Né en France, à Paris, il a bourlingué sur les océans pendant sept ans avec ses parents, qui ont choisi de vivre sur un voilier avec leurs enfants. « Mes parents étaient anti-conformité, ils voulaient couper les ponts avec le monde, alors ils ont construit un voilier », raconte celui qui vient de mettre les pieds au Nunavut, à Iqaluit, dans l’espoir de trouver un travail.
« J’ai embarqué sur le voilier à sept ans et je suis débarqué à quatorze ans ! » Il étudiait par correspondance. « T’apprends à ton rythme. J’ai reperdu cela en allant à l’école ordinaire », raconte-t-il. Ses années passées sur le voilier lui ont appris à aimer la solitude. « Pouvoir dire que tu ne fais rien et ne pas te sentir coupable ! Même si tu ne produis pas quelque chose de palpable, tu t’enrichis toi-même en voyageant », lance Mathieu.
Le voilier était pour lui un environnement sécuritaire et comme il l’explique « si tu sors [du voilier] tu rencontres du nouveau monde ». Tellement sécuritaire que son petit frère, qui a appris à marcher sur l’embarcation, est tombé en faisant ses premiers pas : trop habitué à marcher avec la houle !
Le Canada, il en rêvait depuis l’âge de six ans. « Enfant, je vivais le trip coureur des bois. Moi, j’étais un Indien puis je courais les bois », s’exclame-t-il en riant. Alors, il est venu étudier la biologie. Il a travaillé au parc national Kouchibouguak. « Au parc, ils n’avaient pas besoin d’études sur les ours, mais plutôt sur les coyotes. Ce sont les animaux qui vivent en moi », avoue Mathieu, qui l’a découvert lors d’un swet lodge en compagnie d’autochtones.
D’ailleurs, des ours, il en a croisés plusieurs. « Des ours noirs, j’en rencontre, mais je sais qu’eux n’aiment pas me voir. Le plus proche que j’ai vu, il était vraiment proche, à 15 mètres. J’étais sur un barrage, il est apparu. Je lui ai dit : Oh, je suis là ! », lance Mathieu, en avouant que c’est l’ours qui a eu le plus peur.
Et les coyotes ? « C’est un animal magnifique, un mangeur de chevreuils et d’animaux domestiques. Il ne cesse de me surprendre », s’exclame Mathieu, en ajoutant que les coyotes vivant en milieu protégé mangeaient des fruits en été. Ce biologiste de terrain n’a pas fini de découvrir la faune nordique, s’il se trouve un emploi à Iqaluit où il est venu en répondant à l’appel d’amis. « Le Nord m’attire. J’aime repousser mes limites et ici, c’est la nature qui domine ! »
Dans 10 ans !
« J’espère que je me vois avec des enfants. J’aimerais vivre tranquille, dans le bois, de la pêche et de la trappe, en compagnie de quatre ou cinq familles », avoue Mathieu, tout en expliquant que sa petite voix intérieure lui dicte « de faire quelque chose pour le monde ! »
Mais, pour l’instant,il est « libre comme l’air et prêt à tout ce qui peut m’arriver de bien car la vie est belle ! » Qui sait, il prendra peut-être racines dans le Nord.