de ses collègues n’ont pas compris – sans renoncer aux principes qui lui importent : l’honnêteté et le respect de l’interlocuteur.
« Les thèmes d’émission qui ont le moins bien marché pour nous, ce sont les thèmes légers, un peu bêtes. Les jeunes n’ont tout simplement pas appelé » reconnaît-elle au cours d’un entretien à Winnipeg, lors du passage du Grand train de la francophonie dans l’ouest du pays.
Le succès de l’émission tient à l’enthousiasme de Mme Payette qui a un sens solide de la répartie, et qui n’hésite à jouer le jeu et à s’amuser avec son auditoire. Ceci étant dit, l’émission lui a appris à ne plus parler en bloc des « jeunes ».
« Les jeunes, ça ne veut pas dire grand chose. Il existe bien des différences qu’il ne faut pas escamoter. Parmi les jeunes, on retrouve des filles et des garçons, les bien nantis et les moins fortunés (…) Tout cela compte », soutient la journaliste.
En quittant son studio montréalais pour se joindre au Grand train de la francophonie, « 275 » effectuait sa première grande sortie. Enregistrée en gare, dans un des wagons, l’émission recevait tout le long du parcours des jeunes de la « place ».
À Winnipeg, je me joins dans une salle de la gare à des parents qui suivent l’enregistrement en circuit fermé. Une jeune fille vivant au Manitoba mais originaire du Québec confie à l’animatrice que, dans son école, beaucoup de jeunes parlent anglais dans les couloirs, à la récréation, ce qui la choque. Dans la salle, bien des adultes sont mécontents de ces propos et le manifestent à haute voix. Décidément, ce n’est pas toujours facile d’écouter et de laisser jeunesse s’exprimer.
Pour Dominique Payette, la traversée du pays et les jeunes rencontrés à chaque étape lui auront permis de mieux connaître la francophonie canadienne « hors Québec ». La journaliste sans artifice qu’elle est l’empêche toutefois de cacher qu’elle conserve des doutes quant au sort qui attend les communautés francophones.
En attendant, avec beaucoup de chaleur et de simplicité, elle poursuit jusqu’à Moncton le voyage de « 275 » à bord du Grand train et cède la parole aux jeunes pour qu’ils nous livrent leurs pensées et leurs opinions sur la francophonie et leur identité.
Note : L’émission » 275 » est diffusée tous les jours à 17 heures, heure des Rocheuses, à Yellowknife sur la bande MF aux alentours de la fréquence 97.