Cette nuit-là, ils étaient quelques dizaines à observer le combat et la poussière soulevée par les boules s’entrechoquant aux sons du violon de Réal Croteau et de l’accordéon de Roger Dallaire. Fort de ses 59 années d’expérience, Réal Croteau a manipulé l’archet de son violon et fait danser plusieurs spectateurs lors du tournoi de pétanque commémorant la prise de la Bastille, qui se déroulait au bistro bar Le Frolic, le 14 juillet dernier.
Le technicien de piano joue du violon depuis l’âge de neuf ans, et il en a 68 ! « C’est la musique qui me tient jeune », souligne celui qui est né à Fort Kent, dans le nord-est de l’Alberta d’un père originaire de la Beauce et d’une mère acadienne.
« Mon grand père paternel est allé au Klondike pendant sept ans pour tenter sa fortune vers la fin des années 1800 », raconte Réal. « Il a fait beaucoup d’argent, mais cela représentait bien des dépenses », ajoute-t-il, en se remémorant sa grand-mère, qui avait « le rêve de l’Ouest ».
Réal a donc vu le jour en Alberta avec ses trois frères et quatre s¦urs. « On disait 4 better (les garçons) and 4 worst (les filles) », lance à la blague celui qui a pris la relève de la ferme paternelle. Depuis, il ne cultive plus la ferme, mais exerce toujours son métier, accordeur de piano. « Je pensais me retirer, mais tant que je ne deviendrai pas sourd, je continuerai ! »
Sa passion pour la musique, il la partage avec sa femme, Carmen, professeur de piano. Pendant 25 ans, le couple a fait partie de l’orchestre Les Blés D’Or de Saint-Paul, un mélange de claquettes et de danses traditionnelles. Jusqu’en France, Réal et Carmen se sont trémoussés histoire de partager un brin de leur culture.
Tous deux francophones, ils ont élevé leurs trois filles en français. « Il y a un temps où ce n’est pas cool de parler français chez les jeunes, mais on a tenu notre bout. Il a fallu envoyer nos filles dans une école située à 12 kilomètres du village, où il y avait des cours de français », raconte Réal qui alla les reconduire à l’école pendant huit ans.
« Aujourd’hui, elles voient le sacrifice que l’on a fait et nos petits-enfants parlent français, un bon français », ajoute le fier grand papa qui vient de produire, à 68 ans, son premier CD de musique folklorique, Fascination. C’est cool comme disent ses petits-enfants ! A-t-il d’autres rêves à réaliser ? « Pas vraiment, je revivrais la vie que j’ai vécue si c’était à refaire. Sur la ferme, on a eu de la misère les premières années, mais je ne regrette rien de cela », s’exclame le violoniste qui avait pris un cours de technicien en piano pour arrondir les fins de mois à la ferme.
Ce qu’il souhaite en quelques mots : je veux continuer d’être en bonne santé, d’avoir une bonne retraite dans la musique !
Prêt pour une autre prise de la bastille Réal ?
« Si l’on m’invite, j’y serai ! »