le Jeudi 8 mai 2025
le Vendredi 24 novembre 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Toundra, quand tu me prends dans tes bras ! Deux «francos» en ballade

Toundra, quand tu me prends dans tes bras ! Deux «francos» en ballade
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Partie en juillet rejoindre son copain, gardien de camp aux abords du Lac de Gras, elle a savouré la nature sauvage des Barrenlands en tête-à-tête, à l’exception du chien Arctic, de quelques grizzlis, d’oiseaux colorés, de renards, d’un troupeau de caribous… bref d’une faune et d’une flore étonnantes durant la saison estivale.

Paul Villeneuve a quitté Yellowknife le 30 mai dernier pour s’envoler à proximité de la mine Diavik, où il surveillait et protégeait un camp des visiteurs un peu trop curieux : les grizzlis et les loups ! « Durant le premier mois, j’ai vu toutes sortes de belles choses, mais je n’avais personne avec qui les partager », souligne Paul. Il partageait sa couche avec le chien Arctic, une des « méthodes gentilles » de Paul pour faire fuir les rôdeurs.

Du haut de ses deux pieds, le petit chien était à la fois le système d’alarme et le détecteur de mouvement du camp ! Il dormait aux côtés de Paul et prenait, sans gêne, la moitié du lit. Chaque journée consistait à visiter les installations, effectuer quelques réparations, et aller pêcher quelques poissons au Lac de Gras (300 km au nord de Yellowknife). « Le temps que j’ai passé là-haut va se rajouter à la fin de ma vie. Ça ne m’a pas fait vieillir d’avoir l’opportunité de pêcher ! », s’exclame Paul en riant. « Le temps n’existait plus, ni l’heure d’ailleurs », ajoute-t-il, sauf bien sûr pour le petit coup de téléphone qu’il devait effectuer entre 8 h et 8 h 30 chaque matin pour rassurer ses patrons. Oui, il était toujours en morceau et les grizzlis aussi d’ailleurs !

À son arrivée, Carole a fait la connaissance de Sore paw , le Grizzly à la cicatrice. « Je l’ai vu », dit-elle en bougeant sur le fauteuil. « C’est difficile à décrire, c’est impressionnant ! Un jour, un petit ourson est arrivé de nulle part. J’avais vraiment envie de prendre ce petit machin (dit avec l’accent suisse !) et de l’embrasser, mais bon », me raconte Carole en souriant.

Dure, la vie d’aventuriers dans la toundra ? « Les animaux sauvages arrivent d’un côté, repartent de l’autre. C’est la vraie liberté. Il n’y a personne autour qui t’emmerde, à part ton copain », lance Carole en me tapant un clin d’oeil pour regarder Paul, qui n’a apparemment rien entendu. « Même si parfois on manquait d’air et on étouffait, on attendait que ça passe », ajoute Carole qui avoue, en riant, que deux yeux de plus, ça aide à passer le temps ! Leurs journées étaient donc remplies par la pêche, la lecture, le tricot, la baignade (certaines journées, la température atteignait les + 20C) et par Star Trek Voyager, de 20 h à 21 h. Grâce à la technologie, ils avaient accès à la télévision et au téléphone via satellite.

De la Suisse, les parents de Carole pouvaient ainsi s’assurer que leur fille se portait bien tout en lui demandant : « qu’est ce que tu fous d’être encore plus au Nord que ça ! » « Il faut le vivre pour vraiment comprendre ! », leur répondait Carole.

« C’est vraiment exceptionnel de passer l’été dans la toundra. Elle éclate avec sa faune et sa flore : c’est un tourbillon de nature avec tous ces oiseaux qui passent », affirme Paul Villeneuve. Si les lecteurs du journal L’Aquilon ont la chance de faire l’expérience, « allez-y, dites oui ! », s’exclame le gardien de camp.