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le Vendredi 7 novembre 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Définir le guichet unique

Définir le guichet unique
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Randy Boissonnault, de la firme Conroy Ross, a été chargé par le Conseil fédéral des TNO, d’étudier le concept de ce que pourrait être un guichet unique pour les services du gouvernement fédéral à Yellowknife. Le Conseil est une entité formée des gestionnaires des différents ministères fédéraux présents aux Territoires du Nord-Ouest.

« Chaque province ou territoire a un conseil de hauts fonctionnaires. Ces gens se regroupent une fois par année et ils ont un plan stratégique à mettre en œuvre et, essentiellement, ils voient à faciliter les communications et à travailler de façon horizontale pour avoir un impact et des renseignements sur le Nord et agissent de façon concertée quand ils ont des choses à communiquer », explique Lise Picard, gestionnaire au ministère du Patrimoine canadien pour la région du Nord.

C’est d’ailleurs le ministère du Patrimoine canadien qui a soulevé l’idée du guichet unique, bilingue, pour les services fédéraux à Yellowknife. « Pour l’instant, la vision que nous avons est d’établir un centre qui serait facilement accessible et où l’on retrouverait les différents ministères qui donnent des services au grand public. On parle de formulaires, de services directs d’intervention ou d’avoir accès à un ordinateur dans lequel seraient regroupés tous les services fédéraux. Par exemple, ça pourrait s’appliquer pour certains entrepreneurs, s’ils doivent visiter plusieurs ministères pour obtenir un contrat ou pour faire avancer un projet », de poursuivre Mme Picard.

Randy Boissonnault dit avoir décelé le besoin pour ce genre de guichet lorsqu’il a rencontré les représentants des associations francophones, tout comme les représentants de différents secteurs de la société, comme les jeunes ou les Autochtones. Selon lui, plusieurs tendances semblent s’installer au cours des rencontres. « On parle des services, nécessitant un déplacement, dont les gens ont besoin. Ensuite, on discute de la possibilité de créer le guichet unique, notamment au chapitre de la sécurité. Enfin, il y a la formation des gens à travers tous les ministères pour créer un amalgame de services. »

Du côté de la communauté francophone, on désire que le guichet unique soit installé dans le futur centre culturel et communautaire. Randy Boissonnault dit avoir reçu ce son de cloche au cours de la rencontre avec les associations francophones. De son côté, Lise Picard ajoute un bémol. « Dans le contexte actuel, alors qu’on a la certitude qu’un édifice fédéral sera construit en 2005, la recommandation du Conseil fédéral est de placer le guichet unique dans cet édifice. Ceci étant dit, il est compris que la gestion du guichet unique se fera selon un cadre d’évaluation, puisque maintenant, tout projet fédéral doit avoir un cadre d’évaluation où l’on devra évaluer la pertinence du site du guichet unique ».

Mme Picard a d’ailleurs annoncé que le Conseil fédéral vient de recevoir 29 000 dollars du Fonds de l’innovation pour les langues officielles, issu du Plan Dion, et de 25 000 dollars du Fonds de stimulation de l’innovation par l’apprentissage. « Cet argent servira à faire avancer le projet autant que possible, à tous les niveaux. On parle de trouver un local, du personnel, des descriptions de tâche, du matériel, et de la façon de rendre le centre opérationnel », dit-elle, ajoutant que l’objectif est que le centre soit en fonction avant 2005.

Quant à lui, le coordonnateur à la mise sur pied d’un Centre culturel et communautaire, Michel Lefebvre, y va de suppositions. « Si on dit que les fonds sont disponibles, j’imagine que ce doit être pour le 1er avril 2004, puisque le gouvernement voudra commencer avec un exercice financier. Je pense que le gouvernement canadien veut avoir un endroit central où les gens peuvent aller chercher des services le plus vite possible. Il sera obligé de trouver un local pour offrir les services jusqu’à ce qu’il aille soit dans le centre communautaire, soit dans l’édifice fédéral ».

Pour Michel Lefebvre, les expériences du Manitoba et de l’Alberta parlent d’elles-mêmes. « Il y a quatre guichets uniques au Manitoba et ils sont tous situés en milieu francophone. Donc, il est certain que les guichets uniques sont là pour favoriser les minorités de langues officielles. Par exemple, en Alberta, il y a eu un projet de guichet unique qui a connu un succès mitigé. Ce projet n’était pas situé en communauté francophone », de mentionner celui qui compte sur le ministère du Patrimoine canadien pour sensibiliser le Conseil fédéral sur le sujet. « Patrimoine canadien est un allié », poursuit Michel Lefebvre

Quant aux services en français, plusieurs avenues pourraient être explorées, disent Lise Picard et Randy Boissonnault. « La vision que nous avons, c’est que nous pourrons répondre aux besoins de services en français », dit Lise Picard. Dans le cas de services requis qui sont très spécialisés et sur lesquels aucun fonctionnaire bilingue n’est en mesure de répondre, la gestionnaire du ministère du Patrimoine canadien pour le Nord parle du recours à un interprète. « Supposons que l’on a une question très pointue sur une sorte de poisson, par exemple, et que le seul spécialiste en ville est unilingue anglophone. À ce moment-là, on aura un interprète pour aider à obtenir une réponse », ajoute Lise Picard.

De son côté, Randy Boissonnault songe à l’embauche d’employés de base, qui seraient épaulés par d’autres employés de différents ministères fédéraux qui viendraient passer une période prédéterminée au Centre. « Il est possible qu’un ministère en particulier prête l’un de ses employés pour une demi-journée, par exemple », d’élaborer le consultant.

Le rapport de M. Boissonnault est attendu d’ici trois semaines. Ce dernier entend y faire un résumé des différentes discussions tenues dans la capitale ténoise au cours de la semaine et y inclure quels services pourraient y être livrés. « Il y a une distinction entre trois niveaux de services. Il y a les services d’intervention, alors qu’on le reçoit directement. Ensuite, il y aurait le niveau de service de référence, alors que l’on n’est pas capable de livrer le service sur place, mais que l’on vous guide vers quelqu’un qui peut le faire. Enfin, on retrouve le niveau d’information. Ce sont les dépliants, les informations et ce type de choses ».

« Je ferai une analyse de ces trois niveaux de services, et ensuite, les recommandations. On parlera des options pour le modèle de financement, comment former et recruter le personnel et je pense qu’avec ça, on pourra entreprendre les prochaines étapes avec le gouvernement fédéral », de conclure Randy Boissonnault.