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le Vendredi 16 juin 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

La psy des Franco-ténois Portrait de francophones

La psy des Franco-ténois Portrait de francophones
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Il faut bien admettre que comme journaliste, j’ai appris à bien connaître Roxanne Valade, cette psychologue clinicienne qui veille à la santé mentale et au bien-être des résidents des T.N.-O. depuis plus de onze ans. Habituellement, j’évite de dresser un portrait personnel à propos des gens que je côtoie au Frolic, mais Roxanne a la distinction d’être la psy des francophones.

Lorsque je l’ai rencontrée dans son appartement pour l’interroger à propos de sa vie, ses aspirations et surtout de son métier, j’ai constaté qu’elle avait tout pour mener une vie équilibrée : plantes tropicales, bouquins intello-spirituels, une sélection musicale variée, plusieurs petits bibelots (souvenirs de voyages lointains) et, surtout, ce qui est important dans le Nord, beaucoup de lumière. Après m’avoir accueilli à la porte, elle me montre son sofa et me prie de me mettre à l’aise pendant qu’elle se réfugie sur une chaise; heureusement, c’était moi qui prenais les notes cette journée-là.

« Alors qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on est la seule psychologue francophone aux T.N.-O., Roxanne? »

Elle réfléchit quelques instants avant de donner sa réponse. D’abord, elle n’est pas simplement là pour la population francophone ; elle dessert également une clientèle autochtone et anglophone. Elle reçoit en moyenne cinq à six clients par jour et a entre un et trois patients francophones réguliers en tout temps. Roxanne se rend de façon régulière dans les communautés de Fort Smith, Fort Simpson et Hay River pour rencontrer ses patients et en même temps, ses amis lointains.

« Cela fait beaucoup moins de voyages que lorsque je suis arrivée. À l’époque il fallait que je me rende dans les communautés inuites du Nunavut. Je voyageais une semaine sur trois à l’extérieur de Yellowknife. Les déplacements exigeaient beaucoup d’énergie », a-t-elle souligné. Pelly Bay est une communauté qui l’a certainement marquée. Les gens achetaient l’équivalent d’une année d’équipement et de nourriture avant de les faire livrer par barge. Elle était étonnée qu’un livre de recettes ait été conçu pour les commandes par barge.

Elle était surprise par l’isolement des communautés, la noirceur et le vent violent du Nord, cet aquilon qui souffle sans cesse à son arrivée. L’humilité est une leçon que cette Franco-ontarienne a apprise en vivant aux T.N.-O.

« J’ai bâti des liens qui dureront le restant de mes jours depuis mon arrivée, même avec ceux qui ont quitté le Nord. Dans le passé, je m’impliquais beaucoup en faisant du bénévolat, de la radio et du théâtre. Aujourd’hui, j’essaie de développer un amour pour l’activité physique ». C’est d’ailleurs son obligation de se rendre à une partie de balle molle de classe « D » qui a mis un terme à notre entrevue. Sinon, nous nous serions sans doute retrouvés au gymnase pour lever des poids et haltères. Enfin, je réalise que notre interview divague encore sur les conversations que nous entretenons lorsque nous nous rencontrons à des fins amicales. Je songe à reformuler une question appropriée concernant la tâche que je dois remplir.

« Mais Roxanne, tu dois certainement connaître certains de tes clients avant de les rencontrer professionnellement ? »

« En effet, c’est inévitable lorsqu’on vit dans une communauté aussi petite que Yellowknife. Lorsque cela survient, je deviens très consciente de mon souci d’objectivité. Parfois je prends connaissance des problèmes de certains individus par le biais des médias avant même qu’ils se présentent dans mon bureau ».

« Lorsque je connais la personne, j’essaie de mettre de côté mes expériences et mes préjugés concernant la personne et je tente à tout prix d’être objective. Je demande toujours à mes patients s’ils sont mal à l’aise à cause de cette relation particulière ».

Roxanne affirme que certains patients choisissent parfois de consulter d’autres psychologues par l’intermédiaire d’un interprète, ou qu’ils préfèrent simplement se faire servir en anglais que dans leur langue maternelle. Pour elle, tout ce qui compte est que la qualité de vie mentale et spirituelle des patients s’améliore.

Elle ne travaille pas simplement avec des individus, mais également avec des couples en thérapie conjugale et des familles. À l’automne, elle se propose même de faire de la thérapie de groupe.

Toute personne ayant besoin de consultation ou d’information peut la rejoindre au numéro suivant à la clinique externe de santé mentale de l’hôpital régional Stanton : (867) 873-7042. Elle travaille également à son compte pour Northstar, mais n’a pas encore de numéro de téléphone. Roxanne se fera également un plaisir de vous donner le secret pour perdre 14 livres et vivre heureux et en bonne santé à 41 ans.