Le développement du Grand Nord canadien fait figure d’espace contemporain dans l’histoire canadienne et le Musée canadien des civilisations à Hull veut donner une place à ces habitants dans sa reproduction du Wild Cat Café. Onze personnes ont prêté leur voix et leur témoignage pour l’exposition Vision septentrionale, qui veut recréer l’ambiance du lieu qui a été témoin du développement au nord du 60e parallèle.
Dès novembre prochain, les visiteurs du musée pourront entendre les histoires d’un pilote d’avion, d’un prospecteur et d’une aînée métisse. Même la serveuse du Wild Cat Café, Tracy Riley, livrera ses anecdotes aux clients de passage à Hull. L’équipée du musée, qui s’est déplacée à Yellowknife, composée de Marie Currie, planificatrice principale en interprétation et de l’historien et conservateur Chris Kitzan, n’a pu omettre d’archiver le témoignage du père René Fumeleau. Le politicien Tony Whitford s’est laissé prendre au jeu et prononce quelques mots en langue dénée sur bande sonore.
Ces récits de gens du Nord mettent l’accent sur les domaines du transport et des communications, de la motoneige à la radio à ondes courtes, en passant par la tradition orale des Premières nations. Marie Currie justifie l’angle de l’exposition en mentionnant que « l’ouverture vers le Nord, l’accès aux ressources naturelles et le rapprochement des communautés éparpillées sur le territoire ont été possibles grâce aux communications et au transport. »
La disposition du matériel auditif à l’intérieur du Wild Cat Café n’est pas encore déterminée, mais la planificatrice esquisse un plan provisoire. Les témoignages seraient accessibles par écouteurs, accompagnés d’une photo du narrateur. « On veut que les visiteurs s’assoient et écoutent ce que les gens ont à raconter », mentionne Marie Currie, qui renseigne également qu’au départ, c’est le véritable Wild Cat Café qu’on a voulu déménager en pièces détachées.
De tous les thèmes qui sont ressortis en entrevue, ce sont ceux de la vie traditionnelle des autochtones et des nouvelles technologies qui ont suscité le plus de réactions. « Il y avait cette nostalgie des traditions, comme par exemple les traîneaux à chiens », explique la planificatrice. « Une motoneige, ça va vite, mais il n’y a pas de problèmes mécaniques avec les chiens! »
Le portrait du Nord véhiculé à travers ces onze témoignages rencontre les prémisses qu’avaient les deux employés du Musée avant leur arrivée en sol ténois. « On voyait les gens du Nord comme des personnes prêtes à affronter un climat rude, le défi des distances, avec un goût pour l’aventure et un côté inventif et débrouillard. »
L’exposition Vision septentrionale est présentée dans le cadre de la rétrospective historique La Fête du Canada, qui retrace 1000 ans d’histoire. Au départ axé sur l’ensemble des régions boréales, le projet s’est concentré autour des Territoires du Nord-Ouest, qui abritent le Wild Cat Café. « Ça n’avait pas de bon sens de couvrir tout le Grand Nord, c’est trop vaste », explique Marie Currie. « Puisque nous avions déjà la reconstitution spécifique d’un lieu, nous avons misé sur ce lieu. » Le Musée canadien des civilisations, qui a le mandat national de représenter le Canada à travers ses différentes cultures, prévoit ouvrir au public Vision septentrionale le 1er novembre prochain. Cette exposition comprendra entre autres des artefacts comme une motoneige des années 1970 et une traîne sauvage. La reproduction d’une station temporaire de radio à ondes courtes sera jouxtée au Wild Cat Café.