le Lundi 5 mai 2025
le Vendredi 26 septembre 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

L’amour du Nord

L’amour du Nord
00:00 00:00

« Je me souviens qu’à neuf ou dix ans, je disais à ma mère que lorsque je serai grande, je travaillerais chez les Esquimaux », se souvient la nouvelle adjointe administrative de la Fédération Franco-TéNOise, Diane Fortin.

Le rêve de Diane s’est réalisé. L’année dernière, elle est allée travailler à Kuujjuak, dans le Nord du Québec, pendant sept mois. « Quand je suis revenue à Montréal, une fois mon contrat terminé, je m’ennuyais vraiment du Nord et je me suis mise à faire d’autres recherches pour y retourner. C’est par hasard que j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit qu’il avait vu quelque chose dans le journal. En fouillant, j’ai su qu’on recherchait une personne comme moi à Yellowknife », raconte-t-elle.

Mais Yellowknife n’est pas Kuujjuak. « Pour moi, c’est le jour et la nuit. Ici, c’est la ville dans le Nord. Là-bas, c’est vraiment le Nord. Il n’y a que 2000 habitants, dont 1500 sont des Inuits. Tu n’entends presque pas parler français, seulement l’inuktituk. Il n’y a qu’un endroit où tu peux aller manger le vendredi soir, et c’est l’auberge. La pharmacie est dans l’hôpital et c’est seulement ouvert de 9 h à 17 h. Même sur l’heure du midi, c’est fermé. C’est vraiment un très petit village où tout le monde se connaît. Quand tu vas à l’épicerie, c’est aussi la quincaillerie, la papeterie, le magasin de vêtements. C’est en quelque sorte un magasin général ».

À Kuujjuak, il a fallu qu’elle fasse les efforts nécessaires pour se faire accepter. « C’est une grosse famille, mais en tant que blanc, tu es vraiment un étranger. Il faut donc que tu fasses ta place, mais en douceur. Ici, c’est vraiment une ville nord-américaine », poursuit Diane.

Ce constat a d’ailleurs provoqué une certaine déception chez elle. « En arrivant, j’étais déçue de voir les édifices. Ma première réaction a été qu’il faut que j’en sorte ». C’est la vieille ville de Yellowknife et la possibilité de se retrouver en pleine nature après seulement quelques minutes de conduite qui ont réconcilié Diane avec la capitale ténoise.

Le projet de la francophonie constitue aussi une raison de rester pour Diane Fortin. Cette ancienne militante s’est battue pour les droits des francophones dans l’Ouest de l’île de Montréal, dans les années 1970. « On a réussi à avoir notre cégep francophone et à franciser l’Ouest de l’île, en quelque sorte », dit-elle.

« Le gouvernement s’est engagé à offrir des services en français à la grandeur du Canada, alors qu’il livre la marchandise maintenant. Je n’ai peut-être pas la fougue d’il y a 20 ans, mais je veux travailler pour que les francophones aient leur place à l’extérieur du Québec. Il ne s’agit pas de franciser les TNO, mais que les francophones puissent garder leur culture hors-Québec », de lancer celle qui a déjà été engagée en politique provinciale et municipale.

Lorsqu’on lui demande de nous parler de ses passions, il devient évident que Diane Fortin est quelqu’un qui mord dans la vie. « J’ai trop de passions ! Je peux marcher des heures dans la toundra. Dernièrement, je suis allée en canot. Je ne le ferais pas pendant des heures, mais simplement pour aller m’asseoir sur un rocher en plein milieu du lac. J’aime beaucoup l’astronomie, les sciences, la médecine. J’ai déjà été journaliste pigiste, simplement pour le plaisir de le faire ».

Mme Fortin se qualifie de dilettante. Elle fait les choses pour le simple plaisir de les faire. Elle adore la solitude autant qu’être entourée d’amis. Son petit plaisir de la vie : « J’aime bien partir tôt le matin, quand tout le monde est encore couché. J’ai alors l’impression que la nature m’appartient ».