Le Centre du patrimoine septentrional Prince de Galles exposera, à partir du 29 octobre, un artefact unique dont il a récemment fait l’acquisition : le Journal pour le Fort des Couteaux Jaunes.
Écrit sur de l’écorce de bouleau, le journal date de 1802 et permettra d’en découvrir un peu plus sur la vie des aventuriers qui ont survécu au rude climat du Grand Nord canadien. » C’est le plus rare objet exposé au musée. La découverte de ce journal, c’est une prise de conscience de la présence francophone et de l’héritage laissé par cette dernière « , affirme Erica Tesar, du Centre du patrimoine septentrional Prince de Galles. Le Journal pour le Fort des Couteaux Jaunes a été conservé par une famille d’antiquaires montréa-lais : Lotbinière Harwood.
En 1802
Employé par la Compagnie du Nord-Ouest, John Steinbruck est en poste au Fort des Couteaux Jaunes, situé près de l’actuelle communauté de Kakisa. Ce dernier, originaire de l’Allemagne, est d’abord un mercenaire venu combattre aux côtés des Britanniques lors de la Guerre d’indépendance des États-Unis. Par la suite, il immigre au Canada où il apprend le français. Ils sont nombreux à cette époque, les voyageurs qui établissent des postes de traite de fourrures dans le Grand Nord, en terre dénée. Partis de Montréal, ils pagaient sur des rivières aux eaux glacées et risquent leurs vies pour échanger des biens contre de précieuses fourrures, vendues au prix fort en Europe.
Les produits servant à l’échange ne sont pas encore arrivés au Fort du Lac des Esclaves, et John Steinbruck doit partir vers un autre poste sans ravitaillement. Même le papier vient à manquer. Un soir d’hiver 1802, il prend sa plume pour décrire, en français, ses activités quotidiennes sur de l’écorce de bouleau provenant d’une trousse de réparation de canot. Voici quelques extraits de son journal :
» Je ne pu pas sortire aujourdhui Car il faissez trop Froite pour mon équipage » – 17 décembre 1802
» Le chefre me envoyé huit queu de Castor. Je les demandez ce quil demandez pour. il a fait dir que quand il envoyez au Fort quil envoye toujour a mangé aux Traiteur Sens desein. » – 2 janvier 1803
» Nous avons mangé un carcachou Cet soir pas pour fair une régale mais pour menage la viant Pillez » – 6 janvier 1803
Le français était couramment utilisé à l’époque, et encore aujourd’hui, certains lieux portent le nom de ces Canadiens français qui sillonnaient le Grand Nord pour faire le commerce de la fourrure avec les peuples autochtones.