De la trentaine de cadets ayant pagayé pendant dix jours sur la rivière Yellowknife, cinq étaient francophones et provenaient du Québec. À les entendre raconter leur voyage à leur retour, l’expédition de 210 kilomètres a été toute une expérience. Mais le défi était tout de même de taille.
Ils sont arrivés à Yellowknife à la fin du mois d’août. Après quelques jours d’entraînement aux abords de l’Ingraham Trail, c’était le grand jour. Les jeunes prenaient l’avion pour se rendre à leur point de départ, tout près de la limite des arbres, sur la rivière Yellowknife.
« Quand on nous a dit que l’échange était aux Territoires du Nord-Ouest, on s’attendait à avoir de la neige, mais il n’y en avait pas. Nous étions vraiment dépaysés et ce n’était pas ce à quoi nous nous attendions. En réalité, on ne savait pas dans quoi on s’était embarqué et aussitôt que nous sommes arrivés, ils nous ont emmenés dans un chalet super loin où il n’y avait pas d’eau et pas d’électricité », raconte Marie-Pier Paquette de La Patrie, au Québec.
« Quand nous sommes descendus de l’avion, à Yellowknife, on nous a dit que nous avions une heure pour nous préparer et nous sommes partis. Je m’attendais à ce que l’on fasse de l’escalade, de la randonnée pédestre et du canot. Mais non ! C’était dix jours de canot intensif », de poursuivre Marie-Pier Roy-Brodeur, aussi de La Patrie. De plus, la première journée de camp d’entraînement s’est déroulée sous la pluie. « On se demandait si ça allait être comme ça pendant les deux semaines. À ce moment-là, c’était la panique et on regrettait de s’être embarqués », de poursuivre Marie-Pier Paquette.
En fait, le camp d’entraînement d’une durée de quelques jours, servait principalement d’introduction au canot. Les cadets y ont appris les différentes techniques de rame en eau vive, tout comme le sauvetage en cas de chute à l’eau.
Pour les instructeurs ayant accompagné les cadets dans l’expédition, la sécurité était la priorité numéro un. « Nous étions chacun en charge d’un groupe. L’idée était de développer une technique pour que les cadets se guident eux-mêmes. Qu’ils puissent utiliser leur carte et boussole et qu’ils utilisent les bons coups de pagaie », d’expliquer le Capitaine Maryse Larocque, instructrice.
Pour elle aussi, le défi était de taille. « Pour moi, la principale difficulté a été les longues heures. C’étaient de longues journées, on ramait pendant dix à douze heures par jour. Il y a eu beaucoup de rapides, notamment dans la section du canyon, qui nous a pris deux journées et demie à traverser », poursuit-elle.
Son collègue, Michael Paulin, se souviendra principalement des nombreux portages. « Il y avait des immenses portages sans aucun sentier. Donc, il fallait les faire nous-mêmes », dit-il. « Les portages pouvaient durer jusqu’à deux ou trois heures », de poursuivre Marie-Pier Roy-Brodeur. Souvent les canots contenaient jusqu’à 300 livres de vivres et d’équipement, si bien que des rapides normalement praticables ne l’étaient plus à cause du poids du chargement.
Bien entendu, le fait d’être dans le Grand Nord restera marqué dans les souvenirs de ces jeunes. Ceux-ci ont eu l’occasion d’observer les aurores boréales et quelques-uns ont même eu la chance d’apercevoir un ours.
Forte de quinze années d’expérience en expédition de canot, Maryse Larocque a réalisé un rêve en effectuant une expédition dans le Nord. Pour elle, c’est la solitude et l’isolement qui font la grande différence, lorsque l’on compare avec les expéditions dans le Sud. « En Ontario ou au Québec, si on fait une rivière de dix jours, on rencontre des gens au moins deux ou trois fois. On voit des avions, on passera près d’une route ou d’un train. Ici, on ne voit absolument rien. C’est vraiment isolé », dit-elle.
Et ces jeunes, seraient-ils prêts à se réengager dans une expédition du genre ? « Peut-être pas dans une semaine, mais l’année prochaine, je le referais ! », de répondre Marie-Pier Paquette.
Maryse Larocque a noté l’apprentissage qu’ont vécu ces jeunes. « Des petites choses nous ont empêché d’arriver au but ultime de compléter les 210 km, mais il s’agit tout de même d’un grand accomplissement. Les jeunes ont grandi et vieilli à vue d’œil. Tous les jours, nous voyions une progression personnelle avec les cadets et c’était notre but. On veut aider les jeunes à prendre de la maturitéet de l’expérience et à se découv rir et c’est certain que ça a été accompli », conclut-elle