Le Symposium Back to the Futur 2002 débutait le lundi 17 juin dernier avec presque tous les leaders des T.N.-O. depuis Stuart Hodgson, jusqu’à Stephen Kakfwi.
Poignées de main et accolades, le Grand hall de l’Assemblée législative a pris des allures de retrouvailles d’anciens étudiants de collège, le lundi 17 juin dernier, pour le premier panel de discussion du Symposium Back to the Futur 2002. Au menu de la soirée, les changements survenus aux Territoires du Nord-Ouest, principalement au point de vue démocratie.
Étaient assis à l’avant, Stuart Hodgson, commissaire des T.N.-O. de 1967 à 1979, John Parker, qui a pris la relève de 1980 à 1984, George Braden, leader de 1980 à 1984, Richard Nerysoo, qui a suivi en 1984 et 1985, Nick Sibbeston, leader de 1985 à 1987, Dennis Patterson, qui a pris la relève de 1987 à 1991, Jim Antoine, premier ministre de 1998 à 2000 et Stephen Kakfwi, qui occupe cette fonction depuis janvier 2000. Les seuls absents étaient les anciens premiers ministres Nellie Cournoyea et Don Morin.
MM. Antoine et Kakfwi étaient de farouches opposants à la construction du pipeline dans la vallée du Mackenzie dans les années 1970. Bien entendu, l’animatrice de la soirée, Nancy Cooper, n’a pas manqué de leur faire remarquer. L’actuel premier ministre a alors signifié que c’est la rencontre de tous les chefs autochtones et métis, s’étant tenue à Fort Liard, au début de son mandat, qui l’a convaincu d’appuyer le projet et de travailler à sa réalisation.
Parlant de l’évolution des Territoires du Nord-Ouest depuis le dépôt du rapport de la Commission Berger en 1977, les différents intervenants ont tenté d’établir les points tournants de l’histoire ténoise. La découverte du diamant, l’établissement d’un gouvernement responsable et la création du Nunavut n’ont pas manqué d’être mentionnés.
Pour Stephen Kakfwi, Jim Antoine et Richard Nerysoo, la commission Berger a permis de prendre « la longue route pour faire reconnaître les droits des Autochtones ». « Certains ont dit que nous étions un jeune groupe de radicaux, mais une chance que c’était le cas! M. Berger et le gouvernement fédéral nous ont donné un forum, même s’ils n’aimaient pas toujours ce qu’ils entendaient», a ajouté M. Nerysoo. « Nous avions cru que nous allions créer un pays, a lancé l’un des avocats engagés par la Commission Berger, le Sud a encore à apprendre des gens du Nord. Les Autochtones ne voulaient pas d’un musée, il voulaient vivre avec leurs coutumes dans une région distincte ».
Quant à l’avenir, les leaders actuels le laisse entre les mains des jeunes. Pour Stephen Kakfwi et Jim Antoine, l’environnement et la mondialisation seront les enjeux qui les préoccuperont. Une jeune Autochtone se trouvant dans la salle est d’ailleurs intervenue pour mentionner qu’elle sera à Kananaskis pour manifester lors de la rencontre du G8. « Je suis préoccupée par l’industrie du pétrole et du gaz naturel. Ce sont eux qui détruisent notre planète, notre environnement. Je ne veux pas de ça pour mes enfants », a-t-elle mentionné.
Thomas Berger parle
Sans entrer dans une analyse approfondie des conséquences de son enquête, Thomas Berger a relaté, le lendemain, l’époque de la Commission royale d’enquête qui porte son nom. Celui-ci a fait le tour des communautés des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, pour connaître l’opinion des gens sur le projet de pipeline qui était proposé à l’époque.
M. Berger dit avoir vite réalisé qu’il s’agissait de beaucoup plus qu’une simple question de construction d’un pipeline. « Il y avait la crise de l’énergie, les enjeux environnementaux, les revendications territoriales des Dénés et des Inuvialuits, la question du futur du Nord », se rappelle-t-il. C’est pourquoi il mentionne avoir fait débloquer les fonds pour donner le temps aux Autochtones et aux groupes environnementaux de se préparer pour les audiences publiques qui se sont tenues de 1975 à 1977.
« L’enquête a aussi ouvert les yeux des gens du Sud en ce qui a trait aux questions du Nord », de mentionner M. Berger, qui a entendu près de 900 septentrionaux en 21 mois et près de 300 experts sur tous les sujets qui touchaient le développement du pipeline proposé.
Plusieurs années se sont écoulées depuis la publication du rapport intitulé « Le Nord : terre lointaine, terre ancestrale ». Pourtant, le juge Berger continue d’en entendre parler souvent. « Plusieurs consultations publiques, à travers le monde, utilisent la même méthodologie. Le premier rapport a d’ailleurs été un best-seller durant quelques mois », ajoute-t-il.
Le rapport de Thomas Berger recommandait d’attendre que le dossier des revendications territoriales des Autochtones du Nord soit réglé avant de procéder à la construction d’un pipeline dans la vallée du Mackenzie. « J’avais dit que ça prendrait environ 10 ans… », de rappeler M. Berger. L’autre recommandation était de ne jamais construire de pipeline dans le Nord du Yukon, là où migre le troupeau de caribous Porcupine. « En faisant la tournée des communautés, j’ai vu que le troupeau était essentiel aux Autochtones des deux côtés de la frontière.
Aujourd’hui, la zone est devenue un parc national et est pratiquement protégée par la Constitution », d’analyser celui qui avait été nommé par le ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada de l’époque, Jean Chrétien.