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le Vendredi 5 avril 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

La fierté d’être Métis Portrait du Nord – Roger Mandeville

La fierté d’être Métis Portrait du Nord – Roger Mandeville
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Vous reconnaîtrez facilement Roger Mandeville, que ce soit dans les rues de Yellowknife, ou dans son village natal, Fort Smith. Sous son chapeau à plumes d’aigle, il cache toute la fierté de sa culture métisse. Arborant les symboles de sa nation de ses éperons traditionnels à sa ceinture perlée, il porte le dur destin des siens. Il est difficile de résumer sa vie en quelques lignes tellement celle-ci est remplie de rencontres et de changements. Dans tout le Canada, il a fait plusieurs métiers, travaillant dans les mines et les forêts. Aujourd’hui, dans la lignée traditionnelle de sa culture, il est ébéniste à Yellowknife.

Avec son accent typique, il lui fera plaisir de vous entretenir longuement sur l’histoire de son peuple.

« Les Métis sont icitte depuis des siècles. Ils travaillaient dans la traite des fourrures avant que les villes commencent à se construire. Aujourd’hui, par exemple, il doit y avoir les trois quarts des aborigènes qui sont rattachés de près ou de loin à ma famille, les Mandeville, dans les Territoires. J’ai des cousins et des grands-oncles partout icitte. »

Bien que la plupart des Métis aujourd’hui ne parlent plus couramment le français, Roger affirme qu’il peut encore l’utiliser souvent avec des amis dans les communautés autochtones. Mais attention ! Il ne s’agit pas du français « des blancs », mais bien celui des Métis, qu’ils appellent le « michif ».

« Le michif, c’est un genre de jargonnage de français mélangé avec des mots indiens. On parle en joual, mais avec des mots indiens. C’est comme ça que ma mère me parlait, pis c’est comme ça que les Métis se parlaient dans mon jeune temps. »

Sans plus attendre, Roger se tourne vers la foule du restaurant où nous étions atablés et se met à parler avec d’autres Métis dans ce langage fascinant. Ce n’est pas le seul héritage métis que Roger porte fièrement en lui. Dans sa jeunesse, ses parents lui ont appris les manières de son peuple, issues du mélange entre voyageurs et autochtones. Par exemple, il peut construire un canot de ses mains « sans aucun clou », il fabrique ses propres couteaux et calumets, il connaît les plantes qui pourront le soigner dans le bois et il se rappelle les meilleures recettes de sa mère. « Du castor cuit dans sept eaux… C’est pas battable. »

Demandez-lui son âge, il vous répondra avec une pointe d’humour : « Pas mal plus vieux que toué mon jeune. » Roger garde ses secrets et ne répondra pas à toutes vos questions. C’est sa façon de vous inviter à revenir le voir écouter des histoires fascinantes, les siennes et celles de sa nation.