Yellowknife est connu pour sa population dynamique et par l’esprit ouvert des gens qui y viennent le temps d’un contrat où le temps de tomber en amour avec l’endroit. Si, pour certains, l’amour rime avec toujours, pour d’autres, la vie est une rivière aux multiples embranchements qui les amènent partout.
Michèle et Michel Martel déménagent à Dieppe au Nouveau-Brunswick.« Ça fait deux fois que Michel me suit », avoue Michèle. Lorsque la petite famille a déménagé aux T.N.-O., c’était parce que maman avait obtenu un contrat de travail ici avec le réseau CBC.
« C’est de sa faute à elle si je vais manger du homard », dit Michel en riant. Ce chasseur de caribous envisage maintenant la chasse aux homards. «Les caribous doivent être soulagés. Je ne peux pas imaginer la chasse ailleurs au Canada. Les T.N.-O., c’est le paradis terrestre », poursuit le chasseur invétéré. «Je vais faire la chasse aux homards. »
Quant à la famille Chouinard-Bérubé, ils quittent leur premier nid d’amour pour aller dans la belle province à Québec. «Ici à tous les jours il y a quelque chose de beau pour celui qui veut ouvrir l’¦il », souligne Anne Bérubé.
«Je suis au stade où je pleure quand c’est la dernière fois que je fais quelque chose », s’exclame Anne. Le couple Bérubé-Chouinard est arrivé ici il y a treize ans. Après une visite éclair en janvier, ils ont le coup de foudre et décident d’emménager à Yellowknife pour quelques années. Lors de leur arrivée en voiture, à l’époque où la route menant à la capitale des T.N.-O. était en terre depuis la frontière entre les Territoires et l’Alberta, Anne chantait et souriait. « Pourquoi souris-tu alors que notre pare-brise est craqué », lui demande Sylvain. «Je sais où l’on s’en va », lui a gentiment répondu Anne.
«Aucune ville au Canada ne se compare à Yellowknife. Il n’y a pas d’esprit de clocher ici et on a des opportunités que l’on ne trouve pas ailleurs », souligne Anne. « Ici, nous sommes au royaume du soleil. C’est ici que se cache le soleil », poursuit-elle. « Tu peux t’enraciner assez profondément même si c’est de la roche », révèle Sylvain.
Et maintenant, la famille Chouinard-Bérubé se prépare elle aussi à vivre un grand changement. « Nous sommes maintenant prêts pour une deuxième vie. Notre première vie est ici. On a terminé l’université, on est déménagé, on a eu trois enfants, une première maison et deux chiens », raconte Anne. « Ça prenait vraiment une ville comme Québec pour implanter l’idée d’un départ », précise Sylvain. « Après 12 ans sur la ligne de front, dont huit à être de garde 24 h par jour, cela ne te donne pas vraiment la chance d’avoir des moments libres », précise-t-il.
Les deux familles évoquent aussi le volet éducation comme raison à leurs départs. « À Moncton, il y a une université en français », explique Michèle. « Nos trois enfants vont bientôt commencer leur secondaire et l’on préférait qu’ils reçoivent une éducation en français », indique Sylvain. Le couple Martel avoue toutefois qu’il sera beaucoup plus difficile de partir de Yellowknife que d’Ottawa, d’où il est arrivé en 1994. « Ce n’est pas évident. Plus on approche du départ, plus j’ai de la misère », admet Michèle.
« Ici, tu peux dire bonjour à un inconnu sans qu’il te regarde comme si tu venais d’une autre planète. Yellowknife, c’est petit et puis c’est accueillant. On allait faire un pique-nique sur une île et l’on revenait le soir. Je crois que l’on va retrouver la même affaire à Dieppe », soutient Michel. Les Martel comptent redescendre (eux aussi) en voiture histoire de voir du pays et de s’arrêter dans les Prairies. « Chaque Canadien devrait la faire (la traversée). C’est incroyable tout ce que l’on voit dans ce pays », s’émerveille Michel.
La famille Martel s’est beaucoup engagée dans l’éducation en français et la construction de l’école Allain St-Cyr. « J’ai pu assister à l’ouverture de l’école. Je ressens un sentiment de fierté en pensant à l’école. Je n’aurais jamais pu vivre cela ailleurs », affirme Michèle. Et le départ qui arrive à grands pas !
« C’est une étape dans la vie », souligne Michel Martel, avec un brin de philosophie, pendant que Michèle, tout près, demeure silencieuse.