le Dimanche 4 mai 2025
le Vendredi 15 mars 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

« Je ne connais que les miracles » Journée international de la femme

« Je ne connais que les miracles » Journée international de la femme
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L’assistance, presque entièrement féminine, a salué l’excellence de cinq femmes du Nord et les figures politiques l’ont inscrite sur cinq bijoux sculptés dans le même bois d’orignal. Le Conseil sur la condition de la femme a perpétué la tradition et a souligné le travail méritoire de femmes engagées dans leur communauté à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

« Je ne connais que les miracles ». Cette phrase, Suzette Montreuil, l’une des récipiendaires du prix Femme d’action remis à l’Assemblée législative, l’a prononcé à la toute fin de son allocution. Ses propos sur la situation du monde, des femmes et de l’égalité étaient chargés d’émotions. Sur les dernières syllabes, sa voix a flanché. « Je voulais dire qu’il faut avoir de l’espoir quand les conditions ne donnent pas d’espoir ». Pour la femme politisée de 39 ans, même si les conditions actuelles la désolent, l’œil brille à la pensée de ses homologues honorées lors de cette journée.

Elle a déridé le public

Menue et frêle, Elisabeth Greenland, d’Inuvik, a insisté sur le courage, la force. « Vous me rendez plus forte » a-t-elle répété à plusieurs reprises, démentant ceux qui croient qu’à 81 ans, il est temps de prendre sa retraite. Elle enseigne la danse aux enfants, elle raconte des histoires, elle essaie de garder la langue Gwich’in vivante. « Je vous encourage à rire, à raconter des histoires qui sont drôles. N’arrêtez jamais de parler aux enfants », a-t-elle mentionné au bout d’un long monologue sur le regard qu’elle porte sur la vie.

Laura Tobac, de Ford Good Hope, Terry Villeneuve, de Fort Simpson et Jane Dragon, de Forth Smith ont souligné la place des femmes d’aujourd’hui. L’émancipation passe par tous les chemins pour ces femmes d’exemple. Que ce soit dans les cercles de guérison, à travers le véhicule de la langue, dans l’expression artistique et l’enseignement des traditions, la cuisine et les sports, la voix des femmes connaît une multitude de chemins. « Ce qui m’a frappé, c’est de voir toutes ces façons de faire et de constater que le Conseil sur la condition de la femme puisse reconnaître ces différents visages de la sagesse », a commenté Suzette Montreuil.

La francophone de Yellow-knife, dont la critique constructive sur les politiques sociales et économiques a été soulignée par la députée de Range Lake, Sandy Lee, a insisté sur le besoin pour les femmes de se positionner dans les plus hauts gradins décisionnels. « C’est plus difficile pour les femmes de cheminer dans ces échelons-là, car il y a un manque de reconnaissance », a exprimé la lauréate, ajoutant que la violence familiale, l’égalité des salaires et l’accessibilité aux programmes sociaux sont autant de point de repères qui indiquent que la femme se frappe encore à des portes closes.

Suzette Montreuil vit à Yellowknife depuis 1986. Elle a travaillé comme ergothérapeute à l’hôpital Stanton et s’est engagée dans la francophonie, entre autres à titre de présidente de la Garderie Plein-Soleil et de représentante de la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français. Elle est, depuis 2000, commissaire de la Commission scolaire francophone de division. Son rôle de co-présidente de la coalition pour la justice sociale Alternative North fait d’elle une des figures de proue de l’engagement social dans le Nord.