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le Vendredi 28 juillet 2000 0:00 | mis à jour le 8 mai 2025 14:24 Société

Un joueur d’accordéon égaré

Un joueur d’accordéon égaré
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En gesticulant, il raconte son parcours et dégage une énergie particulière. Roger Dallaire est un personnage théâtral. Francophone originaire de Saint Paul, en Alberta, il a étudié le théâtre physique dans une école internationale de Toronto en compagnie d’étudiants provenant de partout. « J’ai étudié en anglais, mais le théâtre physique est une langue internationale », explique Roger. Il a trempé dans le milieu artistique, parfois bien malgré lui. « À tous les Noëls j’avais beau faire la plus belle liste de cadeaux, ma mère n’achetait jamais ce qui se trouvait sur ma liste. À douze ans, j’avais demandé une voiture à commandes », se souvient-il. « J’ai eu un accordéon. Sur le coup, ce n’était pas le cadeau idéal, je ne pouvais pas en jouer ! Je bougonnais. Ma mère m’a dit : « Si tu n’apprends pas à jouer, je le prends et je le donne ». Les soirs avant de se coucher, il se mit donc à jouer Au clair de la lune.

Outre l’accordéon, Roger fait bien sûr du théâtre, du mime et il est également ventriloque. « Sur la scène, j’ai mon petit benoît (marionnette) », affirme Roger. « Lorsque je me produis sur scène, j’ai mon coffre, comme un magicien. J’aime vraiment beaucoup cet aspect-là : surprendre les spectateurs », ajoute Roger avec un air espiègle. « Depuis que je suis jeune, je prends le paquet de cigarettes de mon oncle sans qu’il ne s’en aperçoive », raconte-t-il en riant.

Roger n’en était pas à sa première visite aux T.N.-O., puisqu’il avait déjà visité la communauté de Hay River où son oncle Eugène réside. « Pierre (co-propriétaire du Frolic) m’a dit que Yellowknife, c’est la porte du Nord », souligne-t-il avec son bel accent. « Je ne sais pas comment ça se fait que je parle de même. Même les Acadiens me prennent pour un des leurs. Ça c’est du monde fier. Moi aussi je suis fier (d’être franco-albertain) », me dit-il au tout début de l’entrevue lorsque je lui demande d’où il est originaire.

Un de ses passe-temps lorsqu’il n’est pas sur la scène, devant son groupe d’élèves (puisqu’il est enseignant) ou en train de coordonner les activités du Centre éducatif du nord-est de l’Alberta, est « malheureusement la télévision ». « Je jure de ne jamais mettre une télévision dans ma maison. Même s’il n’y a rien de bon, je me force à la regarder. C’est une maladie », s’exclame Roger. « Les arts de la scène ont perdu en popularité. Dans le temps, on se visitait. Le temps que l’on avait, on le prenait pour jaser et chanter ensemble.

« Les gens en ont besoin pour se divertir. Adam et Ève allaient à la chasse. Je ne sais pas ce qu’ils faisaient après Š c’était bien de leurs affaires. Moi, j’ai comme mission de faire vivre certaines émotions à mon auditoire. Je suis là pour bouleverser cet auditoire pour lui faire voir plus large. Lui montrer des choses sur scène ». Il se défend toutefois d’être moralisateur. « Il y a une façon d’approcher les gens. On n’est pas à l’école. On ne dira pas : « Ne fumez pas, vos poumons vont mourir ». Selon Roger, il y a toujours une leçon, mais tout se passe dans l’inconscient.